Comment ne pas débuter ce test en vous parlant des prouesses esthétiques d'Ori ? Après son annonce, ses premières images et vidéos, on savait certes à quoi s'attendre... et pourtant, durant les 10 heures environ qu'il nous a fallu pour boucler le jeu, l'émerveillement a été constant. Quand les choses sont si belles, on ne peut simplement pas s'y habituer. Le vaste monde créé ici regorge de décors extrêmement variés et tous plus beaux les uns que les autres. Le soin apporté à l'animation détaillée des personnages, aux effets visuels qui explosent à l'écran, aux sons et à la bande originale fantastique signée Gareth Coker ne font qu'ajouter à l'émerveillement. C'est non seulement beau mais aussi très juste, le bon goût est partout.

Références en cascade

Les développeurs ne s'en cachent pas : Ori est un jeu référentiel, un hommage à de nombreuses oeuvres, qu'il s'agisse de jeux ou de films. La plus évidente des références nous vient sans aucun doute du Japon et des Studios Ghibli, particulièrement Princesse Mononoke et Mon Voisin Totoro. Pour autant, Ori a su trouver ses originalités, sortir de ce carcan référentiel et se constituer sa propre personnalité... Et de quelle manière ! Le prologue est d'ailleurs d'une beauté à vous tirer des larmes, tandis que les cinématiques qui ponctuent les différents chapitres ne sont pas en reste...

Mais comme le reste des qualités d'Ori, les références ne s'arrêtent pas à l'aspect purement visuel du jeu. Les développeurs ont voulu créer une véritable lettre d'amour aux jeux de l'âge d'or, aux grands titres de l'ère 16 bits, et là encore ils l'ont fait avec un talent insolent, s'inspirant des meilleurs sans jamais oublier d'injecter leurs propres bonnes idées.

MetrOriVania

Concrètement donc, Ori and the Blind Forest est un pur "Metroidvania". Le focus est clairement mis sur la plate-forme et l'action, avec quelques éléments RPG (on dépense ses points dans des améliorations d'attaque, de défense, etc.), mais on retrouve dans les grandes lignes ce qui fait tout le sel de ce genre : un immense dédale dont on peut afficher la carte à tout moment et qui se dévoile progressivement, au fil de l'aventure et surtout de l'acquisition de nouveaux pouvoirs comme le double saut, la possibilité de grimper aux murs ou encore de planer sur une longue distance... Tout ce qui vous permettra donc de revenir sur vos pas pour accéder à des endroits autrefois inatteignables.

Mais Ori propose sa propre vision de ce genre éculé grâce à quelques bonnes idées parmi lesquelles la présence de véritables "donjons", à la Zelda. Des zones closes qui mettront vos méninges à l'épreuve avec quelques ingénieuses énigmes et qui, parfois, se concluront sur des séquences de "fuite" franchement géniales et mémorables. De plus, la complétion de ces donjons pourra également modifier la carte principale pour vous donner accès à de nouvelles zones, par exemple en ajoutant des vents ascendants ou en transformant des marais en eau pure dans laquelle vous pourrez enfin nager.

Les bonnes idées fusent aussi dans certains pouvoirs comme celui nommé "Frappe", qui permet de se servir d'un ennemi ou d'un projectile pour se projeter dans la direction de son choix. Le jeu se paye même le luxe d'intégrer des concepts assez géniaux (comme cette orbe blanche qui change le sens de gravité lorsqu'on la porte contre un mur ou un plafond) et de ne les utiliser qu'à l'occasion d'un seul et unique donjon.

Die and retry

L'autre particularité majeure d'Ori tient dans son système de sauvegarde. Grâce aux orbes bleus que vous récupérerez ici et là, vous pourrez en effet créer vous même, ou bon vous semble mais dans la limite des orbes disponibles, vos zones de respawn. L'air de rien, c'est un point majeur car Ori est un jeu dont la difficulté grimpe fort à de nombreux endroits. On se laisse piéger au début, à recommencer loiiiiin derrière, à devoir refaire des séquences entières, et ces désillusions successives vous pousseront, croyez-moi, à bien réfléchir sur l'endroit et le moment où placer ses sauvegardes.

Ori use et abuse en effet du "die and retry", mais jamais d'une manière trop frustrante... à moins d'oublier de sauvegarder aussi régulièrement que possible, ce qui a été mon cas au début. Le jeu est franchement difficile par moments, mais toujours compréhensible dans ses mécaniques, à tel point que les développeurs ont mis en place un tableau de classement des joueurs qui tient compte du nombre de morts que vous aurez subi, en plus du temps de jeu total.

Des skills et du rythme

Heureusement avec un tel principe, Ori offre une jouabilité franchement parfaite (même si l'action peut parfois être confuse avec une caméra si reculée) doublée d'un level-design excellent et d'un gameplay on ne peut plus maîtrisé. Le rythme du jeu, de la première à la dernière minute, m'a véritablement impressionné. Les nouveaux pouvoirs sont distillés dans un timing idéal, relançant toujours l'intérêt, les donjons sont ni trop longs ni trop courts, notre maîtrise du personnage progresse sans cesse, les passages les plus corsés se laissent toujours dominer après quelques efforts... C'est simple, on ne voit pas passer le temps tant le jeu est délicieux à consommer.

En un mot comme en cent, le pur plaisir que procure Ori and the Blind Forest ne doit pas vous échapper. Impossible de ne pas fondre devant une telle direction artistique, avant d'être repris de volée par un gameplay réglé comme une horloge, quelques séquences cultes et une aventure au rythme épatant de maîtrise. On en redemande !