La série des Yakuza a toujours proposé des petits morceaux de Japon aux joueurs. C'est ce qui fait d'ailleurs son intérêt pour certains occidentaux passionnés par l'Archipel et qui n'ont pas l'occasion de se rendre fréquemment au pays de Kojima. Yakuza 5 ne déroge pas à la règle et va même plus loin que ses prédécesseurs. En effet, non content de donner un aperçu, très romancé certes, du monde de la pègre japonaise, il met également en scène d'autres univers, tous véritablement différents les uns des autres, pour la première fois.

Virtual Japan

Devenir "simple" chauffeur de taxi de Fukuoka, partir à la chasse à l'ours dans un petit village de montagne isolé qui vit tant bien que mal de son gibier, lancer la carrière d'une jeune chanteuse (la petite Haruka que les fans de la série connaissent bien) dans le curieux et souvent glauque monde des idols d'Osaka, ou encore découvrir la vie d'un joueur de base-ball déchu vivant dans la région de Nagoya sont les situations inédites dans lesquelles chaque joueur de Yakuza 5 va successivement se retrouver (avant de revenir bien entendu dans le traditionnel quartier "fictif" de Kamurochô). Et on prend son pied tout au long de l'aventure.

Toshihiro Nagoshi et son équipe ont une fois de plus réussi à allier avec brio trame de fond extrêmement sérieuse, et parfois touchante, à des situations humoristiques (dans certains cas involontairement) et à des quêtes parfois complètement farfelues. Quel plaisir que de pouvoir déambuler dans ces quartiers japonais variés et bourrés de placement produits crédibles où les activités jouables pullulent (salles d'arcade avec version complète de Virtua Fighter 2, bars à hôtesses, cage d'entraînement de baseball, golf, pêche, karaoké, bowling, etc.) et où les missions annexes vous attendent à tous les coins de rue.

Violent, mais pas que

Bien évidemment, les opportunités d'en venir aux mains sont toujours très nombreuses et Yakuza 5 fait, comme ses prédécesseurs, preuve d'une violence à la fois extrême et créative. Pour qui a déjà joué à un titre de la série, le système de combat à mi-chemin entre un Beat 'em All et un jeu de combat à proprement parler ne réserve pas de surprise majeure. À noter tout de même que dans le chapitre d'Haruka, les combats sont remplacés... par des battles de danse. Ça change et c'est cohérent avec l'histoire racontée dans ce passage.

En plus des traditionnelles quêtes annexes évoquées ci-dessus (environ 80) sans aucun rapport avec l'histoire principale du jeu, chacun des cinq personnages jouables dispose de plusieurs dizaines de missions facultatives liées à son histoire qui viennent encore plus enrichir le contenu du jeu. Saejima part, par exemple, chasser cerfs, renards et autres ours, tandis qu'Haruka doit participer aux événements pas toujours réjouissants qui font la vie d'une idol (séance de serrage de mains avec des otaku, participation à des émissions de télé aux concepts parfois étrange, etc.). Pour qui souhaite absolument tout faire dans Yakuza 5, le temps de jeu dépasse largement la centaine d'heures. Alors oui, certaines scènes cinématiques de l'histoire principale traînent un peu en longueur. Mais elles sont de qualité et n'empiètent en rien sur le conséquent temps de jeu.

C'est dans les vieux pots...

Techniquement, il est important de garder à l'esprit qu'il s'agit d'un jeu initialement sorti sur les PlayStation 3 japonaises fin 2012. Même si les visages des principaux protagonistes sont toujours aussi plaisants à regarder, et que les décors bénéficient une fois de plus d'un niveau de détail avancé (un régal pour qui aime ou aimerait visiter le Japon), la partie technique du titre montre sérieusement son âge. Ne pas pouvoir passer entre deux barrières pour descendre d'un trottoir et être obligé de trouver un passage plus large pour le faire, ou voir un tout petit élément du décor être dans un espace impénétrable important, cela fait un peu de peine à voir en 2016. Mais cela n'enlève rien à l'immersion que permet le jeu et à la qualité de l'expérience.

Au fond, les seuls véritables défauts de Yakuza 5 ne sont pas liés au jeu en lui-même mais à la manière qu'a eu SEGA de le gérer : absence des sous-titres en Français qui limite une fois encore le potentiel commercial de la série en France, sortie extrêmement tardive (trois ans après sa disponibilité japonaise) sur une console qu'un grand nombre de joueurs n'utilise plus ou n'a plus, et absence d'une version boîte du jeu en Occident. Mais cette sortie de Yakuza 5 en Europe était tellement inespérée que c'est finalement le fait de pouvoir enfin découvrir les nouvelles aventures de Kazuma Kiryu que l'on retient.