Republication de notre test import du 2 avril 2018

À quelques détails près, la version occidentale de Fist of the North Star : Lost Paradise est identique à la version japonaise. Ces détails méritent cependant d'être donnés. Le plus important, c'est que le jeu n'est pas censuré. Le liquide noir qui faisait office de sang dans la version japonaise a laissé sa place à de l'hémoglobine bien rouge. Autre détail, cette version occidentale donne le choix au joueur entre le doublage en Anglais et le doublage original en Japonais. Et à l'instar de tous les Yakuza sortis depuis Yakuza 2, Fist of the North Star : Lost Paradise n'est pas sous-titré en Français.

Romain Mahut


Ci-dessous une mise à jour de notre test import originel réalisé à l'époque à partir d'une version import japonaise fournie par notre partenaire nin-nin-game.com


Au cours des dix dernières années, la licence Yakuza a eu le droit à plusieurs spin-offs sans lien avec la série et l'histoire principales allant du jeu de Samurai au jeu de zombies. Elle n'avait cependant jamais servi de socle à un jeu inspiré d'un manga/anime. C'est pourquoi l'annonce de Hokuto ga Gotoku (le titre japonais de Fist of the North Star : Lost Paradise) en août 2017 avait surpris aussi bien les fans de Yakuza que ceux de Hokuto no Ken. Un jeu Ken le Survivant reprenant la structure d'un Yakuza, il fallait y penser. Pourtant, une fois le jeu lancé, le mariage semble couler de source. Et ce, même si comme dans la plupart des mariages, tout n'est pas toujours rose.

J'me bats pour le futur, quelle aventure

Fist of the North Star : Lost Paradise se déroule en 199X. Errant dans le désert à la recherche de sa bien aimée Yuria, Kenshirô, ou Ken pour les intimes, finit par être mis au courant d'une rumeur affirmant que Yuria est en fait bien vivante et qu'elle se trouve dans une ville du nom de Eden. Avec son amour comme seule motivation Ken va traverser la nature hostile pour trouver cette mystérieuse ville. Une fois aux portes d'Eden, il découvre une ville fortifiée relativement épargnée par le cataclysme nucléaire qui a frappé la planète entière. Et bien évidemment, ce n'est que le début des ennuis pour le héros.

Le scénario n'étant pas une redite exacte de l'histoire originale de Ken le Survivant, il convient de ne pas rentrer dans les détails pour permettre aux joueurs du jeu de découvrir l'intrigue par eux-mêmes. Sachez simplement qu'en plus de mettre en scène des personnages bien connus de la série, le jeu introduit également de nouveaux protagonistes et propose, comme dans tout bon Yakuza qui se respecte, plusieurs dizaines de quêtes annexes aux tons allant du très sérieux au complètement décalé. Si certains puristes regretteront l'absence d'une narration respectant à la lettre l'histoire originale, la map du jeu en "petit monde ouvert" reprise des Yakuza classiques fait que le choix effectué par les scénaristes et designers du jeu ne choque pas. Et pour une licence aussi connue que celle de Hokuto no Ken, il est toujours agréable d'avoir le droit à des intrigues inédites (même si certains passages reprennent des points bien connus de la mythologie officielle). Quant aux fans de Yakuza qui ne connaissent pas du tout Ken le Survivant, le plaisir de la découverte est total. À noter que, malheureusement, les sous-titres en Français sont une fois encore absents. S'il est possible de traverser le jeu sans parler Anglais, cela ne permet pas d'en profiter pleinement.

Tu le sais déjà, mais c'est comme un Yakuza

Même si l'univers de Hokuto no Ken est totalement différent de celui de Yakuza, il apparaît très vite que les deux licences sont totalement compatibles et que le système de jeu d'un Yakuza fonctionne très bien une fois transposé sur les mésaventures de Ken. Fist of the North Star : Lost Paradise progresse comme n'importe quel autre jeu Yakuza. L'aventure se déroule dans un petit monde ouvert constitué de plusieurs quartiers. Et lorsque l'intrigue le nécessite, il arrive également que l'accès à certaines zones soit limité temporairement ou que le joueur soit transporté dans un autre lieu le temps d'une séquence. Là où le jeu se démarque de ses prédécesseurs, c'est qu'il dispose également d'une zone désertique qu'il est nécessaire de traverser en buggy. Mais malheureusement, le pilotage de ce dernier n'est pas assez agréable pour rendre ces passages plaisants (à noter tout de même qu'il est possible d'améliorer son buggy avec des pièces récupérées à droite à gauche à l'instar du système de crafting d'équipement et d'armes vu dans plusieurs jeux Yakuza).

Comme indiqué plus haut, Fist of the North Star : Lost Paradise ne se contente pas de proposer une intrigue principale. Yakuza-like oblige, il propose également de prendre part à de nombreuses quêtes et activités annexes plus ou moins sérieuses. Kenshirô peut devenir barman (mini-jeu qui exploite les fonctionnalités de la DualShock 4), gérant de bar à hôtesses (dans une version modifiée de l'activité vue dans Yakuza 0 ou plus récemment dans Yakuza Kiwami 2), guérisseur, marchand, chasseur de primes ou encore joueur de baseball (les battes sont remplacées par des poutres et les balles par des motards, normal). Comme toujours dans les Yakuza, ces activités sont amusantes et peuvent assez facilement détourner de la quête principale. Les joueurs de Yakuza remarqueront par ailleurs que certains mini-jeux (comme les jeux de casino ou les vieux jeux d'arcade SEGA) sont de simples copier-coller de ceux vus dans différents épisodes de Yakuza.

