Tout d'abord vu qu'on ne peut pas y couper, évacuons la technique. Rien à redire, le passage à la HD (en 720p) est une réussite, les modèles sont détaillés et riches en couleurs, et tout ce petit monde bouge de façon parfaitement fluide dans des décors toujours somptueux, accompagnés de musiques grandiloquentes. Les arènes sont exigües dans l'ensemble, carrées ou rondes, mais beaucoup ont une taille variable via des murs mobiles, et des éléments soit destructibles, soit simplement amusants (comme des hommes lézards armés de couteaux et fourchettes géants). On aurait toutefois apprécié des terrains un peu plus grands et variés. Dans l'ensemble, ce SoulCal est toujours très nerveux, mais peut-être un peu moins que ses prédécesseurs. Comme si les coups traînaient sur quelques images de plus. Ce n'est pas forcément un mal : ça permet de laisser la part belle à la technique du joueur.

Contrairement à la version Xbox 360, le jeu ne souffre pas ici d'une croix de direction pérave, ce qui fait tout de même une belle différence lorsqu'on ne souhaite pas jouer au stick arcade. La prise en main est donc bien meilleure "de base" sur cette version. Quant à d'éventuels bugs ou problèmes d'équilibrage, seul le temps nous le dira... Ah, et : non, il n'y a pas de vibrations, or donc. La belle affaire, on oublie la chose dès qu'on commence à jouer.

La meilleure défense, c'est l'attaque

Grande nouveauté dans la série, le système de jeu a été revu. Exit la Soul Charge des précédents, qui permettait de modifier ou d'augmenter les dégâts de certains coups et se lançait manuellement, bienvenue à la Jauge d'Âme. Sous la forme d'un orbe à côté de votre barre de vie, elle change de couleur suivant votre comportement : elle vire au rouge lorsque vous agissez défensivement, et au bleu quand vous attaquez. Parez trop de coups, votre barre de vie se mettra à clignoter, et là, il faudra vous remuer dare-dare : c'est le signal pour l'adversaire, qui peut alors placer son KO critique, le mouvement final qui lui permet de remporter directement la partie (une furie, quoi).

Autre changement, des assauts répétés avec des coups puissants au même endroit finiront par détruire une des trois zones de l'armure du personnage. Par la suite, de nouveaux coups à cet endroit feront plus de dégâts. Le but avoué de tout cela, apporter plus d'action aux parties en forçant les joueurs à être plus offensifs. En contrepartie, tous les dommages ont été revus à la baisse, des coups puissants ont disparus, et les stances, les différentes positions, ou gardes, donnant accès à divers panels de coups sont plus complexes à enchaîner.

Enfin, le Guard Impact, l'autre particularité de SC (une parade active à déclencher au moment précis de l'attaque de l'adversaire), se voit agrémenté d'une version "parfaite" qui occasionne une contre-attaque. C'est d'ailleurs une des conditions pour réussir un KO critique, ne croyez pas le manuel qui prétend qu'il suffit d'appuyer sur les quatre boutons à la fois en état de brise âme, il faut auparavant soit réussir une Garde parfaite, soit deux Guard Impacts, soit un coup brisant la garde de l'adversaire... Vous avez alors une seconde pour achever votre victime avec classe (et regarder l'animation en mangeant une chips).

C'est toi qui t'y colle, Algol

Qui dit nouvel opus dit nouveaux persos, et SC4 ne fait pas exception à la règle. En armure complète, à l'opposé de la tendance générale du jeu consistant à diminuer la surface de tissu proportionnellement à l'augmentation du volume mammaire, et dotée d'un design plutôt réussi, la première nouvelle venue s'appelle Hilde. Le second n'est autre que le nouveau boss, Algol, roi fantôme au look très "Ken le survivant" et au nom dur à porter. Jouable et assez puissant, il possède quelques coups pas piqués des hannetons, comme son canon à boules d'âmes, qui permet de jouer à Pong pour peu que vous maitrisiez le Guard Impact. Cependant il est loin d'égaler le frisson d'angoisse qu'on éprouvait en affrontant Night Terror dans SC3 (le vrai boss de fin caché, pour ceux du fond qui ne suivent pas). Sinon, le cast principal de l'épisode 3 revient au complet, agrémenté d'Amy, et on notera la disparition du personnage imitateur traditionnel.

Ils ont senti un trouble dans la Force

La grande surprise de ce SC4 fut bien entendu l'annonce de la présence du duo Lucasien Yoda / Darth Vader, puis celle de l'Apprenti de The Force Unleashed, révélation qui aura fait couler beaucoup d'encre et de bave. Ainsi que des sanglots pour les exclusivités Xbox 360 de Yoda et PS3 de Vader. Mais ne pleurez plus : vous pourrez faire s'affronter les deux côtés de la Force sur le pont d'un destroyer stellaire avec du John Williams en musique de fond, Namco ayant révélé qu'on pourra débloquer le Némésis manquant prochainement (gratuitement ou moyennant finance, le suspense reste vaguement entier). Mais en avait-on jamais douté ?

Niveau gameplay, les personnages doués de la Force disposent d'une jauge supplémentaire qui leur permet d'utiliser leurs pouvoirs, et une fois celle-ci vide, ils sont sonnés quelques instants. Les pouvoirs tombent dans la catégorie "bien mais pas top". L'apprenti se pare de coups offensifs amusants comme l'électrocution ou l'invisibilité, Darth Vader quant à lui aime ridiculiser son adversaire avec des chopes à distance bien classes et quelques charges surpuissantes. On regrettera peut-être un manque de variété, avec la Force on aimerait pouvoir envoyer des éléments du décor sur l'autre par exemple. Mais il y a du lancer de sabre laser, du poussage / tirage d'adversaire, et avec les musiques originales des films, on se prend à imaginer ce qu'un jeu complet uniquement Star Wars de cet acabit pourrait donner (S'il vous plait, un Darth Maul à télécharger ? Un Grievous ?)

