L'Homme est sur une mauvaise pente. La Terre ne peut plus supporter ses excès et n'est plus habitable. Le projet Genesis (Genèse, pour ceux du fond qui ne suivent pas) vise à mener des expéditions pour trouver une planète habitable. Seulement, l'espace demeure hostile et les espèces qui le peuplent dangereuses. Pour parvenir à sauver l'Humanité, il faudra à la fois être soldat, généticien et architecte. Rien que ça !

Une ambiance horrifique

La direction artistique a été sans aucun doute influencée par les oeuvres de Ridley Scott. Vous avez beau être capable de faire des sauts dans l'espace et d'y voyager presque comme en avion, le matériel semble tout droit issu des archives russes des années 70. Les moniteurs sont épais, le métal partout et les teintes dominantes bien tristes. Dans le domaine du jeu vidéo, l'autre influence qui vient immédiatement à l'esprit pour rendre cette ambiance est cette de Fallout.

L'habillage audio vient appuyer ces surfaces froides et sans âme. Les sonorités sont dysharmonieuses et mettent très souvent mal à l'aise. On est pas à Disneyland. Cela se sait. Cette ambiance étouffante et dérangeante vaut également pour les escapades que vous aurez à faire sur les différentes planètes. Tout est extraterrestre au sens premier du terme, à commencer par les autochtones. Ici encore, on trouve référence à des Aliens que Scott n'aurait pas reniés. De salles petites bêtes toutes en crocs et en griffes.

Même les humanoïdes que vous pourrez croiser mettent mal à l'aise. On ne voit pas leur visage, il restent en scaphandre, déshumanisant ainsi totalement leur rencontre. Ils sont d'ailleurs hostiles s'ils ne font pas partie de votre équipage. Genesis : Alpha One réussit à avoir une vraie personnalité. Certes, on est très loin d'un Harvest Moon (qui présente d'étonnantes similitudes en matière de principes de jeu) , mais cette atmosphère fascine car elle est capable de créer une émotion et une adhésion du joueur.

Les architectes de l'espace

Une partie commence invariablement de la même façon : il faut placer les éléments indispensables au voyage spatial. Le pont principal sera le point d'ancrage de départ de tous les modules suivants, ainsi que le centre de commande pour la navigation. La serre produira l'oxygène ou les autres éléments nécessaires à la vie (nous y reviendrons plus tard). Le rayon tracteur pourra récupérer des matières premières nécessaires à l'élaboration d'autres modules et améliorations. Les quartiers sont indispensables pour héberger l'équipage et lui permettre de se soigner lorsque des maladies se développent. Une fois ces éléments de base disposés en fonction de leurs noeuds de raccordement, la partie peut commencer.

Il s'agira ensuite d'ajouter de nouveaux éléments au fur et à mesure pour gérer ce qui ressemble plus à une station spatiale qu'à un vaisseau. Les modules peuvent s'échelonner sur plusieurs étages et se chevaucher. En plus du casse-tête imposé par les points d'ancrage invariables, il faut aussi penser à la sécurité et à l'efficacité. Les couloirs et les ascenseurs sont considérés comme des zones faibles pouvant laisser entrer des intrus (les pirates n'hésitent pas une seule seconde s'ils sont à proximité). Les différentes réserves ne doivent pas être trop éloignées des stations de raffinage et du vaisseau de collecte afin d'éviter aux robots de transport d'avoir des trajets trop longs.

Partie après partie, et grâce aux conseils distillés au fil de la progression, vous deviendrez un architecte plus avisé. Les capacités de stockage des ressources devront faire l'objet d'une attention soutenue, afin de ne rien gaspiller qui puisse être utile plus loin dans l'aventure. Cette évolution des capacités de la station pendant les parties ramène à un autre Rogue-like bien connu : Faster Than Light.

Les guerriers de l'espace

Genesis : Alpha One se vit à la première personne. Cela augmente l'immersion mais le rapproche aussi du style FPS. Que ce soit dans le vaisseau ou sur les planètes, tout se gère à travers les yeux de l'équipage. Le joueur n'incarne pas un avatar précis. S'il vient à mourir, un nouveau capitaine est automatiquement désigné. L'équipage représente ainsi le nombre de vies qu'il reste avant une fin de partie.

