Comme pour marquer à la fois un retour aux sources et un nouveau départ, le nouveau Prince of Persia ne porte aucun sous-titre. Pas de quoi nous déstabiliser pour autant... contrairement aux premiers pas dans l'aventure ! Cet opus commence en effet par marquer sa différence avec un héros surprenant... pour ne pas dire déroutant. On nous avait habitué à un personnage principal propre sur lui, discret, classe et infaillible, et on se retrouve ici avec une espèce de voleur crado, arrogant et rigolard, qui ne perd pas une occasion pour lancer une petite vanne lourdingue, un peu à la manière d'un héros de film d'action américain ! Houlaaa... On fait comme un pas de sécurité en arrière, juste après s'être approché de l'écran en écarquillant les yeux, tout émerveillé qu'on est par la nouvelle réalisation à base de cel-shading. Car oui, le nouveau look de Prince of Persia est tout de même une réussite totale...

Royalement beau !

Autant le dire clairement : graphiquement, c'est magnifique. L'image offre un rendu bande dessinée du plus bel effet, et l'ensemble est accompagné de très jolis effets d'ombre et de lumière, de fumée... Cette réussite esthétique est aussi due à un univers riche en paysages aussi beaux que variés, au goût sûr, à tel point que progresser devient vite un petit bonheur contemplatif très entraînant. La progression, justement, se fait elle aussi très différemment dans cet opus. En gros, on nous offre cette fois un terrain de jeu assez énorme divisé en quatre régions, toutes liées les unes aux autres, sans coupure, et qu'on abordera exactement dans l'ordre voulu. Ordre qui sera tout de même déterminé par les choix du joueur sur les différents pouvoirs spéciaux à débloquer au fil de l'aventure. Le but du jeu, ensuite, se résume à libérer chaque zone du voile noir de la "corruption", de les faire passer de l'ombre à la lumière et ainsi les libérer une à une, ce qui ne manquera pas à chaque fois de nous rappeler, avec un bel effet à la clef, l'illustre Okami.

Game Over is over

ICO pourrait être une autre belle référence à citer, car le nouveau Prince est accompagné durant toute l'aventure d'une jeune femme, Elika, qui le suivra comme son ombre. Bien loin d'être un "boulet" pour autant (mais non, je n'insulte pas Yorda !), Elika sera au contraire la bonne fée du héros, puisque ses pouvoir magiques lui permettront de ne jamais faillir, tout simplement. Un saut mal calculé ? Une chute mortelle en perspective ? Que nenni ! La belle vous rattrape toujours au vol et vous repose tranquillement sur la précédente plate-forme, en sécurité. Le Game Over est tout simplement banni ! Idem lors des combats : impossible de trépasser, Elika est toujours là pour nous sauver in extremis. Au pire, l'ennemi regagnera un peu de vie, et il faudra repartir à l'assaut aussi souvent que nécessaire pour en venir finalement à bout. Ce choix des développeurs est franchement déroutant, impossible de le nier. Il dérange et remue notre logique de gamer, c'est étrange. Et pourtant il s'explique assez bien et finit par se laisser oublier, voire à se faire apprécier... Un peu comme cette toute nouvelle personnalité du héros, dont je vous parlais plus haut.

Le ballet du Prince

Car globalement la formule a du corps, et elle se laisse apprécier notamment grâce aux bonnes sensations qu'elle procure... Le gameplay est évidemment toujours basé sur cette progression par l'escalade et l'acrobatie, et les "niveaux" sont construits comme des successions de plateformes qu'on enchaîne en sautant, en courant sur les murs, en s'agrippant à des colonnes, etc. Pas de grand changement à ce niveau-là, mais une qualité impressionnante dans les animations, dans la jouabilité (simplifiée au maximum encore une fois) et dans la conception des niveaux... A tel point que jouer à Prince of Persia devient vite un pur bonheur pour tous nos sens de gamers. Se déplacer rapidement dans un univers chatoyant, sans interruption, avec une telle classe dans les mouvements, ça a vraiment quelque chose de jubilatoire, et c'est sans conteste la plus grande réussite du jeu. Ce constat est également valable pour les scènes de combat, toujours en un contre un, mais incroyablement dynamiques et "cinématiques". Le "ballet" continue donc durant les affrontements, via un système de combos une fois de plus très simples à exécuter, mais tellement classieux !

N'est pas le Roi qui veut

Pour le reste, cette nouvelle aventure n'est pas non plus dénuée de petites déceptions. D'abord le manque de challenge évident, qui pourra en rebuter certains. Le jeu est facile, et se "laisse jouer" sans contrarier, en continu. C'est avant tout un parti-pris, il faut en être bien conscient et accepter d'être assisté à outrance. Ensuite, la formule peut s'avérer répétitive. Le concept de jeu est simpliste, il faut à chaque fois refaire les niveaux une deuxième fois pour récolter des orbes... Bref, s'il est parfait dans l'exécution, il reste finalement assez monotone dans le fond. D'autant que les pouvoirs à débloquer sont tous plus ou moins similaires et n'apportent pas grand chose, finalement. Enfin, et surtout, le scénario ne décolle jamais, lui non plus.

Au final, Prince of Persia me fait un peu penser à un autre jeu récemment testé : Mirror's Edge... Il a en effet des tas de bonnes choses à offrir, en termes de sensations de jeu, mais pour peu qu'on accepte quelques petits défauts en échange ! Des défauts qui pourraient être rédhibitoires pour certains, mais à titre purement personnel, je ne me résoudrais pas à vous le déconseiller pour autant. J'ai tripé, tout simplement !