C'est un peu court, jeune homme

Voilà pour les personnages. Et tous ceux qui ont été annoncés ces dernières semaines alors ? Ah mais rassurez-vous, ils sont là, sauf Kratos, vu que la rumeur était infondée. Simplement les cinq demoiselles bonus ne sont que des skins pour des personnages principaux, reprenant les mouvements de Seong Mina, Astaroth, Amy, Nightmare et Cervantes. Ce n'est pas parfait d'ailleurs : par exemple, Ashlotte, notre petite androïde gothique qui se prend pour le gros barbare à la hache, souffre de quelques bugs d'affichage dus à la différence de corpulence. Exit donc la flopée de persos secondaires de SC3, mais ne boudons pas notre plaisir, et regardons ce qu'on peut faire avec nos 34 protagonistes.

Et là, c'est le drame. Les menus de SC4 sont désespérément vides. En solo, on a droit aux modes Histoire, Tour des âmes, Arcade et Entrainement. Et c'est tout. Plus de team battle, survival et autres modes à foison. Pas de didacticiel. Et pour le versus, c'est pareil, versus standard et spécial et c'est marre. Le mode histoire est extrêmement court, 5 niveaux, une cinématique générique au milieu qui annonce la rencontre d'un des persos bonus, une courte cinématique de fin, une phrase... poum ! Générique. Au bout du compte, il vous suffira d'une pincée d'heures pour débloquer tout le monde, les persos principaux s'achètent pour 4000 piécettes, et 5 passages judicieux dans le mode Histoire débloquent les bonus et fournissent de quoi payer la somme. Quant à l'Apprenti, il suffit de le battre en Arcade avec Vader.

En revanche la Tour des âmes est un challenge intéressant, promettant des heures de lutte acharnée pour débloquer les dizaines d'objets disponibles, dont des trésors cachés qu'on ne peut obtenir que sous certaines conditions, qu'il faudra découvrir soi-même ! Ce mode est, avec certains niveaux du mode histoire, le seul moment où l'on pourra jouer avec plusieurs personnages, sachant qu'on peut désormais en changer en plein milieu du combat via un simple bouton. Un mode qui serait encore plus sympathique si on pouvait l'exploiter en versus !

Barbie Calibur

Car après tout, la raison d'être d'un jeu de baston restera toujours le versus. Ecraser ses potes avec un sourire narquois et un air décontracté. Et cette fois Namco frappe très fort, grâce au mode de création de personnage. Vous pouvez customiser tous les personnages - sauf les bonus manga / Force et Algol - ou bien créer directement le vôtre de toutes pièces avec le style de combat que vous souhaitez. Et ce qui est fort, c'est que ces personnages pourront être utilisés PARTOUT. Pour les personnages existants seuls les costumes et les coiffures sont modifiables, mais pour le reste, vous avez totale liberté avec variation de corpulence, musculature, et de nombreux visages prédéfinis. Il manque toutefois de bonnes grosses barbes, et les variations de taille sont limitées, mais vous pourrez moduler la voix, la posture, et bien d'autres choses encore.

En plus de l'aspect visuel, un côté RPG fait également son apparition : plus vous jouez un personnage, plus son niveau augmente, permettant d'accéder ce faisant à des capacités spéciales. Quatre au maximum, celles-ci nécessitent des points de compétences qui sont modulés par l'équipement que vous portez. A vous donc de partir à la recherche de LA pièce d'équipement au look ravageur et au bonus idéal, afin d'optimiser votre création aux petits oignons. Les capacités spéciales seront utilisables en mode Histoire, mais surtout dans le mode Tour des âmes où elles ne seront pas de trop pour certaines épreuves. Et bien évidemment, pour finir, dans le versus spécial, où votre avatar affrontera l'épreuve du feu.

Tatane ton voisin

Le online, c'est la grosse nouveauté tant attendue de SC4, et les deux modes, standard et spécial, permettront à chacun de trouver son bonheur, en technique pure d'un côté, en optimisation de perso de l'autre. On peut ici soit faire des matchs rapides et progresser dans le classement général, soit rester avec un groupe d'amis et alterner les matchs hors compétition. Le bât blesse par contre côté interface. Si la recherche de parties fonctionne bien, à de nombreuses reprises on clique sur un duel déjà commencé qui nous renvoie un niveau trop haut dans le menu, et il n'y a pas moyen de rafraîchir directement la liste. De même, impossible d'enchaîner les matchs avec le même adversaire, c'est retour au menu direct à chaque fois.

Enfin, il faut faire grand cas de l'indicateur de qualité de connexion. Il y a souvent du lag, ce qui rend toute stratégie impossible, et transforme la partie en du pressage aléatoire de boutons en espérant que ça touche, ou carrément en diaporama pour les pires cas. Une qualité de 4 semble être le minimum pour ne pas être pénalisé, et à 5 c'est presque comme à la maison.

Alors au final, que retenir de cet ultime opus ? Eh bien une fois la désagréable impression de vide passée, ce qui prime reste le plaisir de jeu, et le rafraîchissement du système apporte un bol d'air agréable à la série. Ceux qui n'ont pas d'amis et pas d'abonnement au Live, seront un peu frustrés par le manque de variété du jeu solo. Mais les autres prendront comme toujours un pied monumental, encore plus souvent maintenant qu'il n'y a plus à bouger les miches pour affronter le monde entier. Il ne reste plus qu'à faire croustiller les chips près du micro pour ponctuer ses victoires.