Guilty Gear Xrd Rev 2, Injustice 2, Ultra Street Fighter II Switch... On termine notre marathon de la baston entamé il y a quelques semaines sur Gameblog, et c'est au tour d'un gros challenger - peut-être le plus attendu de cette liste - de faire son entrée sur le ring. En effet la saga Tekken, qui n'en est pas véritablement à son septième épisode mais plutôt au quinzième (si l'on prend en compte les versions "plus plus"), bénéficie d'une aura toute particulière dans le coeur des joueurs. Qui n'a pas passé de nombreux Samedis après-midi avec ses potes à l'époque de la première PlayStation ? La saga fait en effet partie des jeux les plus populaires et les plus joués durant cette période pleine d'insouciance, il est presque impossible d'être passé à côté pour les gamers trentenaires qui lisent ces quelques lignes.

Pour tout dire, dans l'inconscient d'un grand nombre de joueurs, ce n'est pas forcément Street Fighter le roi, mais probablement Tekken... La pression sur les épaules du dernier bébé de Bandai Namco est donc très grande, d'autant plus que la concurrence est rude et que tous les jeux sortis ces derniers jours proposent du contenu de qualité. Tekken 7 fera t-il bonne figure ? C'est ce que nous allons voir...

Heihachi, en avant les histoires ©

J'ai donc pu poser mes gros doigts sur une version PS4 équipée du patch 1.01, et après une longue installation (presque aussi longue que celle de Mortal Kombat X, chose rarement vue sur la dernière console de Sony), j'ai enfin pu m'adonner aux joies la castagne virtuelle dans l'univers Tekken. Après des temps de chargement un peu longuets entre chaque combat, et avant un trophée de platine obtenu rapidement, sans trop de challenge, la première chose qui m'a frappé, c'est la relative "mocheté" du jeu. Je n'ai pas du tout été séduit par les modèles 3D des personnages - dont les coupes de cheveux sont aussi improbables que dans une mauvaise copie du style Akira Toriyama et font énormément penser à des coupes-casques de Playmobil - l'aliasing en plus d'un grain d'image bizarroïde à la Silent Hill n'aidant pas. Certains diront que je chipote, et que l'Unreal Engine utilisé ici ne se débrouille pas trop mal, mais ne l'oubliez pas : le jeu a presque deux ans en réalité ! En effet, nos amis Japonnais peuvent s'adonner à Tekken 7 sur borne d'arcade depuis mars 2015. En tous cas, en face de ses gros concurrents que sont Injustice 2 et surtout Guilty Gear Xrd Rev 2, Tekken 7 est bel et bien un peu à la ramasse dans sa version PS4.

D'autant plus que le résultat final n'est pas si éloigné que ça de celui de Tekken 6 et de Tekken Tag 2, pourtant sortis sur la précédente génération de consoles... Mais que les fans se rassurent : la patte Tekken est toujours là, et les moult effets visuels présents à l'écran sont vraiment spectaculaires et remplis de couleurs chatoyantes, prêtes à donner aux épileptiques la crise de leur vie. Le tout associé bien sûr à des effets de caméra ébouriffants, que ce soit sur un K.O. ou un double contact, lorsqu'un zoom bien calibré et un ralenti du plus bel effet viennent entretenir le suspense sur le coup qui frappera en premier pour déterminer l'issue du round. Bref, un constat mi-figue mi-raisin en ce qui concerne la partie technique du titre donc.

Akuma-Matata

Intéressons-nous maintenant au contenu proposé par ce fameux Tekken 7. On commence par une autre semi-déception avec le mode Histoire... Exit le beat'em all plutôt sympatoche et assez long de Tekken 6, place à un mode qui va fortement s'inspirer de ce que nous propose le studio NetherRealm depuis quelques années avec Mortal Kombat et Injustice, à savoir une succession de cinématiques entrecoupées de joutes mortelles entre les différents protagonistes. Ici, la narration adopte même parfois la forme d'un roman visuel, avec du texte défilant sous des images dessinées de très grande classe. Pour ce qui est des cinématiques, si elles souffrent de ces graphismes et de ce grain assez particulier, elles se montrent assez originales en proposant une véritable influence sur les combats, puisque ces deniers commencent rarement avec les deux adversaires bien sagement rangés de leur côté. Non, ils vont plutôt se foncer dessus, se frapper avec un double hit et commencer le combat avec de la vie en moins ! Vous pourrez aussi profiter d'une situation bien engagée pour votre avatar virtuel qui enverra valser son adversaire dans les airs pour commencer le combat sur un combo aérien démentiel ! D'autres situations originales à base de QTE sont aussi au menu des réjouissances, tout comme des combats "survival" contre de multiples adversaires, qui restent sur le terrain une fois vaincus, ce qui donnera lieu à des situations de "Ragdoll" assez cocasses. Si la mise en scène globale des cinématiques se montre globalement assez niaise et digne des meilleurs nanars nippons en la matière, on prend plaisir à suivre les pérégrinations de nos combattants favoris.

