Avec Gauntlet, on ne fait pas dans la dentelle : on atterrit dans un monde ravagé par les forces du mal et il va falloir s'armer de persévérance et accessoirement d'une hache à deux mains ou d'un large panel de sorts puissants pour désinfecter tout ça en profondeur. Oubliez les 35 heures, les temps de pause et le Code du travail tout entier, il va falloir bosser dur parce qu'en face, les démons sont coriaces et se multiplient aussi vite que des moustiques tigres affamés. Heureusement, en plus de la jouer solo, il sera possible d'appeler des amis pour demander un coup de main, histoire de joindre l'utile à l'agréable.

Un Gauntlet de porc

Le premier (et le seul) choix auquel un joueur de Gauntlet est confronté, c'est de choisir l'un des quatre personnages avec lequel on va s'atteler au grand ménage d'automne. On retrouve pêle-mêle le très classique Barbare, qui découpe tout ce qui s'approche d'un peu trop près ; l'Elfe, qui distribue les flèches sans compter ; la Valkyrie, qui a visiblement suivi des cours de lancer de bouclier chez Captain America et enfin, le Sorcier, qui se déplace un livre à la main et qui cache une multitude de surprises pyrotechniques sous sa manche.

Sans Merlin, ça déchante

Le Sorcier est d'ailleurs l'un des personnages les plus intéressants à jouer. Son maniement est loin d'être évident puisqu'il faut combiner certains boutons à l'avance pour choisir l'élément voulu (glace, feu, foudre...), pour ensuite pouvoir balancer son sort. Oui, ça rappelle fortement Magicka et ce n'est d'ailleurs pas un hasard, puisque Arrowhead Game Studios est déjà à l'origine de cet excellent simulateur de magiciens sorti en 2011. Le gameplay du Sorcier s'avère donc plutôt riche et technique, mais ce n'est malheureusement pas le cas de tous les personnages. Si la Valkyrie est elle aussi agréable à prendre en main et efficace sur le terrain, le Barbare est moins bien loti : trop fragile au corps à corps et finalement peu efficient, ce n'est pas pour rien s'il est régulièrement boudé en multijoueur. L'Elfe s'en sort un peu mieux, mais tirer uniquement sur des angles de 45° et à courte portée n'est pas évident et le système de visée avec le second stick peut rapidement devenir crispant.

Un air de Blizzard

Le coeur du gameplay est donc constitué d'une succession de salles à nettoyer, un peu à la manière d'un Diablo, le loot en moins. Oh rassurez-vous, vous trouverez tout de même des coffres au trésor par centaines, histoire de vous en mettre plein les poches et d'acheter des améliorations, mais vous ne trouverez pas de superbe Lame de prophétie légendaire +99% de dégâts, même en cherchant bien. Non, dans Gauntlet, on se contente d'occire les démons en alternant les attaques classiques et les attaques spéciales de nos personnages avec un minimum de bon sens. Malgré tout, là où le titre emblématique de Blizzard parvient sans mal à maintenir notre intérêt et à cultiver le côté addictif du jeu donjon après donjon, le titre d'Arrowhead Game Studios s'avère lui assez vite répétitif. Ce sentiment s'installe inexorablement de salle en salle, vague de démons après vague de démons, probablement en grande partie à cause du manque cruel de variété dans l'environnement et du bestiaire finalement vite redondant.

Jamais sans manette

Si vous êtes un joueur PC invétéré très attaché au combo clavier/souris, croyez-moi, le pad est ici presque indispensable. Le titre le précise d'ailleurs dès le départ en vous recommandant chaudement l'utilisation d'une manette. D'un point de vue artistique, on ne va pas se mentir, Gauntlet ne possède pas le quart du charme de Magicka. Les décors sont ternes et l'ambiance est au demeurant assez quelconque. Techniquement, ce n'est pas non plus la fête du GPU, avec des effets visuels qui assurent le service minimum, mais sans jamais briller. J'en profite au passage pour signaler que la vue générale me parait trop éloignée et c'est dommage pour la lisibilité de l'ensemble. Bon point en revanche, l'optimisation est au rendez-vous : les ennemis ont beau arriver par douzaine à l'écran, même avec plusieurs joueurs simultanément où chacun y va de son attaque spéciale, le framerate ne bronche pas. À titre de comparaison, le grand-frère Magicka, encore lui, était loin d'être irréprochable de ce point de vue-là. Avantage : une bécane de ce type sera largement suffisante. Inconvénient : une bécane de ce type sera totalement inutile.

Sa raison d'être

Évidemment, il est tout à fait possible de jouer en solo à Gauntlet. De s'amuser, même. Mais c'est bien en multijoueur que le titre prend toute sa dimension. Le jeu dévoile alors toute sa saveur, avec des plaisirs simples comme celui de mourir comme un idiot au milieu de ses camarades après une action stupide, de rafler le trésor durement gagné par son coéquipier ou de laisser le Barbare unir ses forces tout seul devant, en attendant qu'il s'écroule et qu'il nous lègue quelques pièces d'or lâchées dans un râle d'agonie. Si le solo n'est donc pas totalement inutile, c'est bien le multijoueur qui donne à Gauntlet sa véritable raison d'être.