Enchaînant erreur sur erreur, dépassé dans chaque duel, NBA Live aurait mérité par le passé de prendre six fautes et de ne plus poser un pied sur le parquet. Sa côte pour combler son retard face au grand rival, 2K, était encore plus raide qu'un étudiant en école de commerce le jeudi soir. Un poncif qui se conjuguait à l'imparfait tellement le MVP de Visual Concepts a déçu ces derniers temps (scénario alambiqué, micro-transactions intempestives) quand dans le même temps, EA Sports préparait son retour en force. Face au monstre des parquets, NBA Live 19 se devait donc de proposer quelque chose de différent : une alternative décalée, moins prise de tête, plus spectaculaire, tout en conservant un niveau d'authenticité supérieur à la moyenne.

Work in Progress

Cette attente a pris forme sur le rectangle en bois puisqu'il ne faudra que quelques minutes pour apprivoiser les coups les plus élémentaires du basket. Mais cette prise en main accessible, très intuitive, ne doit pas camoufler la volonté du studio de gagner en réalisme et en fluidité. Pour éviter les actions qui se terminent systématiquement par un dunk XXL ou un lay-up des familles, EA Sports a étoffé la palette de mouvements disponibles. Les possibilités offensives et défensives, à travailler dans un mode Practice très complet, ont été décuplées sans pour autant rivaliser avec la diversité de son concurrent. Comme dans le volet précédent, le système de dribble de NBA Live 19 repose sur l'usage du stick droit. Celui-ci est plus précis, ce qui est également le cas de la jauge de tir, qui demeure moins frustrante que dans les jeux siglés 2K. On se plait donc à progresser rapidement sans passer des heures à suer à l'entrainement. Réside néanmoins un côté scripté bien embêtant puisqu'on a parfois l'impression de ne pas toujours contrôler ce que l'on fait. Les shoots "au petit bonheur la chance" sont encore légions et notre exigence sacrifiée sur l'autel du show...

A l'instar de ses autres licences (FIFA, Madden), EA Sports a fait appel au Real Player Motion afin de rendre les actions aussi réalistes que possible. Les animations sont moins robotiques qu'avant, la physique de balle plus cohérente (ça flotte encore un peu façon ballon de plage) et les déplacements fidèles à ce que l'on peut voir sur le parquet. En revanche, l'intelligence artificielle demeure encore perfectible, autant dans les phases d'attaque avec des coéquipiers qui ne proposent que peu de solutions, que durant les systèmes défensifs où certains joueurs sont aussi paumés que Nicolas Hulot à l'Elysée. Si certains pesteront contre le fait que chaque athlète a la même gestuelle, quelque soit son poste ou son gabarit, il est bon de souligner qu'ils peuvent désormais interagir avec l'environnement en plein match, haranguant le public après un tir au buzzer ou vannant ses copains du banc. Comme quoi, son travail d'immersion a payé cet été, même si le fun prend très vite le dessus.

Gloire à l'art de rue

Cet appel au fun se propage dans tous les modes de jeux, aussi divers que bien ficelés. Le curseur a été pointé sur le côté streetball et la personnalisation de l'expérience. On choisit un poste, un style via un arbre de compétences, et une "icône" pour modeler le jeu de son avatar, qui possède ainsi des caractéristiques uniques. Pour l'améliorer, on doit débloquer des "traits" en remportant des matches dans les différents modes de jeux et non pas via un système de micro-transactions... Un système façon RPG qui offre une profondeur intéressante et ouvre des horizons tactiques selon le basket que l'on souhaite développer. Plus concrètement, on promènera notre personnage sur tous les terrains, lui décrochant des récompenses uniques (textile, accessoires, joueurs), selon les challenges accomplis.

On délaissera assez vite le mode carrière, efficace mais très classique dans sa mise en scène (le coup de l'Elu qui prend une année sabbatique après le lycée et se reconstruit pour avoir une chance d'être drafté), et le mode franchise (recréer et gérer une équipe de A à Z), vu et revu dans toutes les simulations sportives dignes de ce nom, pour des terres moins conventionnelles. Car, là, où NBA Live 19 joue les "franchise player", c'est lorsqu'il pratique l'art de rue. En 3v3 ou en 5v5, les possibilités sont multiples avec ce fil conducteur de la progression au mérite qui nous tient en haleine. D'autant que l'ambiance "streetball" diffère selon les playgrounds choisis et rend le tour du monde en ballon agréable. Ce côté addictif se ressent également dans le mode "Court Battles", principale nouveauté de cet opus, où l'on peut créer de A à Z son terrain, fixer ses propres règles de jeu et composer son crew. A vous de faire de votre fief un bastion imprenable !

Sur la bonne voie

Si NBA 2K ne laisse aucune chance à son concurrent depuis de nombreuses années, c'est toujours appréciable de voir qu'EA ne baisse pas les bras pour réduire l'écart. D'autant que le rendu graphique n'est pas vilain (textures propres, modélisation réussie, habillage ESPN), et ce même en l'absence du moteur Frosbite, réservé aux franchises de luxe, FIFA et Madden NFL et à leurs aventures scénarisées. Une marge de progression conséquente qui concerne également la bande sonore (playlist excellente versus commentaires désobligeants) et l'entrée en scène du basket féminin, limitée aux seules exhibitions. Dommage car NBA Live 19 aurait encore plus renforcé son côté décalé en allant au bout de ses idées. Rendez-vous à la prochaine Draft !