Shadow Tactics nous emmène donc dans une grande période de troubles et de guerres. La grande bataille de Sekigahara, qui marque la fin de la période Sengoku, vient de se terminer, alors que débute la période du Shogunat Tokugawa. Le Shogun souhaite la paix et l'entente sur l'archipel nippon, mais malheureusement des traîtres conspirent pour prendre le pouvoir. Pour mettre fin aux actions de l'ombre et étouffer une possible rébellion, le dirigeant du Japon forme une équipe de combattants. Evidemment, c'est cette équipe que vous allez diriger.

Le Japon à portée de mains

Autant l'annoncer tout de suite : le background du jeu est extrêmement bien travaillé, et l'immersion est totale. Dès le départ, le jeu propose deux doublages : la version japonaise ou la version anglaise. On ne peut que conseiller de choisir la version Japonaise, qui est juste extraordinaire. Bien évidemment, tout le reste est traduit en français via des sous-titres ou des textes à l'écran. Pour le reste, l'ambiance est du même niveau. Les musiques traditionnelles sont envoûtantes, les décors sont somptueux, variés et très détaillés... Bref, le Japon qui nous est dépeint ici ne vous laissera pas de marbre et vous fera faire un véritable voyage. D'autant que les divers protagonistes du jeu sont très attachants, tous autant qu'ils sont. Le premier que l'on joue se nomme Hayato, il s'agit d'un homme formé aux arts ninjustsu et c'est avec lui que l'on va découvrir toute la profondeur du jeu.

Dès le premier chapitre, on prend conscience que Shadow Tactics est un véritable jeu tactique dans lequel l'infiltration est au centre du gameplay. Chaque mouvement doit être mûrement réfléchi, car toute erreur peut être synonyme de mort. Nous sommes seuls où presque contre une foule d'ennemis sur la map. Le but n'est pas de tuer à tour de bras, mais uniquement de progresser pour arriver à réaliser notre objectif. Ainsi, la mort n'est pas un objectif en soi, mais un moyen pour y parvenir. Il est donc parfois nécessaire de tuer un garde pour l'empêcher de donner l'alerte, mais inversement il est parfois plus intelligent de le contourner plutôt que de risquer de se faire remarquer. Chaque ennemi possède un cône de vision, et il est nécessaire de ne jamais s'y trouver trop longtemps.

Là on me voit... là on me voit plus !

Globalement, le cône de vision d'un ennemi possède 3 couleurs : vert si tout se passe bien, jaune s'il a un doute, et rouge si vous êtes repéré. Ensuite on peut distinguer deux types de visions : celle avec un champ dégagé et celle avec un champ occulté par un objet ou un morceau de décor. Quand la vision est occultée par une élément physique comme un mur, le cône devient rayé et on ne peut donc pas vous voir, mais en revanche on peut toujours vous entendre. Le son est aussi important que la vision, et il ne faut jamais oublier que l'ennemi peut toujours vous entendre. Il existe d'ailleurs plusieurs méthodes pour attirer l'attention d'un garde, et chaque personnage possède la sienne, bien spécifique.

Hayato peut lancer une pierre, Mugan le samouraï peut laisser traîner une gourde de saké, etc. Il faut parfois faire preuve d'imagination pour leurrer un garde, et c'est pour cette raison qu'on n'est jamais trop de deux pour accomplir une tâche. On se retrouve souvent à contrôler plusieurs personnages pour que chacun occupe un rôle dans notre stratégie. L'un attire l'attention d'un garde pendant que l'autre en profite pour se faufiler dans un buisson... Chaque personnage se complète d'ailleurs assez bien. Dans le second chapitre, on fait par exemple connaissance avec Yuki, une jeune fille capable de poser des pièges et sachant se faire très discrète, mais incapable de se battre convenablement. Inversement, le colosse samouraï Mugen, véritable force de la nature, pourra aisément écharper à plusieurs ennemis à la suite mais sera incapable de grimper sur les toits par exemple. Au total, nous avons 5 profils de personnages bien distincts :

  • Hayato le ninja, rapide et capable de grimper sur les toits.
  • Mugen le samouraï, véritable combattant mais lent et peut efficace en infiltration pure.
  • Yuki la jeune apprentie ninja, capable de poser des pièges et de distraire les ennemis.
  • Aiko, la geisha qui peut se déguiser pour tendre des pièges mortels.
  • Takuma, un vieil homme qui reste un tireur d'élite hors pair.

Une difficulté à faire enrager les plus patients

Pour complexifier le tout, il est possible via un mode macro, de planifier des actions pour entreprendre des tactiques de grande envergure. Selon les chapitres, il faut savoir comment utiliser les personnages de manière adéquate. En milieu urbain par exemple, seulement deux personnages sur 5 peuvent grimper sur les toits, ce qui est un atout non négligeable. Rappelons-le : la moindre erreur est fatale. Pour cette raison, même en difficulté moyenne, c'est extrêmement difficile. Le troisième chapitre, qui représente un véritable gap en matière de difficulté, est à devenir fou si on n'y prend pas garde. D'autant qu'un nouvel élément vient y corser les choses : la neige. Cette fois, inutile de compter uniquement sur des actions rapides pour leurrer les gardes, car ils peuvent pister vos pas dans la poudreuse et vous retrouver. Bref, un calvaire.

Le jeu est exigeant au possible et il n'est pas rare de devoir recommencer 10 fois la même étape pour réussir. Il ne faut pas hésiter à essayer de nouvelles tactique, même si elles paraissent un peu folles sur le papier. Parfois, sur un coup de chance, un garde peut ne pas vous voir car vous avez gagnez une seconde de plus sur votre précédant essai ce qui vous a permit de vous cacher derrière un muret que vous n'avez pas réussi à atteindre précédemment.

Finir un niveau dans un jeu vidéo n'a jamais été autant gratifiant. Le plaisir du devoir accompli est ici très fort et Shadow Tactics est un véritable ravissement pour le joueur amateur de tactique. D'autant que vous allez pouvoir vous essayer à l'infiltration un peu partout au Japon, des montagnes enneigées à la ville, en passant par les rizières. Le Japon ancien est à portée de mains, ou presque. Pour couronner le tout, la partie technique est un véritable sans faute. Le seul défaut que l'on peut reprocher au jeu, en dehors de sa courbe de difficulté un peu violente, c'est le premier chargement de chaque niveau, hyper long... même si les développeurs nous préviennent dès la page d'introduction.