Ce qui est sûr, c'est que le scénario ne vous entortillera pas les neurones. Vous êtes un flic de Hong Kong brisé, en quête de vengeance, décidé à bousiller une organisation mafieuse des pieds à la tête. Les quelques vidéos mal compressées et sans paroles ainsi que les cut-scenes minimalistes laissent comprendre, dans un anglais souvent approximatif, que vous êtes soupçonnés d'avoir perpétré plusieurs boucheries avant de vous retrouver au poste. Et que vos indics, dont un patron de bar qui évoquera normalement quelque chose aux cinéphiles, vous ont bien rencardé. C'est léger, mal foutu. Et c'est sûr que pour un jeu qui se veut un Heroic Bloodshed - genre de films d'action très influent auquel John Woo, Johnnie To et Ringo Lam ont donné ses lettres de noblesse - vidéoludique, ça commence assez mal.

Dur Bouilli

Reste qu'une première salve de niveaux (sur 35 en tout) écoulée, on oublierait presque ce désagrément. C'est que The Hong Kong Massacre, qui se présente comme un Hotline Miami dans l'ex-colonie britannique, en 1992, passerait assez rapidement pour un Stranglehold vu du dessus. Lâché à l'entrée d'une zone qui vous est inconnue, vous n'avez qu'un objectif : tuer tous les gangsters présents. Vous commencez à avancer et à peine avez-vous aperçu un ennemi que celui-ci vous envoie au cimetière. Retour rapide à la case départ, et vous parvenez à l'occire. Mais ce que vous n'aviez pas remarqué, c'est que l'autre présent à l'écran vous a immédiatement repéré à travers le store. Et buté. Les ennemis ont connaissance de votre présence à 360° et si aucun obstacle ne se dresse, vous devenez une cible immédiate. Sachant qu'une balle vous fume, l'ampleur de la tâche paraît insurmontable.

Les sticks aux aguets pour viser correctement, vous comprenez que la clef réside dans la précision, la rapidité d'exécution et le mouvement. En vue de ne pas voir votre tension crever le plafond à cause des réflexes surhumains des antagonistes armés jusqu'aux dents - et sur les cadavres desquels vous pouvez récupérer de quoi flinguer encore plus longtemps - vous bénéficiez de deux aides non négligeables assignées à deux touches. La première est une esquive. Enclenchez-la et vous voyez votre avatar effectuer une acrobatie ou une glissade tout en profitant d'une petite invincibilité. De quoi dézinguer avec style. Histoire de faciliter encore plus les échauffourées et de rendre les chorégraphies encore plus savoureuses, un bullet time peut se voir appelé en renfort. Je ne l'apprendrai à personne : les ralentis et les galipettes se marient à merveille avec les vitres et portes qui explosent et les effusions de sang.

Die and Re...Triades

Une fois que la machine est lancée, on se voit mal arrêter. On progresse sensiblement bien, on meurt relativement souvent, en insultant des génitrices innocentes - pardon à elles -, on planifie la trajectoire parfaite, on soupire de soulagement sur la slow motion qui honore la dernière victime du stage. Devenir une machine à flinguer, un Chow Yun-Fat du pad, cela a quelque chose de grisant. Le rendu des restaurants, boîtes de nuits, entrepôts et toits qui terminent en ruines et les différentes boucles de musiques entre trip-hop, électro et funk aident à apprécier. Beaucoup.

S'il ne peinait pas à se montrer lisible sous ses nombreux effets de lumière et ses tons pas toujours assez distincts, on dirait que le jeu vise son chargeur dans le mille. Et lorsque l'on rencontre son premier Boss, on imagine que les développeurs connaissent un peu les standards. Séparés par un mur, le joueur et son adversaire vont se canarder en avançant jusqu'à atteindre une dernière pièce - grouillots en plus de votre côté pour pimenter le tour. Excellente idée qui ravira les connaisseurs. Il est simplement dommage que celle-ci soit réemployée pour les 4 autres boss.

Juste héros

C'est là le plus terrible problème de The Hong Kong Massacre : il ne se renouvelle à aucun moment. La seule véritable nouveauté, introduite vers le quatrième "chapitre" ? Des adversaires équipés de gilets qu'il faut toucher deux fois au lieu d'une. Le reste, bien qu'entraînant, ne varie jamais. Pas de mécaniques nouvelles, seules quatre armes proposées (gun, fusil à pompe, pistolet-mitrailleuse et fusil d'assaut), chacune ayant ses avantages et inconvénients dont on peut améliorer le rendement, la cadence ou le stockage... Et c'est tout.

Pour les speedrunners et les joueurs désireux de démontrer leur adresse, le fun sera au rendez-vous. Les trois objectifs secondaires de chaque zone (battre un certain temps, n'user que d'une balle par ennemi et ne pas lancer le ralenti) laissent à penser qu'il y a du boulot. Reste que le simple attrait des classement en ligne ne fait pas oublier qu'un soupçon de variété pour un jeu déjà suffisamment aride n'aurait pas été du luxe. Peut-être la prochaine fois ? Un tel potentiel mérite d'être exploité avec plus de moyens...