Je ne sais pas quelle est votre connaissance des courses de moto, la discipline étant moins suivie chez nous que la F1 ou le Rallye, mais Valentino Rossi est grosso modo l'équivalent d'un Sebastian Vettel ou d'un Sébastien Loeb. Du genre à faire de son numéro 46 un véritable emblème en Italie, au point que la limitation de vitesse de Tavullia, son village d'enfance, est désormais de 46 km/h au lieu de 50 ! Il était donc évident que le studio italien Milestone le choisisse comme représentant pour son nouvel épisode. Ainsi, après une personnalisation sommaire de votre avatar, vous aurez le plaisir de vivre une carrière complète aux côtés de Valentino, en étant immédiatement admis au sein de son académie. C'est d'ailleurs dans son "Ranch" que tout commence et, contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, point d'asphalte en ce lieu mais un circuit en terre battue avec de jolies Supermotards comme montures.

Le ton est donc donné. Si Valentino Rossi The Game a tout pour être un MotoGP 16, il ne se contente pas comme ses prédécesseurs de la course sur piste. Vous y trouverez certes l'ensemble des championnats 2016, 2015 et 2014 de la catégorie reine, mais aussi des championnats plus anciens de 125cm3, 250cm3 et 500cm3, ou encore du Flat Track, du Rallye et du Drift. Oui, le fameux pilote étant aussi amateur des sports automobiles, attendez vous à troquer de temps en temps votre guidon pour un volant, dans des épreuves spéciales ou en duel. Une variété qui s'impose dès la première heure de jeu, pour devenir moins présente une fois les championnats engagés, mais toujours obligatoire si vous voulez entretenir votre niveau de réputation. En clair, l'ensemble se concentre sur le motoGP, vous proposant de progresser en taille de moteur à chaque saison, avec des invitations régulières à des événements plus « fun », histoire de casser la monotonie.

Un gameplay très Milestone

Comme souvent dans le cas des jeux aux disciplines multiples, surtout qu'il s'agit là d'un premier essai pour le studio, il y a pas mal d'imperfections sur les nouveautés. Et la catégorie Flat Track est certainement la plus touchée par ce manque de finition. Côté moteur physique, on reconnaît très vite celui de MXGP 2, pourtant clairement inadapté à la terre battue sans relief ni bosse. En résultent des virages systématiquement pris en se penchant excessivement, là où dans la réalité on aurait plutôt tendance à virer à plat. Et si la moto reste agile et souple, elle manque franchement de répondant et de nervosité, pour tout ce qui touche au freinage ou à l'accélération. Il en va de même pour l'interaction avec le terrain, terreux je vous le rappelle, qui se limite à un point de contact net avec les pneus et un petit peu de poussière histoire de donner un semblant de réalisme. Mais dans les mains, pas vraiment de sensation que les roues accrochent, qu'elles dérapent sur le gravier, qu'elles reprennent de l'adhérence. Pire, les contacts avec les concurrents sont quasiment toujours à votre désavantage, pour peu que vous les tentiez à la régulière. Les rares moments où vous verrez l'IA se gaufrer tiendront d'une tactique hautement répréhensible mais non sanctionnée dans le jeu, et consistant à faucher la roue arrière de votre adversaire avec votre roue avant. Hormis ce cas précis, il y a de fortes chances qu'un petit coup d'épaule vous jette à terre sans crier gare.

Côté Rallye, c'est un peu mieux. Là, c'est le moteur physique de Sébastien Loeb Rally Evo qui est utilisé, de toute évidence. Et s'il n'est pas au niveau de celui de DiRT Rally, il fait néanmoins un travail très correct, sachant que tout se passe sur asphalte lors de spéciales ou de duels, au volant de l'unique Ford Fiesta RS disponible et sur seulement deux circuits : le Monza Rally Show et le Misano WC Marco Simoncelli. Quant aux épreuves de Drift, elles sont à la fois agréables à jouer et plutôt techniques, tout en restant très accessibles. Pas de quoi révolutionner le genre, la variété des tracés n'étant pas au rendez-vous, avec là aussi une seule voiture disponible. Notez d'ailleurs que côté hardware, les volants ne sont pas compatibles, même lorsque vous êtes sur quatre roues. Il faudra vous contenter de la manette avec toutefois la possibilité d'assigner indépendamment les touches entre les véhicules 2 ou 4 roues. Mais si tout ceci est bien sympathique, ça reste de l'ordre de l'amusement. Et de toute évidence ces trois nouveaux types d'épreuves n'ont pas fait l'objet d'un véritable développement dédié et ne sont là que pour agrémenter la partie principale de Valentino Rossi The Game : la course de moto sur circuit.