Et croyez moi, vous allez mourir souvent dans les premières parties. Rogue-like oblige, c'est par l'erreur qu'on apprend et qu'on s'améliore. De la frustration naîtra ainsi le plaisir de pouvoir aller toujours plus loin... Avant de se prendre à nouveau une baffe. Les développements de défenses (tourelles, barrières) et la fabrication de munitions passe par le module d'atelier. Selon la faction que vous aurez choisi au lancement, vous pourrez notamment avoir des facilités en armurerie. Ce sera très utile, tant il faut jouer régulièrement de la gâchette.

Ces phases FPS sont les bienvenues pour dynamiser le gameplay et éviter de s'enliser dans son atmosphère glauque. Elles sont cependant sans grandes surprises et vous mettent face à des adversaires à l'intelligence artificielle très stéréotypée (ils ne sont pas toujours faciles à battre pour autant).

Les généticiens de l'espace

Au fil des parties et des objectifs qui sont atteints, vous serez capables de débloquer de nouvelles améliorations et de nouvelles factions avec chacune ses avantages. Certaines possèdent plus de matériaux de base pour commencer une partie, d'autres sont versés sur l'armement. De plus, quatre bonus, eux aussi à débloquer dans une liste, sont activables.

Rapidement, on réalise qu'il va falloir passer des dizaines de parties et d'heures afin de pouvoir découvrir non seulement toutes les astuces du jeu, mais également toutes les solutions aux problèmes posés. La serre, par exemple, doit accueillir des plantes pour créer une atmosphère respirable aux humains, mais aussi aux autres espèces qu'il sera possible de cloner avec des caractéristiques modifiables. Sachant que les plantes sont une denrée rare et ne se trouvent pas sur toutes les planètes, il faut à la fois avoir l'opportunité de les utiliser, mais également l'intelligence de développement pour que le clone y soit adapté.

Gérer, planifier, c'est une partie importante du jeu qui est heureusement permise la plupart du temps dans Genesis. Les actions du joueur sont valorisées lorsqu'il les réalise lui-même en accélérant généralement le processus. Lorsqu'il accompagne une équipe avec le récolteur (un vaisseau pour se poser sur les planètes), il est certain de ne pas ramener de bestioles clandestines à bord. Autrement, s'il se contente d'envoyer une équipe, il y a toujours des parasites qui ne rêvent que de détruire les éléments du vaisseau. Il faut alors partir en campagne de dératisation. En désignant assez de personnel à la raffinerie, il sera certain de ne pas avoir des réserves de matériaux bruts qui débordent pour garder de la marge de stockage dans les hangars afin de construire au bon moment. Il s'agit de garder un équilibre en toutes choses.

Débrouilles-toi tout seul !

Les principaux défauts de Genesis sont liés à un manque de raffinage d'éléments de gameplay. Par exemple, il n'est jamais nécessaire de placer des ouvriers à l'armurerie pour fabriquer ce que vous avez demandé. Il est bien plus simple de le faire soi-même en 5 secondes. Du coup, demander au joueur de faire une commande, puis de se tourner vers la console pour le "fabriquer" devient absurde. Autant lui donner sa commande de suite. De la même manière, ne demandez pas à un membre d'équipage de s'occuper d'une fonction qui serait vacante et utile. Sans ordre, il reste inactif dans sa zone.

Ce n'est pas la même chose lorsqu'on exige d'une équipe de tracter des débris pendant que l'on part en mission de ramassage sur une planète. Même chose concernant le raffinage, qui peut être continu en puisant justement sur les réserves réalisées pendant les escapade. Ainsi, certains modules gardent un mécanisme de commande et de fabrication alors que ce couple n'a pas lieu d'être (quand vous avez besoin de munitions, c'est tout de suite, pas l'heure d'après).

Lorsqu'une partie se termine, une véritable astuce pourrait également guider le joueur. On sait que le design du vaisseau influe sur les risques d'abordage et la sécurité de l'ensemble. Mais ce n'est jamais expliqué clairement. C'est dommage, d'autant plus que les gens de Radiation Blue se sont donnés du mal pour garnir le jeu de nombreux éléments de méta-histoire et de vidéos, pour enrichir l'univers sur le PDA virtuel du joueur.

Genesis : Alpha One est un chouette Rogue-like avec un univers à la personnalité bien affirmée. De ce fait, il ne correspondra peut être pas aux attentes de tous, mais il sera parfait pour ceux qui ont envie de se frotter à un challenge qui nécessite un investissement sérieux.