Tout d'abord, il convient de rappeler que le troisième épisode n'étant à ce jour toujours pas sorti en Europe, les non-adeptes de l'import ne comprendront pas forcément à quoi les personnages font référence. Néanmoins, cela n'est pas vraiment gênant, car dès la première affaire à laquelle on est soumis, la situation est claire comme de l'eau de roche. Phoenix Wright est sur le carreau depuis 7 ans, date à laquelle on lui a retiré son badge d'avocat. Fini pour lui les plaidoiries délirantes et les prises de bec avec les procureurs extravagants. Pire encore, pris dans une affaire de partie de poker qui a dégénéré, il se retrouve lui-même sur le banc des accusés. Et c'est vous, Apollo Justice, jeune avocat qui n'est pas sans rappeler les débuts de Phoenix (y compris au niveau de la coupe de cheveux), qu'on a dépéché pour défendre son cas. Très rapidement donc, dès la première seconde même, on se sent en terrain connu. Mais si en termes de casting, une révolution s'est opérée, au niveau du gameplay, ce n'est carrément pas le cas. Même interface, même style de jeu (principalement textuel), mêmes mécaniques, mêmes codes visuels, bref, tout pareil, y compris au niveau de l'assistante ingénue qui nous accompagne, campée ici par une ado magicienne mais surtout crédule.

Phoenix es-tu là ?

Certains, à ce stade du texte, se demandent à raison : quelles sont les nouveautés apportées par cette version spéciale DS ? Hé bien pour dire les choses franchement, quasiment aucune. En fait, nous voilà avec l'équivalent de la dernière enquête de la version DS du premier volet, mais appliqué cette fois à l'ensemble de l'aventure. C'est-à-dire qu'à certains moments, on se retrouve, tel un expert scientifique, à relever des empreintes digitales pour lesquelles il faudra étaler de la poudre en tapotant sur l'écran, puis souffler sur le micro, ou encore à réaliser un moulage d'empreintes de pas à l'aide de plâtre. Rien de transcendant donc. Du côté des possibilités 3D, on peut examiner certains objets de l'inventaire sous tous les angles, ce qui permet de révéler des indices supplémentaires. De même, à certains moments clés du procès, on aura droit à des reconstitutions en 3D façon "Les Experts", plutôt minimalistes (pas en fil de fer, mais presque). Enfin, et c'est la seule grande nouveauté, il faudra observer attentivement les témoins pendant les interrogatoires, grâce à un bracelet mystique que l'on utilise aux moments décisifs afin de déceler leurs tics nerveux et ainsi mettre en évidence leur parjure.

Nouveau jeu, vieux gameplay

Pour tout le reste, on se retrouve avec le fonctionnement habituel : à savoir un gameplay en deux parties bien distinctes. Une première, "sur le terrain", pendant laquelle on enquête en posant une tonne de questions aux personnes que l'on rencontre dans divers lieux, mais aussi en fouillant partout à la recherche d'indices et de pièces à conviction qui permettront de trouver les arguments nécessaires à l'acquittement du client lors du procès. Ce dernier étant justement la deuxième phase du gameplay au cours de laquelle il faudra, la plupart du temps, mener un contre-interrogatoire pour relever les contradictions entre témoignages à la barre et indices justement amassés au préalable. Comme d'hab' quoi.

C'était mieux avant ?

Ceux qui reprochaient leur linéarité aux précédents volets pesteront encore. On doit toujours suivre un chemin bien défini qui ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre. Personnellement cela ne me gêne pas un poil, mais ce ne sera probablement pas le cas de tout le monde. En fin de compte, que rien n'ait changé ou presque depuis le premier épisode n'est pas plus gênant que ça, tant que l'on retrouve la magie habituelle qui constitue les Ace Attorney. A savoir des procès délirants, à la limite de l'absurde, et une galerie de personnages tous aussi loufoques que déjantés.
Est-ce le cas de ce nouveau volet ? Hé bien, il faut avouer que si la magie est encore présente, elle s'est tout de même estompée. On n'est plus étonné par les procès que l'on doit mener et les divers retournements de situation ont tendance à laisser de marbre. Mais surtout, on connaît déjà les rouages quasiment par coeur, ce qui fait que finalement, on enchaîne les évènements presque machinalement, sans aucune surprise, et donc sans parvenir à se passionner réellement pour ce qu'il se passe. Pareil pour les personnages, qui par rapport à ceux des autres épisodes, manquent de charisme. Même Phoenix Wright a tendance à agacer au cours de ses brèves apparitions. Idem pour les jeux de mot, véritable marque de fabrique de la série, qui ne sont pas très imaginatifs.

Time for a change

Au final, il faut voir Apollo Justice comme une sorte d'add-on, composé de quatre enquêtes que l'on termine sans broncher,que l'on soit ou non connaisseur de la série, et certainement pas comme une révolution dans la série des Ace Attorney. Ni même une évolution. Et au final, si la sauce prend encore, nous procurant un certain plaisir de jeu, les habitués traverseront le jeu avec l'air blasé du vieux couple englué dans la routine du lit conjugal. Une situation qui confirme que la franchise devrait prendre une autre direction, ce qu'en fin de compte Capcom semble avoir compris vu les dernières news qui ont filtré.