Ceux d'entre vous qui connaissent bien les précédents MotoGP retrouveront ici rapidement leurs marques, tant les évolutions sont peu nombreuses. Le gameplay est quasiment identique à l'opus 2015. On retrouve toute une gamme d'aides au freinage et à la prise de courbes, permettant aux néophytes de découvrir en douceur la conduite particulière de ce genre de bolides, quitte à sacrifier tout aspect simulation. D'un autre côté, en refusant de céder à la facilité, même progressivement, on a accès à un contrôle moins permissif, demandant de l'expérience comme de la concentration en course. Reste que la gestion des virages est toujours aussi inadaptée au stick analogique d'une manette et qu'il est donc sacrément difficile d'atteindre la fluidité dont sont capables les pilotes contrôlés par la machine sans faire appel à l'option qui permet de bloquer automatiquement la trajectoire en courbe. Et dans tous les cas, il va vous falloir du temps pour appréhender ce pilotage, surtout qu'une certaine latence entre votre action et celle de votre moto vous demande d'anticiper constamment. Si ce décalage est normal et voulu (puisqu'il correspond au déplacement du corps sur la moto), il a le défaut de ne pas disparaître suffisamment à faible vitesse, limitant les possibilités de se rattraper d'une erreur de trajectoire. Ajoutez à cela une séparation pas si évidente que ça entre frein avant et frein arrière, ainsi que l'absence remarquable de sensations de grip, et vous comprendrez que même sur piste, Valentino Rossi The Game ne possède pas les atouts d'une simulation digne de ce nom. Non pas que le gameplay manque de profondeur, mais il ne transcrit pas vraiment les subtilités de la conduite de 2 roues et reste beaucoup trop flou. Un problème récurrent chez le développeur, puisque le récent Sébastien Loeb Rally Evo présentait grosso modo le même défaut.

Néanmoins, une fois les mécaniques de jeux assimilées, on prend du plaisir à enchaîner les virages à toute vitesse, en regardant le pilote coller ses épaules à la route. Idem avec les tactiques de jeux si spécifiques à la moto sur circuit, entre protection des trajectoires et attaques surprises. Et si l'erreur se paye au prix fort, elle peut être effacée d'un simple retour arrière. Cette fonction, qui peut être désactivée dans les options, permet de remonter le temps sur plusieurs dizaines de secondes par simple pression d'une touche. Idéal pour travailler un virage, en enchaînement jusqu'à sa maîtrise complète, ou simplement pour effacer une grossière bêtise de l'IA. Car si la gestion des concurrents en solo a été grandement améliorée, elle reste source de frustration. Déjà, elle ne pardonne pas les écarts illogiques de trajectoire, ce qui en soi est normal. Par contre, elle n'hésite pas à vous percuter dès qu'elle en a l'occasion et, comme en Flat Track, avec peu de chance d'être gagnant de ces duels involontaires. Heureusement, avec la maîtrise du jeu, ce défaut disparaît quasi complètement et vos concurrents deviennent plus de véritables alliés, capables de vous montrer les trajectoires idéales, puisqu'ils n'en sortent pour ainsi dire jamais.

Hommage et contenu en fête

La carrière, bien que classique et sans surprise, est complète et permet de se la donner en Moto3 puis Moto2, avant d'aborder enfin la classe suprême, sur l'intégralité des circuits de la saison réelle en cours. La gestion des courses est elle-même exemplaire, avec application ou non des pénalités pour piste coupée, et des dégâts plus ou moins prononcés. Chaque championnat offre au choix des séances d'essais, de qualifications et des tours de chauffe, avec la possibilité de rentrer aux stands pour peaufiner ses réglages à volonté, à la manière d'un Project CARS. À ce sujet, on vous permet d'aborder la question des modifications techniques de deux façons. En manuel, point par point, avec un conseil sur l'action de chaque curseur, ou en posant votre problème directement à l'ingénieur qui, par une suite de questions, va pouvoir vous proposer une solution clé en mains. Ce deuxième système est juste super efficace et permet à chacun d'améliorer ses performances sans trop mettre les mains dans le cambouis.

