Il faut bien l'avouer, pour qui souhaiterait se lancer dans la série, l'appellation et la numérotation des titres et autres compilations de la saga relèvent du véritable casse-tête. Pour faire simple, Kingdom Hearts HD 1.5 + 2.5 ReMIX (ouf, reprenez votre souffle) comporte quatre jeux : Kingdom Hearts et Kingdom Hearts II parus originellement sur PS2 ; Kingdom Hearts Birth by Sleep, l'épisode exclusif à la PSP (les trois précités étant les plus importants de la saga) ; et Kingdom Hearts Re : Chain of Memories, qui est le remake PS2 d'un jeu sorti sur GBA. À cela s'ajoutent deux "films" retraçant sous forme de cinématiques les intrigues de Kingdom Hearts 358/2 Days et de Kingdom Hearts Re:coded, deux épisodes moins essentiels parus sur Nintendo DS. Maintenant que les présentations sont faites, entrons dans le vif du sujet.

Beyond good and evil

Sora et ses deux amis d'enfance Kairi et Riku coulent des jours heureux sur les Îles du Destin. Une nuit, une terrible tempête fait rage et, après s'être frotté à des sans-coeurs, créatures ténébreuses se nourrissant du coeur des êtres, Sora se retrouve aspiré au-delà de son île et séparé de ses compagnons. Il découvrira alors que d'autres mondes que le sien existe et devra aller à leur rencontre afin de retrouver ses amis mais également sauver ces mondes, que les ténèbres grandissantes mettent en péril. Voilà pour le point de départ du premier volet. Bien évidemment, l'intrigue se complexifie au fur et à mesure que les épisodes s'enchainent, s'attardant notamment sur les luttes intérieures que se livrent certains personnages, pris en étau entre la part de lumière et la part de ténèbres dans leur coeur. Chaque titre apporte par ailleurs son lot de personnages intéressants et attachants, à commencer par les acolytes de Sora, Donald et Dingo, ainsi que le trio Terra, Ventus et Aqua. Alors que l'on pouvait regretter l'éparpillement de la série sur de nombreux supports différents (PS2, GBA, DS et PSP tout de même), le fait de concentrer l'essentiel de la saga sur un unique blu-ray est fortement appréciable, en particulier pour les nouveaux venus. Malheureusement pour les nostalgiques de l'ère PS2, l'excellent doublage français présent dans les deux premiers volets est toujours aux abonnés absents...

♫ It's a small world after all ♫

C'est bien dans son postulat de départ que la série Kingdom Hearts tire sa force : amener le joueur à parcourir les mondes issus des longs-métrages Disney et à côtoyer les différents personnages qui y habitent. Ainsi, notre voyage nous entraîne dans le Pays des Merveilles d'Alice, le Domaine Enchanté de la Belle au Bois Dormant, à Agrabah à la rencontre d'Aladdin et du Génie, ou bien dans l'univers réaliste de Pirates des Caraïbes. Compte tenu de l'hétérogénéité des univers parcourus, nos personnages sont parfois contraints de changer drastiquement d'apparence ; c'est le cas par exemple d'Atlantica, où Sora se voit pousser une queue de sirène pour pouvoir évoluer dans l'univers d'Ariel. Certains personnages de Final Fantasy sont également de la partie, pour le plus grand plaisir des fans. Ainsi, les mondes sont nombreux, particulièrement variés et chacun bénéficie de thèmes musicaux qui leur sont propres : un thème pour l'exploration et un thème pour les phases de combat, consolidant un plus peu l'identité de chaque univers traversé. On indiquera toutefois que certains des mondes parcourus paraîtront bien cloisonnés aux nouveaux joueurs, surtout si on établit la comparaison avec les open world de cette génération. Au sujet d'ailleurs de la musique, Yoko Shimomura (Super Mario RPG, Parasite Eve, Final Fantasy XV) nous flatte constamment l'oreille, en témoignent des titres tels que le pianistique Dearly Beloved, l'envoûtant Destati ou bien l'emphatique The 13th Dilemma, lequel s'accorde parfaitement avec l'une des séquences cultes de Kingdom Hearts II.

Jeu de clés

Bien que la saga propose différentes variantes de gameplay, tous les épisodes exploitent pleinement les mécanismes de l'action-RPG. Le joueur contrôle un seul personnage maniant une keyblade (une épée en forme de clef, comme son nom l'indique) avec laquelle il assène ses coups et peut être accompagné d'un ou de plusieurs compagnons venant lui prêter main forte lors des affrontements. Ses barres de vie et de magie sont représentées en bas à droite de l'écran et un menu déroulant à gauche lui permet de choisir ses actions : attaquer, magie, invoquer, objets... Or, s'agissant d'un système de jeu dynamique, en temps réel donc, le joueur peut attribuer à certaines fonctions des touches raccourcis lui permettant d'effectuer ces actions de manière beaucoup plus intuitive qu'en allant les piocher dans le menu.

Chaque épisode apporte ensuite son lot de particularités, à commencer par Re: Chain of Memories, qui, au lieu d'un menu composé d'actions prédéterminées, propose de constituer un deck de cartes glanées au fil de la progression et disposant d'une valeur plus ou moins élevée. Ces cartes étant dépensées à chaque utilisation, cela confère une dimension plus tactique à ce titre, qui se présente comme le plus ardu des quatre proposés dans cette compilation.

Kingdom Hearts II et Birth by Sleep sont certainement les épisodes les plus intéressants à cet égard puisque le personnage contrôlé dispose d'une panoplie assez conséquente d'actions supplémentaires (actions contextuelles, fusions et autres coups de grâce) et se voit progresser de manière assez phénoménale au cours de ces jeux. À titre de comparaison, le premier Kingdom Hearts pourra paraître assez monotone dans sa prise en main, d'autant que certains problèmes de caméra viennent parfois ternir l'expérience de jeu.

Simple and clean

De la même façon que pour les compilations déjà parues sur PS3, il s'agit là des versions Final Mix de Kingdom Hearts, Kingdom Hearts II et de Birth by Sleep exclusives à leur sortie aux consoles japonaises. Ces itérations permettent aux joueurs de bénéficier de nouvelles scènes facilitant la compréhension de l'intrigue et de se frotter à des boss inédits particulièrement coriaces.

Pour le reste, si la quête principale de ces jeux se révèle relativement accessible, les joueurs les plus intrépides pourront s'essayer aux nombreux défis proposés par le Colisée de l'Olympe ou tenter de venir à bout d'un certain bad guy tout droit issu de la saga Final Fantasy. Et croyez-moi, le challenge est particulièrement relevé !

Sachez en outre que tous ces titres sont jouables pour la première fois en 60 fps, ce qui n'est pas négligeable lors de phases d'affrontements soutenues, et que les temps de chargement s'avèrent fortement réduits par rapport à ce que l'on pouvait observer sur les versions PS3 de ces compilations HD. Cela justifie-t-il de réinvestir dans cette compilation pour ceux qui possèderaient déjà les premières ? Rien n'est moins sûr.

Un mot enfin pour les deux "films" dressant un résumé des intrigues de 358/2 Days et de Re:coded. Si le premier se laisse regarder, d'autant qu'il permet de comprendre certains pans de la mythologie Kingdom Hearts, l'intérêt du deuxième est plus limité. Au total, ce ne sont pas moins de 120h de jeu (et de film) qui attendent les joueurs, le double si vous vous sentez l'âme d'un complétionniste, le tout pour une cinquantaine d'euros. De quoi achever de convaincre les profanes de la série.