Point de Jin ici, ce dernier étant clairement en retrait dans cet épisode. On va plutôt s'intéresser au duel entre le père Heihachi et son fils Kazuya, avec un retour et un état des lieux sur le scénario des précédents jeux, tout en suivant l'enquête d'un journaliste "random" qui va tenter de faire la lumière sur la guerre qui se prépare, avec de nombreux flashbacks qui seront l'occasion de voir à de multiples reprise un enfant se faire jeter du haut d'une falaise. Un certain Akuma de la saga Street Fighter viendra même se tailler une part de lion dans l'intrigue, avec un rôle "Übber-badass" à la hauteur de sa légende. Aussi, chacun des protagonistes parlera sa propre langue, à savoir le Japonnais pour une grosse partie du cast, mais aussi l'Italien pour Claudio, L'anglais pour Nina, le portugais pour Katarina, ou même le Français pour Lili ! Là encore, on a donc des situations assez surréalistes, comme si la tour de Babel n'avais jamais existé. Nos combattants, en plus de posséder des muscles saillants et une force démesurée, se révèlent ainsi être de véritables polyglottes... à moins que la véritable explication soit le "babelfish" d'H2G2 ! Ne paniquez pas !

L'illusion du Paul Phoenix

Tout ceci se boucle en deux grosses heures (prises de notes pour écrire le test comprises), et c'est donc bel et bien, comme je vous le disais plus haut, une petite déception. D'autant plus que la fin reste ouverte et appelle fortement à une suite, le destin de certains restant en suspens. Et ce ne sont pas les courts épisodes de personnages, constitués d'un seul combat suivi d'une cinématique bien souvent humoristique, qui vont venir sauver les meubles. En parcourant ce mode, vous bénéficierez d'une aide non-négligeable si vous êtes un nouveau venu, à savoir une aide aux coups spéciaux et aux combos dans les modes de difficulté les plus bas : il suffira alors de marteler une touche pour sortir un combo dévastateur, ou d'appuyer sur L1 et un des 4 boutons pour une attaque spéciale. Il est d'ailleurs dommage de ne pas avoir intégré ces contrôles dans le mode Versus, dans le but de proposer une petite initiation à l'univers de Tekken à votre grand-mère dans un duel de générations. D'autant plus que c'est ce mode histoire qui servira de tutoriel au jeu (enfin, si l'on peut appeler ça comme ça...), et qu'il faudra bien vous débrouiller par vous-même en allant voir des vidéos de "pro-gamers" sur le net pour apprendre toutes les subtilités qu'apporte le jeu. En effet, ce n'est pas le training ultra basique présent sur la galette qui va vous guider dans ce sens.

Au menu des réjouissances, on trouve aussi un mode versus avec une fonction qui commence à devenir un classique : le mode tournoi, qui désactive la pause intempestive. Et ce qui devrait vous prendre le plus de temps en solo, c'est le mode "Chasse au Trésor". Vous allez y affronter des adversaires de plus en plus forts, tout en augmentant votre propre rang et en "lootant" dans des coffres des éléments de personnalisation, à l'instar de ce qui se fait sur Injustice 2. Mais malheureusement, l'IA ne se montre pas des plus redoutables, et elle peut être honteusement spammée, cette dernière n'arrivant pas à garder un combo haut-bas ou un ultra, et ce même dans les niveaux de difficulté les plus élevés.

Quand à la personnalisation, là encore, c'est à mon sens une petite déception : je l'ai trouvée moins poussée que ce qu'a pu proposer Tekken 6 ou Tekken Tag 2, avec seulement 4-6 costumes par personnage, les autres étant communs à tous, mais à peu près tous repris des précédents jeux ! Énormément de recyclage ici... C'est d'autant plus triste qu'on devrait probablement voir arriver quelques DLC cosmétiques, certains étant déjà proposés à l'achat dans le jeu. Petite compensation : le mode "réalité virtuelle", qui va vous permettre d'assister à un combat en mode training devant vos yeux ébahis, mais aussi d'observer vos créations cosmétiques sous toutes les coutures... enfin presque, puisque si vous tentez de vous rapprocher de trop près du décolleté affriolant (ou des pectoraux musclés, selon vos préférences) de votre combattant, ce dernier va reculer en même temps que vous avancez vers lui ! Une fonction très gadget donc, à mille lieux de ce que peut proposer un Dead or Alive Xtreme 3 en la matière.

