Project X Zone 2 raconte comment un bouleversement dans le continuum espace temps a provoqué la création de portails liants diverses dimensions et époques. Ce bouleversement est l'oeuvre de célèbres antagonistes du jeu vidéo (M. Bison, Pyron, Sigma, Zagi, T-Elos, etc.) qui souhaitent profiter de ces portails pour récupérer des objets dans les différents mondes. Ces derniers sont bien évidemment censés leur permettre de réaliser leurs sombres desseins. Certains ont soif de pouvoir, d'autres de revanche, tandis d'autres cherchent à faire revivre un allié.

Pour tenter de contrer ces plans, les héros de différents mondes se voient obligés de collaborer et de voguer d'univers en univers à la poursuite de leurs ennemis. À l'instar de celui qu'ils avaient dans le premier Project X Zone, le but des héros est donc de mettre un terme aux méfaits des méchants et de permettre à chacun de rentrer chez soi. Comme il est possible de s'en douter à la lecture de ces lignes, le jeu ne remportera pas de prix pour la complexité de son intrigue. Il faut cependant souligner qu'il est particulièrement compliqué de mettre en scène et en avant tant de personnages principaux (ce n'est pas Joss Whedon, le réalisateur des deux premiers films Avengers, qui dira le contraire). Même si elle est simple, et qu'elle s'éparpille un peu par moments, l'histoire de Project X Zone 2 reste dans l'ensemble simple à suivre. Et c'est bien là l'essentiel pour un cross-over si complexe.

Impossible de parler de Project X Zone 2 sans s'attarder sur sa distribution et sa manière de réaliser ce cross-over de l'extrême. Les développeurs ont donc repris une partie des personnages déjà présents dans le premier épisode. Des héros comme Ryu et Ken de Street Fighter, Jin et Heihachi de Tekken, Chris et Jill de Resident Evil, ou encore Vashyron et Zephyr de Resonance of Fate, sont tous de retour. En parallèle à ces revenants, l'éditeur du titre a pioché dans son vaste catalogue de licences ainsi que dans ceux de Capcom et SEGA. Ryo Hazuki de Shenmue, le mythique Segata Sanshiro des publicités japonaises pour la Saturn, Phoenix Wright de la série Ace Attorney, Captain Commando, ou encore Strider Hiryu font donc partie des héros qui font leur arrivée dans cette série 100% cross-over. Cerise sur le gâteau pour les fans de Nintendo, Bandai Namco s'est alloué les services de Chrom et Lucina de Fire Emblem : Awakening, ainsi que de Fiora de Xenoblade Chronicles.

Une qualité de Project X Zone 2 réside dans son respect pour les personnages et les mythologies de tous les éditeurs représentés. Même si le jeu a un ton souvent humoristique, les choses ont été faites d'une telle manière que le titre aurait très bien pu être un jeu SEGA ou Capcom. Et que les joueurs qui ne connaissent pas tous les personnages se rassurent : le jeu contient une encyclopédie dans laquelle chaque héros, ennemi et PNJ a son entrée. Il est ainsi possible de se renseigner sur la provenance et l'histoire de chaque personnage du jeu. Pratique.

Pour des joueurs, par des joueurs

Comme sous-entendu plus haut, le gros point fort de Project X Zone 2 est la présence dans un même jeu de nombreux personnages qui n'auraient jamais dû se rencontrer. Cela fonctionnait déjà plutôt bien dans le premier épisode, mais cette fois les auteurs du jeu ont souhaité pousser les choses encore plus loin. En plus des dialogues liés à la progression de l'histoire que le joueur verra nécessairement, le titre contient un grand nombre d'échanges qui se déclenchent uniquement lorsque certaines associations de personnages sont faites. Axel de Street of Rage ne dira par exemple pas la même chose lorsqu'il est associé à X et Zero de Mega Man X que lorsqu'il est lié à Akira et Kagemaru de Virtua Fighter. Et cela donne lieu des dialogues très souvent drôles qui se permettent des références pour le moins inattendues aux différents titres dont sont tirés les protagonistes de Project X Zone 2. Même si chaque joueur a forcément ses petits chouchous, il est vivement conseillé de varier les équipes pour découvrir l'intégralité de ces dialogues "cachés" d'avant et d'après combat (nous vous proposons par ailleurs de découvrir une partie d'entre eux dans notre galerie spéciale). Cela étant dit, le reste des dialogues du jeu vaut lui aussi leur pesant de cacahuètes. Les auteurs se sont amusés à placer des blagues et des clins d'oeil à tout ce qui compose aujourd'hui la culture geek. Il est par exemple fait référence à des choses comme les fuites d'information sur un jeu avant sa sortie, la violence dans les jeux vidéo, la presse jeu vidéo, les otaku occidentaux qui ajoutent des expressions japonaises dans toutes leurs phrases, etc. Les scénaristes se sont donnés beaucoup plus de mal sur Project X Zone 2 que sur le premier épisode. Cela se sent et c'est apprécié.

Pour cette suite, Bandai Namco Entertainment a fait l'effort de traduire les nombreux textes du jeu en Français. Ce qui n'était pas le cas dans le premier épisode. Et c'est une grande et bonne nouvelle pour les anglophobes tant les dialogues et les références sont nombreux. Dans l'ensemble, l'équipe de localisation francophone a fait du très bon travail. Les répliques sonnent juste et les blagues font souvent mouche. La traduction d'un titre mélangeant tant de licences nécessite le travail de traducteurs qui connaissent l'ensemble de ces licences. En effet, certaines références pourraient passer au-dessus de la tête d'un traducteur lambda, mais ce n'est pas le cas ici dans la grande majorité des cas. On regrettera bien évidemment que le traducteur n'ait pas compris la blague de Ryo Hazuki sur les chariots élévateurs, mais bon, c'est vraiment pour chipoter.

