La renommée de la (jeune) série God of War tient en quelques points centraux. Une réalisation hors normes, tant graphique que sonore. Une direction artistique en platine massif. Un gameplay alternant des combats épiques avec un système accessible mais profond et progressif, et des macro-puzzles constituant à eux seuls des niveaux entiers. Un détournement des mythes et légendes grecques au profit de scénarios grandiloquents à la mise en scène d'envergure. Bref, du grand spectacle réussi, avec une touche toute personnelle. Faire tenir tout ça sur PSP ? Quelle curieuse idée...

Mini Kratos...

Kratos est un personnage torturé, rongé par des cauchemars dont seuls les Dieux semblent pouvoir le débarrasser ; mais ceux-ci n'ont que trop besoin de maintenir sa servitude, au miroitement de promesses qu'ils ont soin de ne pas honorer. C'est bien ainsi que Kratos deviendra un tueur de dieux, lassé des jeux divins dans lesquels il n'est qu'un pantin. Mais avant d'en arriver là, que s'est-il donc passé ? Avant que Kratos n'entre lui aussi au panthéon Grec à la place d'Arès qu'il aura lui-même terrassé, qu'est-ce que les dieux lui ont fait faire ? C'est ce que Chains of Olympus nous propose de découvrir, tout du moins en partie, en contant l'histoire d'Hélios, le Dieu Soleil, arraché du ciel par Atlas le Titan, alors que Kratos mène la guerre de l'Attique contre les Perses.

... Mini sensations ?

D'un bout à l'autre de la (courte) aventure de Chains of Olympus, il est indéniable que Ready at Dawn a su incorporer, équilibrer et agencer tous les éléments qui font d'un God of War un titre d'action incontournable. Comme avec ses prédécesseurs, on plonge dans cette mythologie grecque sous hormones de croissance, revue et corrigée à l'américaine, et on emmène Kratos avec un plaisir indéniable de l'Attique au Temple d'Hélios, dans les profondeurs des mines de Tartare ou dans les Champs Elysées, pressés de découvrir quelle sera la prochaine des magnifiques séquences que le jeu nous présente, comme autant de plats d'un festin attendu. Malheureusement, les plats manquent un peu d'audace (même s'ils sont une parfaite exécution de leur recette originale), notamment comparés aux épices qui ont enrichi ceux de God of War II, mais surtout, quoiqu'on en dise, on doit les déguster sur un tout petit bout de table, avec une jolie nappe, mais pas assez d'espace pour y poser ses coudes.

Palliatif de poche

J'ai adoré mon aventure avec Chains of Olympus. Même si elle ne demande guère plus de 6/7 heures pour être parcourue de bout en bout (en dehors des fameux défis d'Hadès, toujours présents). RaD a su tirer de la PSP autant de magnificence technique que Sony Santa Monica, avec ses deux épisodes, de la PS2. Ils ont même réussi à doter Kratos d'une arme secondaire aussi plaisante et efficace à jouer que ses fameuses Lames du Chaos, là où les deux épisodes canoniques avaient plus ou moins échoué. Le boulot impose le respect ; Chains of Olympus est un membre à part entière de la famille God of War, tant par son scénario et sa mise en scène que par son gameplay, parfaitement compris, digéré et réadapté, et ce malgré les contraintes d'ergonomie de la PSP. Même s'il n'en est pas le meilleur représentant, privilège qui reste celui de Divine Retribution. Malgré tout, je ne peux m'empêcher de penser que Kratos est à l'étroit sur PSP. Peut-être ne suis-je pas fait pour vivre de grandes aventures dans le métro ? Peut-être que je suis la victime de vieux préjugés à la peau dure sur les différences entre jeu nomade et jeu sédentaire (par manque de meilleur épithète) ? En tout cas, voilà ce dont on peut être sûrs concernant Chains of Olympus : c'est un des plus beaux titres de la PSP, il est en soi un bon God of War, même s'il n'apporte rien de révolutionnaire à la série, et c'est la seule dose de Kratos qu'on peut s'offrir pour l'instant, en attendant God of War III. Pour ceux qui savent quels frissons cette drogue est capable de nous donner, le moindre fix est bon à prendre ; si cette dose-ci est petite, elle n'en reste pas moins de qualité, même si elle ne procurera pas le trip du siècle à ceux qui l'ont déjà goûtée.