Loading Human est cool. Très cool même. Il constitue peut être une des meilleures expériences narratives que j'ai pu vivre en réalité virtuelle. Mais il souffre malheureusement de bons gros défauts des familles qui plombent carrément le bilan final. Vu le thème du jeu, l'allégorie avec un premier amour est assez facile. Au début, on est au taquet, émerveillé, amoureux, mais très vite, notre inexpérience nous rattrape et tout se finit dans les larmes, et parfois le sang. Voyons voir pourquoi.

Des premiers baisers...

Le jeu vous place dans la peau de Prométhée, jeune étudiant à l'académie de pilotes spatiaux de New Berlin dans le courant du 22e siècle. De retour dans la maison de Papa, ce dernier étant mourant, vous vous voyez confier une mission de la plus haute importance : prendre un vaisseau spatial et vous engager dans un voyage de 22 années au delà du système solaire, afin de récupérer la "quintessence", seule source d'énergie capable de prolonger la vie de votre père. Loading Human débute juste avant le lancement de la fusée, Prométhée est désabusé et alcoolique, et on se rend très vite compte que la situation à bien changée, puisque ce n'est plus votre père que vous voulez aller sauver, mais une certaine Alice, mystérieusement endormie dans le sarcophage à côté de celui de votre géniteur...

A partir de là, l'histoire se déroule sous forme de plusieurs flashbacks, dans lesquels vous allez faire la lumière sur ce qu'il s'est passé pendant ces 6 mois. Du briefing de votre père à votre entraînement en réalité virtuelle pour cette périlleuse mission (paye ta mise en abime, de la VR dans la VR : VRception !), en passant - et c'est là que se trouve tout le sel de l'histoire - par votre rencontre et le début de votre histoire d'amour avec la fameuse Alice, l'assistante de votre père. La relation entre vous et la belle occupera une place prépondérante dans le scénario, et je dois bien le dire, s'avère plus que troublante. VR oblige, on ressent véritablement la présence de la personne à côté de nous, on veut la toucher, et ce n'est pas cette surprenante scène de baiser qui atténuera la chose... On tombe véritablement sous le charme de la demoiselle ! Et ce malgré des doublages français pas forcément très bien joués.

... à la rupture difficile.

Ce qui constitue donc ma première expérience amoureuse en réalité virtuelle fut plus que troublante, tout en se montrant assez agréable de par la présence d'Alice et d'un scénario associé à une narration qui tiennent la route. Mais malheureusement, le jeu montre pas mal de limites, et ce dès le début de l'aventure et son tutoriel. En effet, le mode de commandes retenu pour Loading Human est juste gerbant. Assis dans votre fauteuil, vous devez diriger un de vos PSmove dans une direction, puis appuyer sur le bouton du dessus pour vous mettre à avancer. La sensation est juste horrible ! Si l'on arrive à s'y faire au bout de quelques heures de jeu, les débuts sont vraiment difficiles et devraient faire fuir pas mal de joueurs... On a du mal à comprendre ce parti pris dans les commandes, surtout lorsque que l'on a déjà joué aux jeux d'aventures similaires de la concurrence, qui proposent de se téléporter dans une zone que l'on aura au préalable visée, un moyen certes moins immersif, mais bien plus "safe" pour notre estomac !

Une alternative est disponible, mais elle ne fait que créer d'autres problèmes : en jouant avec un pad Dual Shock 4, la sensation de gène est fortement atténuée par les mouvements des épaules de votre avatar virtuel, mais les interactions avec votre environnement et la saisie des moult éléments qui vous entourent deviennent plus que laborieuses. Par exemple, le passage ou vous devez éteindre un incendie devient un vrai calvaire, et on à l'impression de revivre les pires heures de Surgeon Simulator, voire même d'Octodad.

Et ce n'est pas tout : si le récit est à la frontière du jeu purement narratif, ce qu'il fait plutôt bien, il nous impose malheureusement parfois des phases de gameplay incongrues et sans rapport avec notre objectif de conquête spatiale. Et ce dès le début. Combien de temps ai-je passé à chercher cette malheureuse carte d'accès pour déverrouiller la première porte ? Et le document que me demande de chercher mon père ? "Il est sur mon bureau", qu'il avait dit. Ces phases sont si mal gaulées, avec un level design tout sauf évident (le tout associé avec cette maniabilité gerbante au possible), que lorsqu'on m'a demandé d'aller préparer du thé en récoltant plusieurs feuilles, j'ai ragequit pour ne revenir sur le jeu que le lendemain ! C'est vraiment fort dommage d'avoir imposé ces phases si insignifiantes. Elles viennent casser le rythme de l'histoire, et on aurait très bien pu se contenter d'une expérience purement narrative à la "Everybody's gone to the Rapture" sans que l'intérêt de ce Loading Human ne retombe...

Et pour terminer, je ne peux que m'interroger sur le prix de cet épisode, vendu au lancement 40€ sur PS4 et PC. Si les deux suivants coûtent le même prix... Je vous laisse faire le calcul et évaluer par vous-mêmes la pertinence d'investir dans cette histoire d'amour si prometteuse, mais qui risque fortement de vous briser rapidement le coeur...