QU'APPORTE LA PS4 PRO ?


J'ai un écran 4K :

  • Résolution : 2560x1440
  • Framerate : 30 images/seconde en mode Performance (4K) et 60 images/seconde en mode Cinématique (1080p)
  • Support HDR : Oui
  • Autres : -

J'ai un écran 1080p :

  • Résolution : 1920x1080
  • Framerate : 30 ou 60 images/seconde selon le mode choisi
  • Autres : -

Notre avis : Si la version PS4 standard se révèle être déjà de très bonne facture, se montrant ravissante et fluide en toute circonstance, on peut dire que Shadow of the Colossus sur PS4 Pro a de quoi faire encore plus plaisir à vos yeux. Que vous optiez pour du 60 fps soyeux mais faisant plafonner la résolution à 1080p ou que vous décidiez qu'il vous faut plus de pixels et de détails à l'écran, sans que cela n'attaque la fluidité une seule seconde, vous serez conquis. Quant à l'emploi du HDR, qui permet une fidélité des contrastes et des lumières bien plus frappante, il devrait donner une raison supplémentaire aux amateurs du mode Photo de se lancer dans la production de fonds d'écran ramenards.

Voir les images capturées depuis la PS4 Pro dans notre galerie

Sans lui, aurait-on connu les bosses les plus gigantesques de Castlevania : Lords of Shadow ou Dark Souls ? Aurait-on eu la chance de croiser la route de Titan Souls ? The Legend of Zelda aurait-il pris le virage Breath of the Wild ? Praey for the Gods, attendu pour 2018, aurait-il germé dans l'esprit de ses créateurs ? Une chose est sûre, Shadow of the Colossus, unique en son genre lorsqu'il paraît il y a 12 ans, a inspiré, bouleversé à tout jamais l'industrie.

Au départ, la vision incroyablement pure d'un créateur, Fumito Ueda, déjà coiffé de lauriers pour son ICO. De l'artistique au ludique en passant par la narration, la proposition est claire, enthousiasmante. Un jeune homme décide de braver tous les interdits pour ressusciter sa dulcinée. Pour espérer y parvenir, il doit satisfaire une entité nommée Dormin. Celle-ci a besoin que soient terrassés 16 Colosses, ce qui impliquera exploration, escalade, réflexion et affrontements épiques où l'on se sent comme une puce sur le dos d'un chien. Une puce capable de renverser des montagnes. Mais qui ignore tout de ce que cela peut impliquer.

Le petit homme

La mécanique qui va se répéter autant de fois qu'il y a d'ennemis à faire choir démarrera avec la localisation, depuis le Temple où gît la belle au corps refroidi, en sortant sa lame sous un rayon de soleil. Viendra ensuite le temps de la chevauchée, sur le dos d'Agro. Un canasson qui mettra toujours un peu de temps à réagir aux coups de talons et à la tension des rênes mais dont la fidélité ne sera jamais remise en question - un cri ou un sifflement suffisant à le faire revenir. Le Titan trouvé, il faudra, après une phase d'admiration évidente, teintée de crainte eu égard à sa corpulence, ou sa vélocité dans le cas où il se montre "minus", commencer à réfléchir, analyser.

Comment vaincre une tour de chair et de pierre de plusieurs dizaines de mètres de haut avec une simple épée, des flèches et une carrure loin d'être athlétique ? Il faudra s'accrocher, dans tous les sens du terme, pour trouver le ou les points faibles où planter à plusieurs reprises le dard mortel. Cela exigera d'escalader en s'agrippant à la fourrure ou à certaines parties du corps semblables à des corniches, à tenir coûte que coûte en composant avec une endurance loin d'être illimitée - mais extensible, comme l'énergie vitale avec des fruits, grâce à des queues de lézards à dénicher. Peut-être aussi de découvrir des zones masquées ou de générer des réactions qui mèneront à l'endroit voulu. Si le premier Colosse ne présentera aucune difficulté et servira à assimiler un concept simple à la conclusion gratifiante, la suite sera faite de renouvellement constant des idées et d'excitation des méninges, impliquant parfois le noir destrier ou une bonne reconnaissance de l'environnement.