Du bon son dans les oreilles

En ce qui concerne la réalisation de Project X Zone 2, le jeu est très proche de son prédécesseur en termes de style. Il est cependant possible de noter que les sprites des personnages sont un peu plus gros et détaillés que ceux vus dans le premier épisode. Les petites séquences animées qu'il est possible de voir pendant les attaques spéciales sont quant à elles mieux dessinées et animées que celles de Project X Zone premier du nom. Autre gros point fort du jeu : sa bande-originale. En parallèle aux compositions créées spécialement pour les besoins de cette aventure, le titre utilise des pistes prises aux différentes licences représentées ou évoquées dans le jeu. Entendre Sedge Tree de Shenmue ou le thème musical de Segata Sanshiro en pleine partie, quel bonheur ! Et sans rentrer dans les détails pour ne pas gâcher la surprise à ceux qui comptent jouer à Project X Zone 2, il arrive que certaines références faites dans le jeu soient uniquement musicales. Il semblerait que le succès commercial de Project X Zone a bien aidé le budget de cette suite. Et ce ne sont pas les joueurs qui vont s'en plaindre.

En termes de gameplay, Project X Zone 2 est dans l'ensemble similaire à son prédécesseur. Il s'agit toujours d'un Tactical-RPG relativement simple d'accès dans lequel le joueur termine un niveau en éliminant tous les ennemis présents sur la map. Et comme dans le premier épisode, le joueur incarne dans chaque tour de jeu une équipe composée d'une unité duo et, s'il le souhaite, d'une unité solo (aidée, si sa position sur la map le permet, d'une autre unité duo présente à proximité). Cela étant dit, plusieurs modifications ont tout de même été apportées au système de jeu. Le positionnement vis-à-vis des ennemis influe désormais sur la quantité de dégâts effectués. Comme le veut la logique, attaquer un ennemi par derrière permet de faire plus de dégâts que de l'attaquer de face.

Tout est dans le timing

Avant d'attaquer, il est également important de tenir compte des compétences des héros et des ennemis. Parmi ces derniers, certains ennemis disposent par exemple d'un bouclier qui, avant sa destruction, empêche le joueur de faire des dégâts. Dans ce cas de figure, il est important d'utiliser une technique permettant de briser ce bouclier, ou d'envoyer une unité solo ou de soutien ayant pour compétence la destruction de ce bouclier. Ainsi, le joueur ne gâche pas un des trois coups que l'unité duo peut asséner lors de chaque offensive. Autre exemple : le poids des ennemis. Certains adversaires sont plus lourds que d'autres et sont projetés moins hauts par les coups des héros. Il faut donc tenir compte de cet élément lors de l'enchaînement des attaques pour tenter de réussir à placer des coups critiques malgré ses variations. Autre ajout : celui du système de "Mirage Cancel." Lorsque le duo incarné par le joueur voit son taux de PX atteindre les 100%, il a la possibilité d'activer cette capacité spéciale, qui correspond à un ralentissement du temps donnant une occasion supplémentaire d'attaquer. Bien timé, un "Mirage Cancel" permet de faire des coups critiques particulièrement dévastateur, de récupérer du XP et d'allonger les combos. Mal utilisé, il mène souvent à des coups envoyés dans le vide. Exigeant en matière de timing, le "Mirage Cancel" n'est pas évident à placer.

Et là n'est pas le seul aspect du gameplay qui a vu son timing retravaillé. S'il était dans le premier épisode aisé d'enchaîner les "Cross Hits," autrement dit les puissantes attaques combinées de l'unité Duo et de l'unité Solo, c'est une autre paire de manches dans Project X Zone 2. Plutôt que de s'acharner à tenter de réaliser des "Cross Hits," une stratégie efficace consiste à soigner au maximum le timing des attaques pour essayer de jongler avec les ennemis à l'aide de coups critiques. Plus le combo réalisé est long, plus la quantité d'or gagnée après avoir mis KO un ennemi est importante. Et plus le nombre de séquences critiques est important, plus l'expérience amassée est conséquente. L'or permet, entre deux niveaux, d'acheter des objets de soin, des remèdes et des équipements (qui augmentent par exemple la barre de vie de l'équipe qui les utilise) dans la boutique du jeu. L'expérience peut quant à elle être dépensée entre deux niveaux sur l'amélioration des statistiques des différentes attaques.

Tous ces éléments, associés à un rythme des niveaux plus soutenu et à des objectifs liés à certains niveaux (comme désamorcer des bombes avant le début d'un tour donné ou empêcher les ennemis d'atteindre un point de la map) montrent que les développeurs de Monolith ont clairement cherché à revoir leur copie après la sortie du premier Project X Zone. Mais malgré un aspect stratégique plus travaillé que dans le premier épisode, il est évident que Project X Zone 2 n'est pas le Tactical-RPG le plus exigeant au monde. Un joueur qui prendra le temps de soigner un minimum son paquetage et qui ne foncera pas tête baissée vers l'adversaire parviendra à s'en sortir sans trop de difficulté. Ce qui est une bonne chose vu que l'aspect cross-over du jeu va certainement attirer des personnes qui n'ont jamais mis les mains sur un titre de ce genre. En revanche, les experts du genre risquent peut-être de le trouver trop simple et redondant. Mais là encore, le gameplay du jeu n'est clairement pas son argument de vente principal. Et il est plaisant de voir que les développeurs ne se sont pas contentés de se reposer sur la puissance d'attraction des personnages présents dans le jeu et ont cherché à proposer un jeu accessible et amusant.