Série de RPG typiquement japonaise, exigeante et visuellement unique, Shin Megami Tensei a réussi à fédérer une petite communauté de passionnés européens, principalement avec Persona 4 : Golden sur PS Vita, sorti à l'hiver 2013 sur le Vieux Continent. Du coup, Persona Q : Shadow of the Labyrinth, premier épisode à voir le jour sur la 3DS de Nintendo, se paye le luxe d'une sortie en boîte chez nous, et comble de la sophistication, il reprend les caractéristiques d'une autre série de jeux de rôles chère aux amateurs aux goûts les plus pointus : Etrian Odyssey.
Pour cette première aventure sur console Nintendo, Atlus fait du neuf avec du vieux, proposant de retrouver les personnages de Persona 3 et de Persona 4, mais avec les principes de jeu d'Etrian Odyssey, c'est à dire une exploration de labyrinthes avec des cartes à annoter soi-même (sur l'écran tactile de la 3DS, qui remplace avantageusement les feuilles de papier) et des combats en vue subjective. Le jeu donne d'emblée le choix de commencer avec les personnages de Persona 3 ou Persona 4, pour une fois la soixantaine d'heures du premier run peut donner envie de s'y remettre et de vivre une aventure différente. Mais pas d'inquiétude, les personnages des deux jeux se retrouvent de toute façon dans cette intrigue inédite, qui se veut canonique, entre les scénarii de Persona 3 et Persona 4, dans un crossover évidemment taillé pour réjouir les fans.
La classe japonaise
Car bien évidemment tout ce qui fait le charme de la série et de sa galerie de protagonistes est ici présent. Ambiance jazzy-fluo-cool-"shibuyesque", humour et mystères occultes au sein d'un lycée, avatars Persona, élégance de Yukari, appétit insatiable de Chie ou classe innée de Naoto... Sans doute à cause du succès auquel a droit la série sur tous les supports, animés, mangas ou jeux vidéo, toute la petite bande a ici la grosse tête, pour un look SD qui conserve le style particulier et très réussi inhérent à Shin Megami Tensei. Et il ne faudrait pas croire qu'avec cet aspect un peu plus enfantin le titre devient plus accessible. Loin de là.
Le stylet bien accroché
Les amateurs de J-RPG le savent bien : Etrian Odyssey propose un défi "à l'ancienne", avec sa vue à la première personne et ses labyrinthes à cartographier. Dans Persona Q, qui reprend les principes de sa série cousine, et alors que c'était déjà le cas dans Persona, la difficulté, dès le mode "normal", est assez relevée. Points de SP (pour les magies) qui se vident en un rien de temps, soins à l'infirmerie qui augmentent en tarif plus on y a recours, Persona Q sait qu'il s'adresse à un public exigeant et il l'est lui-même. Il n'empêche que, comme ailleurs, la valeur de l'accomplissement est toujours proportionnelle à l'âpreté de la mission, et il faut bien avouer aussi que le charisme de l'univers Persona dans une formule à la Etrian Odyssey y fait qu'on a toujours la volonté de s'accrocher. D'ailleurs, dans la composition de ses équipes de cinq - compositions multiples que l'on pourra sauvegarder - chaque personnage gardera ses particularités : un Kouji bagarreur au premier rang quand la jolie Yukari balancera ses sorts de feu et de soin depuis le deuxième rang, par exemple. Déterminer les faiblesses élémentaires des ennemis sera aussi essentiel pour progresser de la manière la plus aisée, dans ce titre dont l'intérêt est relatif à votre investissement, l'ambiance si particulière de Megami Tensei donnant toujours envie de s'y replonger.