Délice artistique

Si son mix minimaliste d'exploration, de plate-forme, d'action et de réflexion, fonctionne aussi efficacement, quand bien même la caméra - trop fidèle à celle de l'original - demeure une autre ennemie farouche de la volonté du joueur d'en finir au plus vite en dépit d'ajustements possibles concernant sa sensibilité, et que la maniabilité s'avère un peu lourde quelle que soit la prise en mains adoptée (on parle ici d'un mapping retouché pour faire plus moderne, mais pas de la résolution de soucis de temps de réponse ou d'un meilleur emploi des sticks), il faut quand même dire que Shadow of the Colossus propose surtout une expérience qui ne manque jamais de provoquer l'émerveillement.

Celle de la rencontre avec chacun des mastodontes, toujours correctement mise en scène, comme le coup de grâce. Du caractère héroïque et désespéré des batailles, soulignées par les compositions riches et élégantes de Kow Otani de qui vous retourneront parfois la tête alors que vous luttez contre les éléments - mention spéciale au rodéo infernal du cinquième monstre qui ne peut que décrocher la mâchoire la première fois. Du caractère contemplatif, silencieux et pourtant si vivant - même si certains qualifieront le tout de vide -, du gigantesque terrain que l'on traverse et dont on a envie de connaître chaque recoin. Larges plaines voilées par les nuages, gorges vertigineuses, cascades sublimes zones boisées où la lumière filtre entre les branches avec délicatesse, déserts de sable où de pierres et ruines anciennes typiques de l'oeuvre de Fumito Ueda, où l'application du sound design renforce les sensations de solitude et d'immensité, vont être sujettes à des décrochages de mâchoires récurrents pour cause d'esthétique peu réglementaire et bien trop inspirée.

Justice technique

Comme il s'agit d'un "remake", terme que l'on peut comprendre puisque tous les assets ont été refaits pour profiter de la puissance d'une PS4, trop ambitieux pour son époque, Shadow of the Colossus faisait souffrir la PS2 au niveau frame rate. Sur PS3, la fluidité était au rendez-vous mais les textures étalaient leurs limites.

Ici, vous n'avez que des bonnes choses, et l'on n'est pas loin de penser qu'il est désormais le jeu tel qu'on aurait toujours dû l'avoir. Les sombres personnages qui exigent une crêpe au sucre en lieu et place d'une crêpe Gigi noteront que les éléments mineurs comme les arbustes et herbages s'affichent un peu tardivement lorsque l'on galope à toute allure. Les autres ne retiendront que le plaisir d'une distance d'affichage qui impose le respect, de rendus excellents du minéral et du végétal, et surtout de Colosses détaillés à l'extrême, avec notamment des poils soyeux et crédibles. La réalisation est tout simplement impeccable, touchant au sublime à plus d'un moment, et l'on ne déplore jamais le moindre ralentissement, y compris dans le feu de l'action. Une usine à screenshots qui, en outre, permet cette fois de s'adjoindre les services de filtres et teintes bien trouvées et de composer son interface (de base moins cracra et moins invasive) comme on le souhaite.

And it makes me Wander

Passé l'aspect technique... Pas vraiment de nouveautés. Même si on note un mode Miroir (tout pareil mais... inversé, histoire d'être un peu déboussolé) et de nouveaux collectibles à l'utilité inconnue au moment de ce test, les défis annexes, comme le Time Attack aidant à débloquer des objets bonus, sont de retour pour les "complétistes".

La joie de la redécouverte avec ce type de mises à jour graphique (qu'une galerie comparative noyée avec d'autres artworks met en exergue pour prouver que notre imagination a peut-être enjolivé la version PS2) suffit largement à (re)plonger, pour peu qu'on ne soit pas trop regardant sur le côté flottant et imprécis du héros et ni obsédé par une caméra sauvage. Etant donné que l'on tient ici une oeuvre qui parvient, grâce à une cure de jouvence visuelle probante, à ne pas faire son âge et dont l'histoire, puissante, onirique, tragique, avec des personnages forts, nous projette, en une dizaine d'heures au premier run en difficulté normale, vers un des dénouements les plus marquants de toute l'Histoire du Jeu Vidéo, se focaliser sur ses défauts reviendrait à croiser Charlize Theron avec un bouton sur le front et mépriser sa présence juste à cause de ça. Aucun sens.