Sherlock Holmes, c'est quand même le détective le plus connu de la planète. Une vraie pointure dans son domaine, un peu comme Rocky Balboa à la guitare ou Matthew Bellamy à la boxe (à moins que ce ne soit le contraire). Bref, vous ne serez pas surpris d'apprendre qu'il va falloir résoudre des enquêtes et faire fonctionner à plein régime notre sens de la déduction dans un titre comme celui-là.

Basile, détective privé

On démarre donc l'aventure dans l'appartement de Sherlock, qui sera globalement le point de départ pour se lancer dans les 6 longues enquêtes que comporte le titre. Oui, vous avez bien lu, 6 longues enquêtes proposées d'emblée, sans DLC ni sans aucun achat in-game. Cerise sur le gâteau, elles sont toutes intéressantes et très variées, chaque enquête ayant ses petites particularités et une intrigue qui lui est propre, sans qu'une impression de recyclage ne vienne doucher notre enthousiasme. On se retrouve donc aussi bien à élucider le meurtre d'un marin transpercé par un harpon qu'à rechercher un train disparu sans laisser d'adresse, et cette variété dans les objectifs est particulièrement appréciable.

Les Experts : Londres

D'une manière générale, les enquêtes se déroulent toujours selon un principe similaire : on débarque sur les lieux du crime ou du délit et il faut observer l'environnement méticuleusement, à la recherche de tout objet ou renseignement qui pourra nous aider dans nos recherches. Le jeu fait la part belle à notre sens du détail et de l'observation, puisqu'il faut généralement passer le décor au peigne fin et interroger scrupuleusement les personnages présents. À chaque avancée significative, notre fidèle calepin s'enrichit de nouvelles données et il devient possible de commencer à émettre des hypothèses. On entre alors littéralement dans la tête du plus grand détective du 19ème siècle, et on peut relier des idées entre elles avec la souris, quelque part au beau milieu des neurones de notre ami Sherlock. J'en profite pour signaler qu'en plus d'être ludique, l'interface générale est bien pensée et qu'elle se révèle pratique et efficace sur le long terme.

Élémentaire, mon cher Alfred

Comme Sherlock Holmes est sacrément balèze, on peut utiliser à tout moment sa "vision spéciale de super détective", un peu à la manière de Batman dans un Arkham Origins (un autre détective aux méthodes un brin différentes). Il devient alors possible d'apercevoir des détails qui n'apparaissent pas de prime abord et cela densifie beaucoup le côté recherche et exploitation des indices. En termes de gameplay pur et dur, pour vous donner une idée, sachez qu'on dirige notre ami Sherlock un peu à la manière d'un TPS, c'est-à-dire qu'on utilise le combo clavier/souris pour se déplacer et pour tout le reste, l'ensemble se rapproche beaucoup d'un point & click. Les décors se scannent à la souris et les objets peuvent être manipulés à loisir pour dénicher toutes sortes de marques, d'emblèmes et autres indications utiles. Une des grandes différences avec les épisodes précédents, c'est qu'avec Crimes & Punishments, les développeurs nous offrent une bien plus grande liberté d'action pour résoudre une affaire. En effet, le titre ne nous oblige pas à effectuer un cheminement précis pour tomber inexorablement sur le bon coupable : un peu à l'image de L.A Noire, il est largement possible de se tromper lamentablement et d'accuser à tort un innocent, sans que le jeu nous agresse avec un game over arrogant.

"J'avais un chien qui était plus intelligent que toi..."

Vous venez de vous offrir une belle bécane ? Petit chanceux ! Vous allez pouvoir pousser les détails et profiter d'une immersion totale dans les locaux de Scotland Yard ou au coeur de la fameuse Baker Street. Les modélisations des personnages sont splendides et leurs visages sont sans nul doute dans le haut du panier en matière de rendu visuel. Les textures des différents décors ne sont pas en reste et le moteur graphique (l'Unreal Engine 3 en l'occurrence), se chargera de décrasser votre vieille machine, ou celle de tante Monique, quitte à la faire souffrir un peu (la bécane, pas Monique). Ce Sherlock Holmes est donc techniquement remarquable, et mis à part un problème récurrent de synchronisation verticale, le rendu graphique sert admirablement bien la direction artistique. Cette dernière est d'ailleurs particulièrement soignée et la qualité des voix originales (sous-titrées en français, rassurez-vous) ne fait que renforcer la crédibilité de cet univers.

"Il a dû t'apprendre tout ce que tu sais !"

À plusieurs reprises, Sherlock Holmes : Crimes and Punishments nous propose des séquences de mini-jeux très variés, et c'est même parfois le grand écart : on passe de la reconstitution de petits puzzles à l'embrochage de carcasses de viande pour les besoins d'une reconstitution hasardeuse, viseur à l'appui. Très honnêtement, ces séquences ne sont pas toujours folichonnes, mais cela a au moins le mérite de rythmer un peu le déroulé traditionnel des enquêtes. En revanche, les développeurs ont laissé délibérément la possibilité de les zapper à tout moment, ce qui sera certainement une aubaine pour le joueur qui souhaite se focaliser sur le côté cérébral du jeu, même si cela peut être dommageable pour sa durée de vie.

La parole est à l'accusation

Ce Sherlock Holmes est sans conteste un excellent jeu d'aventure/réflexion, même s'il pourra s'avérer par moment trop facile ou trop assisté, surtout pour les vétérans des enquêtes policières bien corsées. Par exemple, si vous ratez une action ou que vous effectuez un mauvais choix de dialogue, le jeu vous laisse la possibilité de recommencer à l'infini, sans autre forme de sanction. Des QTE sont également au programme et il faut avouer que ce n'est pas non plus le côté le plus réussi du titre ; ils m'ont semblé assez bancals et peu convaincants dans l'ensemble. Enfin, le titre a tendance à user et abuser des allers/retours au cours d'une même enquête, ce qui peut parfois s'avérer pénible.