"Il fait noir. Complètement noir. J'ai une torche, c'est plutôt rassurant. Sur le papier en tout cas, parce que là, maintenant tout de suite, plutôt crever que de l'allumer. Pour être plus exact, l'allumer, c'est crever ! Parce que là, dans l'ombre, se cache une sorcière, une witch. Elle pleure doucement, fait des petits cris. Cette saloperie me terrorise. Si je la dérange avec ma lumière, je termine en steak tartare. Si je continue à avancer à l'aveuglette, je vais tourner en rond 1000 ans dans ce lieu qui risque d'être ma tombe. Superbe endroit pour mourir que ce garage souterrain froid et humide cela dit. Mes trois compagnons doivent être ravis d'y terminer leurs jours. Leurs corps gisent à mes pieds. Inertes et un peu mastiqués. "Restons groupés", ce n'était pourtant pas compliqué à comprendre. Bordel."

L'art et la manière

Left 4 Dead réussi l'exploit de vous plonger en quelques minutes dans l'ambiance des meilleurs films d'horreur. Toutes les techniques du genre y passent : musiques et bruitages distillés avec justesse pour vous maintenir en stress permanent, couloirs sombres, munitions un poil limitées, alternance du rythme de l'action... Tout est millimétré, maîtrisé, avec une justesse qui m'a étonné. Mais évitons toute tromperie sur la marchandise : s'il est possible de jouer à Left 4 Dead en solo, avec 3 partenaires gérés par l'IA de manière assez correcte, il est évident que ce titre est totalement orienté multijoueurs. Les 4 scénarios divisés en 4 chapitres, tous accessibles séparément pour varier les plaisirs (et ce, dès le début) sont là pour votre entraînement. Ils constituent 8 heures de jeux max et vous permettront de vous familiariser avec les cartes que vous arpenterez aussi en multi. C'est tout, et c'est déjà pas mal. Mais le plat de résistance est ailleurs.

La vie, cette chose si fragile

En réseau, avec trois potes, des micros et le casque sur les oreilles, L4D devient jouissif. Jouer en pur coopératif donne au jeu une dimension supplémentaire. "Comme d'habitude" répondront les amateurs du genre. Oui, mais non. Car ici, tout est prévu pour vous accueillir comme il se doit, pauvres fous. Le but est simple, survivre : aller d'un point sécurisé à un autre et éventuellement sauver votre peau. Mais les emplacements des méchants changent, et surtout l'IA qui gère tout ça vous obligera à toujours avancer. Si vous lambinez trop, paf, des hordes de zombies supplémentaires viendront vous coller la pression. Bref, il faut improviser à chaque partie. Et c'est très efficace ! Vos 4 héros, présentés sur une affiche de série Z pendant les chargements (qui change en fonction de la map), sont des stéréotypes de victimes de film d'horreur, et les ennemis ne sont pas non plus d'une originalité folle. Mais le tout fonctionne admirablement bien.

Le feu, c'est la vie !

Pour combattre, vous aurez accès à quelques armes, relativement peu nombreuses et classiques : fusil à pompe, d'assaut, de chasse avec lunette, Uzi, et flingues aux munitions infinies pour avoir une chance en cas de gros pépin. Les sensations de puissance sont parfaites, le pompe déchiquette les portes en bois et les zombies qui sont derrière, le fusil de chasse propulse en arrière vos proies, c'est du bon boulot. En plus de tout ça, trousse de soin, pilules antidouleur et autres bombes et cocktails Molotov vous aideront à tenir ou à faire le ménage. Ces derniers sont d'une valeur inestimable pour faire flamber une zone et contenir une vague de zombies. Il ne faut pas oublier d'utiliser le décor : on y trouve des bonbonnes de gaz très pratiques pour faire exploser les importuns par exemple. Et c'est aussi chez les survivants que le coop' est le plus prononcé : des alertes à l'écran préviennent quand un pote se fait attraper, coincer, etc. On peut soigner ses amis, et au pire, les retrouver prisonniers plus loin dans le niveau s'ils sont morts en court de route. Une manière élégante de gérer ce petit "problème" de décès.

Zombies united !

Mais le coop', c'est encore mieux contre... d'autres personnes en chair et en os ! C'est ce qui est proposé dans le meilleur mode du jeu, le Versus. Ici, toujours quatre joueurs survivants, mais cette fois, ils vont affronter des humains qui incarnent les "super zombies", déjà très pénibles en solo ou coop' normal. Le tout en plus de la horde de zombies "de base", évidemment. On trouve du gros qui vomit sur ses victimes pour déclencher l'arrivée d'une vague supplémentaire de morts-vivants, du fourbe qui saute de très loin pour vous lacérer au sol, du pénible qui vous attrape à 2 bornes avec la langue pour vous étrangler peinard dans un coin, etc. On ne choisit pas sa "race", c'est aléatoire à chaque respawn, mais très fun. Et si vous avez de la chance, vous serez au bout d'un moment le MEGA zombie, le Tank. Un paquet de muscles hypertrophiés difficile à abattre et qui cogne très fort. On réapparaît où l'on veut à condition d'être hors de vue des survivants, et le système de vue à travers les murs, permet de savoir qui prépare quoi comme attaque... et de voir vos proies !

Le paradis de la putréfaction

L4D est sans conteste une grande réussite, une des meilleures surprises de 2008. C'est fun, c'est bien réalisé, la 3D est très propre et malgré la résolution de la Xbox 360, logiquement bien inférieure à celles des PC, tout est pensé pour que ça ne soit pas un problème. Vautré dans le canap', on profite parfaitement de l'action. À condition de supporter de jouer à un FPS aussi nerveux au pad, ce qui pour moi est loin d'être évident. L'autre plus gros pépin, c'est que ce titre coûte 70 euros sur la Xboite. C'est beaucoup trop cher quand on sait que la qualité de service sera bien moindre que celle disponible sur PC. Et du coup, le jeu perd une étoile au passage ! Parce que soyons lucides, si le Versus - limité à la moitié des scénarios, ce qui est débile vu que c'est le meilleur mode du jeu - est un jour corrigé, ça sent l'update payante sur Xbox 360 alors que ça sera sorti gratos sur PC depuis belle lurette. J'espère que l'avenir me fera mentir, mais en attendant, malgré toutes ses qualités, je suis obligé d'émettre de grosses réserves sur l'achat du jeu sur Xbox 360.

Notez que les versions 360 et PC ont quelques différences. Les deux tests sont donc semblables sauf le dernier paragraphe !