Ce serait réducteur de ramener toutes les qualités du titre de Digital Extremes au seul Glaive, et pourtant : parmi toutes ses qualités, le Glaive est la seule qui lui soit singulière, la seule donc qui fasse de Dark Sector un titre plus attirant qu'un autre pour le fan d'action. Qui n'aime pas particulièrement la perspective d'une progression faite essentiellement de lancers de glaives qui vont trancher les têtes, jambes ou bras de flots d'ennemis n'aimera pas particulièrement Dark Sector. Même s'il propose bien évidemment plus que ça, et qu'il le fait plutôt bien.

Les bons moments, ça se mérite

J'ai déjà écrit qu'un jeu n'avait pas besoin d'être révolutionnaire pour faire partie de ma ludothèque - heureusement pour elle d'ailleurs... - cependant, il lui faut tout de même une offre qui ait un minimum de corps, de substance. Même si on les a déjà expérimentés par le passé. Dark Sector fait partie de ces titres qui assurent un game design et une réalisation propres, une narration minimale, et une expérience rythmée avec quelques passages épiques (certains boss notamment), d'autres plus oppressants (le cimetière), un puzzle par-ci par-là, un mode en ligne rigolo... Le problème étant qu'il ont un peu tendance à se noyer au milieu d'une montagne d'action certes sympathique, mais qui manque tout de même d'éclat. Une sorte de rollercoaster avec des montées et des chutes réussies (quoique prévisibles, mais on paye son ticket précisément pour ça), plombé par une file d'attente un poil longue pour en profiter.

Je suis un gars patient

Heureusement, l'essentiel du temps passé à user du système de couverture (qui aurait pu être mieux implémenté, mais fait son office), et à se concentrer pour réussir de parfaits lancers (c'est à dire en appuyant ni trop ni trop peu sur le bouton pour obtenir le bon timing), qui vont trancher un à un les ennemis, s'avère agréable. Quelques adversaires nous obligent à sortir de notre routine de boucher planqué (les types aux boucliers où les espèces de zombies qui nous foncent dessus), et d'excellentes idées dynamisent parfois l'ensemble : je pense notamment aux couvertures de bois qui se désagrègent vite sous le feu ennemi, à des boss contre qui il faut vraiment cogiter un minimum pour savoir quoi faire, ou à cette scène en temps limité dans laquelle il faudra user du glaive avec précision pour apporter du courant à une série de portes cloisonnant une enfilade de salles par lesquelles on doit fuir (le Glaive ayant la propriété de capturer feu, glace et électricité).

La tocade boucherie

En un mot comme en cent Dark Sector est un bon jeu. Il manque juste un peu d'ambition pour notre époque, et souffre de-ci de-là d'un design ou de petits points techniques vieillissants. Le marché noir, où acheter et customiser ses armes à feu, s'avère anecdotique (on n'utilise presque que le glaive). Les tentes, nombreuses dans certains niveaux, sont aussi rigides que du béton, comme d'ailleurs l'essentiel des décors. L'IA des ennemis surprend rarement le joueur chevronné, si ce n'est par un bug récurrent qui semble "désactiver" certains d'entre eux. Le scénario et sa mise en scène ne se hissent pas au-dessus du statut de prétextes. Le level design dilue ses quelques idées dans un monceau de couloirs et d'arènes d'un classique éprouvé, mais éprouvant. Je garde néanmoins un regard affectueux sur le rejeton de Digital Extremes, comme celui qu'on porte sur un pote un peu idiot, mais attachant. Bref, Dark Sector se laisse jouer plus qu'autre chose : un peu comme on loue certains films un dimanche après-midi pour se vider la tête en évitant de recourir à Drucker.

N.B. : Les versions 360 et PS3 étant quasiment identiques, les tests respectifs le sont également.