Tout n'est que luxe calme et volupté

Du côté des combats, les développeurs ont là aussi repris les bases du gameplay et du système de progression vus dans les Yakuza. Il ne s'agit cependant pas d'une simple redite. Les choses ont été adaptées pour coller au mieux au style de combat de Ken et à son Hokuto Shinken. Ken gagne de l'expérience en éliminant des ennemis et en terminant des quêtes annexes. Lorsqu'il monte en niveau, il débloque des orbes qui peuvent ensuite être utilisées pour débloquer de nouvelles compétences, techniques ou pour tout simplement améliorer ses statistiques. À noter également qu'il est possible de débloquer des "invocations" de personnages célèbres de la série au fur et à mesure de l'aventure. Ces dernières, qui ont un effet temporaire et qui doivent se recharger pendant plusieurs dizaines de minutes (lorsqu'elles ne sont pas améliorées), ont des effets variés (élimination immédiate de plusieurs ennemis, augmentation de la défense, etc.).

Il apparaît très rapidement que Ken ne se bat pas comme Kazuma Kiryu. Il utilise ses techniques mortelles du Hokuto Shinken et peut également envoyer ses ennemis en l'air puis les enchaîner pour qu'ils ne retouchent jamais le sol. La barre de Heat vue dans les Yakuza est remplacée ici par un schéma des cicatrices de Ken. Lorsque les différentes cicatrices sont allumées, Ken peut passer en mode enragé et faire beaucoup plus de dégâts (par l'intermédiaire de techniques inaccessibles autrement par exemple). Les développeurs ont bien fait les choses et ont réussi à rendre le gameplay de Yakuza adapté à Hokuto no Ken. Et il faut bien admettre que voir Ken faire littéralement exploser ses ennemis comme dans la série est plutôt jouissif (et encore plus lorsqu'une fois le timing maîtrisé le joueur enchaîne les attaques immédiatement mortelles). D'autant plus que cette version occidentale n'est, contrairement à la version japonaise, pas censurée. La violence et le gore sont ici complètement exacerbés.

Hokuto rouillé

La partie technique est certainement celle où Fist of the North Star : Lost Paradise s'en sort le moins bien. Les développeurs du Ryu Ga Gotoku Studio ont en effet fait le choix curieux d'utiliser le même moteur que celui de Yakuza 0 et Yakuza Kiwami (des jeux sortis sur PS3 et PS4) plutôt que d'exploiter son Dragon Engine (utilisé dans Yakuza 6 et Yakuza Kiwami 2) beaucoup plus récent et donc plus avancé. Officiellement, ce choix a été expliqué par la plus grande facilité à obtenir un rendu proche du manga avec l'ancien moteur. Mais dans les faits, les joueurs (et ce sont principalement les fans de Yakuza qui le remarqueront) se retrouvent à nouveau avec de nombreux murs invisibles et des temps de chargement à chaque entrée/sortie d'un bâtiment. Après avoir joué à Yakuza 6 et Kiwami 2, cela fait un peu bizarre de se retrouver face à un tel retour en arrière. De plus, il faut avouer que certains endroits, comme la zone désertique hors d'Eden, peuvent être bien vilains.

Cela étant dit, l'utilisation de l'ancien moteur confère malgré tout à Fist of the North Star : Lost Paradise un petit avantage face à Yakuza 6 et Kiwami 2. En effet, les aventures de Ken tournent en 60 images par seconde tandis que le dernier acte de la saga Kazuma Kiryu devait quant à lui se contenter de 30 images par seconde. C'est déjà ça. D'une manière générale, Fist of the North Star : Lost Paradise donne l'impression d'avoir eu un budget bien moins important que celui dont bénéficient les différents épisodes de Yakuza.

Comme un goût de Yakuza sur les ondes

Plutôt que d'engager de nouveaux comédiens ou de faire appel aux doubleurs originaux de la série, les développeurs ont décidé de faire appel aux comédiens qui doublent les personnages des jeux Yakuza. Un moyen fort de rappeler qu'il s'agit bien d'un spin-off de Yakuza. Si cette décision peut surprendre, il faut bien admettre que la mayonnaise prend très bien. Takaya Kuroda, voix de Kazuma Kiryu depuis le tout premier Yakuza, campe de manière extrêmement convaincante le personnage de Kenshirô. Et cette remarque s'applique aux autres personnages vus dans le jeu (comme Kazuhiro Yamaji, Makoto Date dans Yakuza et Rihaku dans Fist of the North Star : Lost Paradise). Et pour ceux qui le souhaitent, cette version occidentale du jeu propose un doublage en Anglais.

Les fans de Yakuza qui choisissent de jouer avec les voix japonaises, en plus de reconnaître immédiatement les voix des comédiens historiques de la licence créée par Toshihiro Nagoshi, ne manqueront pas de souligner que certaines musiques du jeu, entendues dans les commerces ou dans le casino par exemple, ont été recyclées de jeux Yakuza. Même si ce n'est au fond pas très grave car elles ne sont pas mauvaises, cela fait un peu solution de facilité. Et il aurait également été appréciable que les musiques de la série ne soient pas réservées à la seule édition Premium japonaise du jeu. Il n'aurait également pas été de refus qu'un plus grand nombre de pistes soient disponibles lors des phases en buggy (avec tout le respect que l'on doit aux musiques de Super Monkey Ball et Binary Domain présentes dans le jeu).