Chloé-pas-de-bol

Mais venons en à ce qui va faire le coeur de Tekken 7, à savoir ses modes en ligne. Tout ce qui nous est proposé reste très classique, mais tient la route. On peut attendre un combat en mode entraînement, qu'il soit classé (avec possibilité de revanche !) ou amical. On a aussi la possibilité de créer des salons de combat qu'on pourra paramétrer soi-même. Cerise sur le gâteau : un mode tournoi pour 4 ou 8 joueurs, avec gros-lot à la clef, qui va permettre d'encore plus grosses décharges d'adrénaline ordonnées par notre cerveau devant notre avancée dans le tableau ! Malheureusement, à l'utilisation, le constat n'est pas si rose. En effet, la mise en relation est compliquée avec la version 1.01, et il faudra s'y reprendre plusieurs fois avant d'arriver à trouver un match classé ou entrer dans un salon, tant les erreurs sont nombreuses. Dans les salons aussi, il est fréquent de ne pas pouvoir valider son tour de combat et de perdre ce dernier, la console ayant plus ou moins "buggué" ! J'ai même pu assister à une finale de tournoi qui à planté, et les deux combattants ont du recommencer le match à zéro ! C'est assez surprenant de voir le jeu sortir dans cet état, d'autant plus que le "netcode" en combat est plutôt fiable, et qu'avec une connexion plus que correcte, je n'ai eu aucun soucis ou "lag" lors de mes affrontements.

Après tout ces points qui on soufflé le chaud et le froid, pour terminer ce test, attaquons-nous à ce qui fait la véritable force de ce Tekken 7 : son gameplay. Malgré un roster presque deux fois moins fourni que Tag2, avec quelques absences notables comme Roger ou Anna, l'ensemble se montre assez équilibré, et les petits nouveaux font le taf, comme ce Gigas qui semble tout droit sorti de Gantz avec son armure à 700 points, et dont le destin semble lié à la très sexy Katarina, ou encore la délirante pop idol Lucky Clohé, qui fait partie des nouvelles égéries de la marque Tekken. Le nombre de combattants devrait probablement grossir avec de futurs DLC...

Jin des villes

La jouabilité globale reprend bien entendu ce qui existe déjà, à savoir le mélange d'un gameplay fluide, simple et accessible (grâce auquel votre petite amie non-initiée pourra sortir des combos en martelant les boutons au hasard), mais aussi complexe et profond, où il faudra travailler pour se débarrasser des adversaires les plus coriaces. Les animations des combattants sont toujours au top et super spectaculaires, et ce n'est pas la petite nouveauté, le "Rage Art", qui me fera mentir. Quand vous arrivez au bout de votre barre de vie, vous pourrez lancer d'une simple pression sur R1 un coup imparable. Mais attention : à la manière d'un focus de SFIV, vous encaissez quand même du dégât, et vous pouvez perdre le round sur ce mouvement, votre vie devant être basse pour le lancer... Autre possibilité pour se sortir de la mouise : l'utilisation du "Rage Drive", un coup spécial moins risqué que l'Art, mais qui mettra fin à l'état de buff de votre personnage. Sous couvert d'accessibilité, on retrouve bien entendu toujours la même profondeur, qui fait qu'une très bonne connaissance du jeu sera nécessaire pour arriver à sortir l'un des fameux "10 Hit Combo". Et là dedans, Akuma vient véritablement jouer les trouble-fêtes avec tous ses coups spéciaux dont "l'input" reste le même que dans n'importe quel Street Fighter... Un mélange détonnant.

Une sortie assez paradoxale que ce Tekken 7, donc. S'il se montre mieux fichu et bien plus complet qu'un Street Fighter V à sa sortie, on à tout de même l'impression qu'il se contente du minimum, avec son mode histoire, son recyclage de personnalisation et ses fonctions en ligne perfectibles. Aussi, en comparaison avec son concurrent direct Injustice 2 (en termes de jeu complexe et simple à la fois - Guilty Gear ne boxant clairement pas dans la même catégorie), Tekken 7 se montre meilleur en termes de gameplay, mais inférieur sur tout les modes de jeu. Le statu quo est total, et ce sera aux joueurs de décider lequel mérite le plus leur attention. Personnellement, j'ai beaucoup apprécié jouer à chacun de ces deux titres, différents visuellement et dans leur approche !