Que vous n'ayez jamais posé votre pointeur de souris sur un Sim City ou que vous soyez un maire virtuel confirmé, vous ne devriez avoir aucun mal à vous lancer dans Cities Skylines. Cette précision est importante, car contrairement à ce que l'on pourrait penser de prime abord avec ce genre de jeux, Cities Skylines n'est pas réservé à un public d'intellectuels rompus aux menus complexes et aux interfaces obscures. Non, avec ce titre, tout le monde va pouvoir goûter aux joies de la politique locale et de l'étalement urbain.

Des routes pour éviter la déroute

Après avoir sélectionné le type de terrain et d'environnement où l'on va s'établir, on enfile son casque et sa chasuble pour démarrer les grands travaux. On commence donc par tracer des routes, dessiner des quartiers et créer des carrefours. Pour ne pas stériliser instantanément sa trésorerie dans le bitume, mieux vaut éviter d'être trop ambitieux au départ et se contenter de petites zones, tout en essayant de penser sa ville sur le moyen terme. Ensuite, on doit s'atteler à rendre constructible les zones environnantes. On peut alors choisir de placer des zones d'habitations, commerciales ou des secteurs dédiés à l'industrie, chacune de ces zones utilisant un code couleur facilement identifiable. À ce stade, déjà, je peux vous dire que tout est d'une ergonomie sans reproche et d'une facilité déconcertante. Un effort a été particulièrement fourni pour simplifier la vie du joueur et servir une interface intuitive, claire et logique.

Mettre la population au courant

Composants essentiels du développement de la vie moderne, l'eau et l'électricité doivent ensuite être apportées jusqu'aux zones constructibles. On peut par exemple choisir de bâtir des centrales à charbon et ainsi faire fi de notre empreinte carbone ou au contraire, développer les énergies renouvelables et se lancer dans la construction d'éoliennes tout azimut, quitte à casser les oreilles des habitants du coin (et donc générer du mécontentement). Relier nos générateurs d'énergie ou nos conduites d'eau potable aux habitations est également un jeu d'enfant, puisqu'il n'est pas nécessaire de relier chaque bâtiment au millimètre près : le système de "zonning" de Cities Skyline est bien pensé et nous évite de rentrer dans un micro-management dont les vrais visionnaires n'ont que faire.

Des services publics pour tous

Sans jamais nous mettre des bâtons dans les roues ni se montrer envahissant, le jeu nous accompagne dans notre progression de manière intelligente et en douceur. À chaque fois que notre ville va grossir, on va avoir la possibilité de s'étendre davantage, de construire de nouveaux types de bâtiments ou de nouveaux services publics. Il faudra penser à bâtir des écoles, des casernes de pompiers ou des commissariats de police et bien réfléchir à leur emplacement, pour desservir un maximum d'habitants. La gestion du ramassage des ordures est également prise en compte, ainsi que le trafic routier et les transports en commun. La gestion de la circulation est d'ailleurs l'un des gros points fort de Cities Skylines, avec un rendu visuel en temps réel très convaincant. Pour résorber les différents goulots d'étranglement qui ne manqueront pas de se créer, il faudra alors repenser les voies de circulation ou développer, par exemple, les lignes de bus ou de métro. Petit bémol : la gestion des lignes de bus est assez confuse et elles s'avèrent parfois peu pratiques à tracer.

Modernisation de l'action vidéoludique publique

Le jeu regorge aussi de bonnes idées : en plus de la gestion "traditionnelle" de notre ville, telle qu'on la retrouve sur un Sim City, le jeu prend en compte la présence de ressources naturelles (certains secteurs sont particulièrement venteux et donc propices à l'installation d'éoliennes), mais également la possibilité de gérer des quartiers entiers avec la mise en place d'une politique bien précise. Cela va de la gestion des impôts, évidemment, au développement du tourisme, de l'agriculture ou de la mise en place d'arrêtés municipaux visant à réduire la consommation d'eau, par exemple. C'est ce genre de petits détails qui densifie la crédibilité et prolonge l'intérêt du titre, ce qui contribue également à lui donner une longueur d'avance sur ses précédents concurrents. Enfin, point de catastrophe ni d'invasion inopinée d'aliens ou de Godzilla au menu, et c'est tant mieux.

Réforme visuelle

Contempler sa ville en ébullition est également un des plaisirs savoureux qu'offre Cities Skylines. La vie qui s'en dégage est palpable, les véhicules qui la sillonnent ont un comportement individuel bien marqué et les bâtiments sont relativement bien détaillés, même si je dois avouer que leur variété pêche un peu, surtout en début de partie. Je déplore également l'absence d'anti-aliasing et un effet de flou assez désagréable, surtout lorsqu'on zoome d'un peu trop près. Mais globalement, le rendu visuel est plus que satisfaisant et l'optimisation du titre est au rendez-vous : sur une machine de joueur qui a les reins solides, je n'ai pas noté de saccades gênantes, même sur une ville de grande taille.

Ceci étant, et même si la carte graphique joue toujours un rôle fondamental sur un jeu PC, je pense qu'un processeur de type i7 ou i5 récent et un bon paquet de RAM ne sont pas de trop pour rester au-dessus des 30 fps avec une ville complexe. Une bécane plus modeste reste bien entendu envisageable si vous n'êtes pas trop regardant sur la fluidité générale, qui est de toute façon moins vitale sur un jeu de ce genre que sur un jeu de bagnoles ou sur un FPS. Côté bande-son, les musiques sont assez pénibles et j'ai fini par les désactiver au bout d'un quart d'heure pour parvenir à me concentrer un minimum. Heureusement, les bruitages et la multitude de petits sons qui donnent vie à notre environnement sont nettement plus agréables à écouter et renforcent encore l'immersion.

Plan de relance

Alors, Cities Skylines, c'est un sans-faute ? Pas tout à fait. Si le titre s'en sort à merveille et remplit la plupart de ses objectifs, il reste quand même des petites choses qui me chagrinent : hormis la gestion un peu confuse de certaines lignes, à l'image des bus, c'est aussi la gestion du trafic en général qui n'est pas toujours aussi évidente que ça, surtout dès que ça se complexifie. Du côté visuel, le manque de réglages et d'options graphiques est assez regrettable, car l'aliasing et cet effet de flou gênant sont trop visibles de près, même en 1920x1080. Enfin, l'ersatz de compte twitter des habitants qui s'affiche en permanence et de manière intempestive a tout de la fausse bonne idée : censé nous informer du ressenti de nos administrés en temps réel, c'est marrant 5 minutes mais ça devient rapidement irritant et on ne pense ensuite qu'à le désactiver.

Ceci étant, les reproches que l'on peut formuler ne pèsent finalement pas très lourd par rapport aux innombrables qualités que renferme Cities Skylines. Bonne nouvelle également, le jeu est totalement ouvert à la communauté et prêt à recevoir une multitude de mods via Steam Workshop. Bref, avec une telle richesse, une interface d'une clarté exemplaire et de nombreuses bonnes idées ajoutées à celles déjà repiquées de Sim City, on tient là le véritable successeur du titre historique de Maxis... Jusqu'à preuve du contraire !