Intelligence de jeu, anticipation, mobilité et fluidité de la gestuelle sont autant d'atouts qui donnent toutes ses lettres de noblesse au handball. Mais qui en font également une discipline peut-être un peu trop complexe pour répondre aux exigences d'une simulation sportive digne de ce nom. Les rares courageux qui s'y sont essayés jusque-là se sont tous pris les pieds dans la zone, incapables de relever un challenge bien corsé. Bigben a notamment essuyé les plâtres de cette constante, après avoir confié cette mission à une équipe allemande aux épaules aussi frêles que celles d'un ailier tout juste sorti du centre de formation. Forcément, l'aventure s'est terminée sur un brancard.

Pas de pétrole, pas d'idées

Du coup, l'éditeur français a changé de crèmerie et s'est tourné l'an dernier vers un studio bien de chez nous : Eko Software. Soit une team toute aussi inexpérimentée que la précédente, mais à la passion chevillée au corps. Malheureusement, cet enthousiasme n'est que peau de chagrin lorsqu'il n'est pas accompagnée de moyens importants. Derrière NBA 2K ou Madden opèrent des éditeurs à la surface financière autrement plus puissante. Le résultat avec Handball 16 ne fut pas à la hauteur des intentions, et on imaginait que les protégés de Bigben allaient profiter de cette première période timide pour poursuivre leurs efforts et proposer une expérience enrichie avec des systèmes plus variés, des contacts plus réalistes et des animations dignes de cette génération. C'était mal connaître la dure loi du milieu.

Ce n'est pas que le studio parisien se soit tourné les pouces durant cette intersaison, mais ses supérieurs ne lui ont pas accordé la rallonge de budget souhaitable pour disputer autre chose que le maintien. Du coup, Handball 17 conserve les mêmes défauts rageants que le précédent volet, à commencer par son contenu rachitique. S'il a le mérite de proposer les grandes équipes des championnats européens (Barcelone, PSG, Kiel...) avec le véritable nom des joueurs, ce nouvel opus se distingue par le classicisme de ses modes de jeux (saison, carrière, défis...) et le manque de relief des parties qui s'enchaînent sans aucune émotion.

Niveau immersion, c'est l'électrocardiogramme plat avant, pendant et après les rencontres, avec zéro animation pour donner de la vie à notre saison et nous donner envie de voir plus loin. C'est ambiance Ligue 1 un samedi soir d'hiver au stade Saint-Symphorien. Entre, ce n'est pas vraiment mieux puisque le jeu bénéficie d'une partie managériale réduite au strict minimum, avec aucune gestion des transferts et un système de points de compétences à attribuer. Rien de fou-fou, mais les amateurs du genre auraient pu s'en contenter si les sensations manette en mains et la réalisation technique suivaient.

Moi, moche et méfiant

Malheureusement, entre les joueurs au faciès méconnaissable et le moteur graphique d'une autre époque, Handball 17 ne s'appuie pas non plus sur ses performances techniques. Difficile en effet d'éviter enchevêtrements de polygones, bugs et phases improbables dès lors qu'un sport comme le hand demande des ressources importantes comme la gestion des collisions, les routines d'intelligence artificielle, le redoublements de passes... Le plus embêtant concerne la physique de la balle, irréaliste au possible, donnant l'impression d'évoluer avec un pauvre ballon de plage. Autant cette supercherie de drague fonctionne bien à Palavas-les-Flots avec les filles du coin, autant sur un rectangle en bois, les amoureux du beau geste exigent une toute autre précision.

Il faudrait d'ailleurs peut-être dix boutons de plus pour modéliser toutes les phases de jeu imaginées par Claude Onesta et ses Experts. Mais de ce point de vue là, le soft tire son épingle du jeu. La majorité des combinaisons du hand ont été intégrées et l'on se plait à varier les situations de passes et les shoots (à la hanche, en suspension, roucoulette, kung-fu) avec une facilité déconcertante grâce au curseur pour orienter ses missiles ou ses coups en finesse. Un bon point, et ce même sur des parquets vides et face à des défenses bien poreuses.

Car, comme toutes les simulations qui doivent respecter une ligne directrice en un minimum de temps et avec peu de moyens, l'équilibre entre l'attaque et la défense tourne largement à l'avantage de la première. Il est en effet presque impossible de défendre correctement ses cages face à l'IA, et l'on comptera plus sur les exploits de gardiens que sur notre capacité à anticiper les passes ou à bloquer les tirs. Les matches en deviennent terriblement frustrants, et ceux qui souhaitent retrouver les joutes physiques d'une vraie confrontation de handball devront attendre les prochaines itérations pour prendre leur pied. Car en l'état actuel, Handball 17 n'est pas recommandable. Ou alors en fermant les yeux sur ses gros défauts. "17", d'ailleurs, comme le nombre d'années restant pour proposer une simulation complète, riche et addictive si Bigben et Eko continuent sur le même rythme de développement. Pourvu que notre message résonne jusqu'à eux...