On le sentait. On le voyait venir. PES 2017 ne sonne toujours pas l'heure de la révolution. Ce n'est pas cette année que Konami va remettre en question ce qui a été érigé sur les cendres de l'âge d'or de la licence. L'idée a été de capitaliser sur les forces de l'épisode précédent en tentant de gommer au maximum ce qui avait pu déplaire. Quitte à laisser de côté certaines choses.

Pas à la mode

Malheureusement, si vous avez rincé PES 2016, vous allez pester. Oui, pester que les 23 ateliers d'entraînement, certes utiles, demeurent exactement les mêmes. Qu'on retrouve une Ligue des Masters (mode antédiluvien où l'on doit gérer effectifs, transferts, équilibre financier et dans le vestiaire) et un Vers une Légende (une carrière d'un joueur créé ou existant jusqu'à ses 37 ans) à peine retouchés, des coupes et championnats personnalisables sans nouveautés. C'est que niveau modes de jeu - hors online (saisons par équipe, MyClub ou encore 11 contre 11) que nous n'avons pas pu essayer lors de ce test-, il semblerait qu'on ne veuille pas trop se mouiller. La seule surprise nous vient d'un mode Duel qui permet de conserver vos données de matchs, et de connaître vos petites habitudes et votre style de jeu, avec analyse sur le long terme face à d'autres joueurs. C'est peu. Il faut dire que toute l'énergie des développeurs a été employée ailleurs. Dans l'essentiel. Le plaisir de jeu.

Une question de feeling

Dès lors que l'on se retrouve pour des affrontements en face à face sur le canapé, le constat est sans appel : on s'amuse quasi instantanément. Le fameux feeling qui a réellement fait son retour il y a deux ans répond bien présent. Un mélange de jeu posé, nécessitant de s'intéresser un tant soit peu à des constructions intelligentes, et de percussion dans les passes et les frappes. Les novices, qui réaliseront néanmoins que les expéditions punitives en solitaire sont compliquées, les porteurs du ballon ayant de rares opportunités de clairement effacer par leur vitesse de balle au pied des défenses plus resserrées et plus tranchantes dans la récupération, pourront rapidement s'amuser. Les gestes et modèles physiques ayant bénéficié d'un bon lifting, avec des centaines de nouvelles animations souvent bien classes et un impact physique amélioré, tout semblera couler de source. Et grâce à des passes bien dosées, un pressing défensif et des tacles bien efficaces, ainsi que des frappes à la patate un brin exagérée, on pourra avoir droit à de nombreuses situations plaisantes aussi bien en défense (quand bien même l'arbitre sait se montrer très pointilleux) qu'en attaque. Avec le plaisir de voir des gardiens autrement plus capables de réaliser des parades paraissant simplement naturelles, y compris lorsqu'ils sont menacés à ras de terre, avec des relâchements un poil moins dangereux. Loin du pur jeu de noob, PES 2017 laissera plus de place aux experts de quoi enflammer le gazon. Par une maîtrise assidue des contrôles et des tricks s'opérant à l'aide du stick droit puis du stick gauche, par un dosage des accélérations et une grande liberté au niveau des passes au sol et en aérienne, et même à l'usage du mode manuel, ils parviendront toujours à se distinguer. Surtout s'ils emploient une autre arme en préambule des affrontements...