Toujours dans la partie solo, on trouve les défis du « Doctor », issus des meilleurs moments de la carrière du champion, qui sont autant de chances de mettre ses talents de pilote à rude épreuve tout en découvrant quelques unes des pépites offertes par Valentino Rossi à l'histoire de la moto. À cela s'ajoute l'intégralité des motos officielles conduites par le pilote, ainsi qu'une bibliothèque de contenu sur les grandes étapes de sa carrière. De ses premières victoires à ses remontées fantastiques, en passant par les duels les plus incroyables, l'hommage est complet et ravira les fans du genre. Et histoire d'augmenter encore une durée de vie plus qu'honorable, un mode multijoueur classique vous permet de jouer en ligne à chaque type d'épreuve rencontrée en jeu et, chose devenue assez rare pour être signalée, d'y jouer en écran partagé.

Quant à votre évolution au sein de la carrière, elle est conditionnée par vos points de réputation, glanés au fil des courses en fonction de vos résultats. En clair, vous ne faites que progresser et votre avatar y gagne en qualités de pilote avec une amélioration légère du gameplay à la clé. Petit à petit, la conduite devient plus nerveuse, plus précise et mieux adaptée aux grosses cylindrées, sans bouleverser les sensations générales. Cette méthode permet d'avancer à son rythme, quitte à ne pas voir le podium pendant les premières saisons, sans que cela n'aie d'influence sur la finalité du jeu puisqu'il n'y a aucune limite de temps pour atteindre le haut du classement. Evidemment, seul un classement élevé au championnat vous permettra de passer à la catégorie supérieure avec, selon vos résultats, plusieurs propositions d'écuries reçues par email au sein du jeu, à la manière de ce que propose Project CARS encore une fois. Et contrairement à un DiRT Rally, rien ne vous empêche de régler le niveau de difficulté général pour survoler les courses et rafler tous les points, histoire de vous retrouver rapidement au guidon d'une 1000 cm3. Clairement, Valentino Rossi The Game est accessible à tout le monde, même aux pilotes de tricycle.

Ne pique ni les yeux, ni les oreilles

En effet, au niveau du visuel, difficile de reprocher quoi que ce soit à Valentino Rossi The Game. S'il ne décolle pas les rétines et n'offre pas le meilleur spectacle actuel, il s'affiche néanmoins avec une image des plus propres et un rendu global de bonne qualité. L'aliasing y est vraiment discret, le framerate semble tout à fait stable et les différents effets de lumières et d'ombres sont réussis. Les modèles 3D des bolides comme des pilotes ont peu évolué depuis l'épisode précédent, mais restent d'un niveau tout à fait correct avec quelques améliorations au niveau des animations, rendant l'ensemble beaucoup moins raide. De même, les textures de l'asphalte et des abords du circuit sont parmi les plus réalistes du moment. Alors bien sûr, ce résultat n'a rien d'exceptionnel, puisque les circuits sont plutôt avares en détails et presque dépourvus d'animations contextuelles, mais il faut dire que l'ensemble reste très agréable à regarder, même sur la durée. On regrette néanmoins que la météo et le défilement du temps ne soient pas dynamiques, ou que les dégâts ne soient pas gérés visuellement. Aussi, les vues « guidon » et « casque » auraient certainement mérité un effet fish-eye dynamique lors des accélérations et freinages, histoire de paraître un peu plus réalistes.

Au niveau sonore, peu de surprise, si ce n'est une ambiance beaucoup plus électro qu'auparavant, avec des thèmes musicaux proches de ceux de Trials Fusion et manquant clairement de variété. Mais une fois la musique coupée, on reconnait bien le régime moteur propre à chaque cylindrée avec tout de même quelques réserves sur le réalisme, l'ensemble étant trop propre, trop synthétique et manquant de belles pétarades au changements de rapports. Surtout que le seul moteur réellement audible est celui de votre propre moto, même en 7.1, et celui ci ne subit aucune variation environnementale. Pour finir, on aurait apprécié que la vue de casque propose une véritable atténuation de fréquences, comme dans la réalité. Bref, il y a encore beaucoup à faire sur ce point devenu pourtant essentiel à une bonne immersion.