Qu'on se le dise j'en attendais beaucoup d'Abzû, entre autres parce que j'adore le travail de Matt Nava et car la musique d'Austin Wintory me submerge d'émotion. J'avais donc beaucoup d'appréhension mais aussi beaucoup d'excitation avant de me plonger dans le jeu. Il est très difficile de savoir par où commencer pour entamer ce test, de peur d'en dévoiler trop. À l'image de Journey, les premières minutes se savourent comme un bon plat. On est plongé (c'est le mot) au milieu d'un Océan gigantesque sans savoir qui nous sommes et sans savoir pourquoi on est là. Si l'on cherche un peu à en savoir plus, le nom du jeu Abzû donne déjà un indice. Il s'agit dans la mythologie Mésopotamienne d'un Océan souterrain dans lequel vit une vaste variété d'espèces... et c'est précisément ce que nous avons ici.

Dès les premiers instants, les mécaniques de jeu qui se dévoilent à vous, sont on ne peut plus simples à comprendre. J'ai joué à une version PC et il est important de noter qu'une manette Xbox est quasiment obligatoire, car avec le clavier c'est tout bonnement injouable. La page Steam le précise d'ailleurs en gros pour ne pas vous y tromper. Une fois branchée, l'aventure commence et vous en ressortirez chamboulé. Tout de suite vous sentez le coté "Journey" dans le personnage, vêtu de noir et de jaune. Il se meut de manière gracieuse sous l'eau, et on ne sait d'ailleurs pas s'il s'agit d'une femme ou d'un homme, mais pas d'importance le mystère qui l'entoure se dévoilera au fur et à mesure de votre exploration.

Abzû de souffle

Ce que l'on remarque dès les premiers instants c'est que le jeu est beau. Alors certes il n'affiche pas des textures 4K photo-réalistes mais s'en sort très bien d'un point de vu technique et artistique. Du début à la fin, l'émerveillement est total. Le monde maritime est vivant et dense, des centaines de poissons sont affichés à l'écran et donnent impression d'assister à un ballet géant incessant. La poésie est omniprésente et crève l'écran pendant toute la durée du jeu. C'est un point de détail mais notons qu'au fil de nos découvertes nous en apprenons un peu plus sur les espèces qui peuplent nos Océans, leurs noms s'affichant en effet en bas de l'écran. Joindre l'utile à l'agréable en quelque sorte.

C'est là qu'on voit tout le travail réalisé sur la faune et la flore du monde sous-marin. Coraux, poissons, plantes... tout est la pour vous immerger et vous donner la sensation d'y être. Ce qui est intéressant c'est que tout ceci n'est pas qu'un décor. Il est en effet possible de s'accrocher à un requin ou à un dauphin pour progresser plus vite par exemple. Aucun animal n'est votre ennemi, l'harmonie et le calme règnent ici bas. A l'instar de la direction artistique, la musique fut menée de main de maître. C'est tout simplement magistral. Violons, pianos, choeurs, selon l'ambiance voulue la musique accompagne et porte l'aventure de façon grandiose. Le jeu ne s'en cache pas, c'est un élément capital et celui-ci n'aurait pu fonctionner aussi bien sans sa présence. La musique épouse parfaitement le gameplay. Les deux sont indissociables.

Abzû, le jeu aux 1001 interprétations

Gameplay qui est somme-toute assez simple. Au fil de votre avancée, vous devez activer des éléments dans le décor à l'aide de votre "sonar chantant" (nous l'appellerons ainsi) qui permet d'émettre des sons pour communiquer avec les vestiges de ce qui semble être une très ancienne civilisation... VOTRE civilisation ? Très libre d'interprétation, plusieurs thèses sont possibles. Ode contre la pollution des fonds marins ? Mythe d'une civilisation primaire ? Bien d'autres conclusions sont possibles mais les exposer ici serait du spoil pur et simple. Plus que l'histoire, c'est avant tout le feeling qui est important dans Abzû. L'émerveillement est de tous les instants et je ne cache pas mes haltes fréquentes à la surface ou en profondeur pour savourer les paysages qui s'offraient à moi. Onirique, poétique et reposant, Abzû est un chef-d'oeuvre de l'année 2016 et un jeu qui restera gravé dans ma mémoire de joueur une grande partie de ma vie.