K.O. tactique

Pour permettre un rythme plus soutenu et des rencontres encore plus passionnantes, la licence continue de creuser sur le plan tactique et stratégique, à l'échelle individuelle comme sur le plan collectif. Le menu des formations, dans lequel on aperçoit désormais les faciès des joueurs, façon FIFA, est sans aucun doute une clé à considérer pour s'ouvrir la porte de la victoire. Si un mode simplifié est toujours de rigueur pour les moins aguerris, négliger d'autres données pourra être fatal. Ainsi, on retrouve la formation fluide et les différentes attitudes suivant que l'on donne le coup d'envoi, que l'on possède la balle ou qu'on défende, très utile. Des instructions avancées se sont invitées à la fête pour vous permettre, en cours de match, d'appliquer un ou plusieurs plans offensifs (du tiki-taka au jeu écarté en passant par la présence d'un faux "9") ou défensifs (avec du marquage plus précis ou encore un pressing total nécessitant des athlètes ayant le médecin coffre d'un Jordi Alba ou Moussa Sissoko) sur la croix directionnelle avec "L2" maintenu. En outre, les crans colorés pour décider d'un comportement plus ou moins porté sur l'invasion de l'autre moitié de terrain (deux fois le haut ou le bas de la croix directionnelle pour changer) ont fait leur retour et la différence est notable entre le tout pour l'attaque et le stationnement du bus. Tout ça pour dire que l'intelligence artificielle, sa malléabilité, son adaptabilité si l'on ne fait pas trop varier son style, contribue largement à faire grimper le niveau de quelques degrés si on le désire. D'autant que les dispositions des joueurs sont souvent en adéquation avec leurs pendants réels. Et que cela permettra de bien composer avec leurs forces pour obtenir des combinaisons dignes d'un Brésil millésime 1970. Les Antonio Conte du paddle apprécieront. Autant que la possibilité de pouvoir enfin créer des mouvements précis sur coups de pieds arrêtés, dont les corners.

La belle affaire

Encore plus plaisant à jouer que son aîné, PES 2017 n'est pas moins agréable en tant que spectateur, à condition de très vite couper des commentaires français encore une fois gênants de Grégoire Margotton et Darren Tulett (surtout ceux de Darren en fait) - Konami ferait mieux de rappeler le duo Olivier "Edgar Bureau" Deslandes/Gérard Perron d'ISS Pro Evolution 2, probablement moins onéreux. Les cut-scenes sont moins ternes, moins rigides, le rendu plus télévisuel, même si certaines célébrations font encore un peu molles voire un peu risibles, tel le retrait de maillot que seul Neymar Jr peut accomplir une fois par match et qui lui coûtera un carton jaune. La réalisation a encore gagné en assurance. Plus fin, plus fluide, plus vibrant, avec des effets de lumière et de pluie mieux marqués, PES 2017 affiche des enceintes (pas très nombreuses, hum) magnifiques et des répliques de stars souvent perturbantes.

Les Pogba, Ibrahimovic, Payet, Ronaldo, Messi, Neymar, et autres Neuer ont eu droit à un traitement de grande classe au niveau visage et gabarit, avec pour certains des animations criantes de vérité. Il reste évidemment des cas à part côté joueurs populaires (on pense à Lloris ou Verratti) et c'est littéralement la foire au random pour les moins connus du grand public. Mais le mode Modifier, toujours complet et acceptant les images importées sur PS4, pourra alors servir. Et malheureusement, il aura encore son utilité pour les plus mordus qui constateront que, niveau licences, le chemin reste sinueux. Des partenariats sympas ont été signés avec le FC Barcelone, Liverpool ou Dortmund. Mais en 2016, alors qu'on dispose des droits de la Ligue des Champions, de l'Europa League, de l'Asian Football Confederation League, c'est dur de devoir se fader un Man Red à la place de Manchester United, un PM Black White à la place de la Juventus, un MD White pour remplacer le Real Madrid, le tout avec des équipements farfelus. Et ce ne sont pas les clubs argentins ou brésiliens qui rattraperont l'affaire. Pour beaucoup, attachés à l'authenticité, cela risque de faire tâche.

On terminera notre survol en parlant justement des effectifs. Ceux-ci n'étaient effectivement pas à jour dans notre version. Les arrivées de Pogba ou Ibrahimovic à Manchester United, celle de Higuain à la Juventus, de Ben Arfa ou Jesé au Paris Saint Germain et j'en passe n'étaient pas encore appliquées. Konami nous a garanti qu'un patch disponible en Day One corrigerait cela et que les mises à jour hebdomadaires seraient une réalité sur cette saison. On croise les doigts. On pensera aux gens ne disposant pas d'une connexion assez bonne, qui n'auront d'autre choix que que de passer par les modifs. Encore un moyen de se faire un trip old school.