Trois ans après la guerre qui a fait rage dans Path of Radiance, et qui a peut-être coûté la vie à une ou deux GameCube shootées par colère, il est temps de reconstruire le pays de Daien. Oui, Daien, les ennemis de l'opus précédent ! Dans un scénario digne de tout bon Tactical RPG, ce Fire Emblem va vous emmener d'intrigue en intrigue vers un dénouement grandiose, où des milliers de destins reposeront sur vos talents de tacticien.

Mise en condition

Micaiah, magicienne aux cheveux d'argent, sera un des piliers du scénario, ainsi que son beau gosse de pote Sothe, qui a la classe internationale, comme tous les voleurs (de RPG) qui se respectent. Autour d'eux graviteront de plus en plus de personnages, tout au long de batailles de plus en plus ardues. A part quelques superbes cinématiques façon aquarelle, le déroulé du scénario est conté dans des fenêtres tout ce qu'il y a de plus statiques, avec dessin du personnage et dialogues à côté. Et incroyablement, à l'époque de la 3D à outrance et des effets qui déchirent vos rétines en lamelles, c'est suffisant : on rentre dans l'histoire, on flippe pour chaque personnage sur la carte aussi, et on a raison ! Toute mort est définitive dans Fire Emblem, et certaines sont synonymes de Game Over sans pitié.

La maîtrise d'un genre

Le gameplay est toujours basé sur le pierre-papier-ciseaux propre aux RTS et autres jeux de stratégie : ici, une hache est plus puissante qu'une lance, qui elle même bat l'épée, cette dernière étant supérieure à la hache. Idem pour les différents types de magie. S'il y a des évolutions, elles restent relativement mineures, à part la possibilité de sauvegarder pendant une bataille. Ça fait juste des siècles qu'on attendait ça, merci. Cette fonction permet d'éviter de refaire certains affrontements 20 fois pour trouver LA bonne manœuvre pour sauver une unité que l'on ne contrôle pas forcément directement, et qui a décidé d'être pénible... Pour le reste, c'est du grand classique, avec un terrain découpé en cases, des unités dont il faut bien maîtriser forces et faiblesses pour ne pas faire n'importe quoi, et une réflexion intense pour réussir à vaincre l'ennemi en accomplissant certaines tâches annexes (genre visiter toutes les maisons aux portes ouvertes pour récupérer des objets). Et croyez-moi il suffit parfois d'une simple potion pour faire la différence...

Flou artistique

Techniquement, et c'est la mauvaise nouvelle, le jeu n'évolue pas vraiment non plus. La représentation 3D est toujours un peu floue, même en HD Wii qui fait rire. Les personnages, en 3D sur la carte, sont bien loin de leurs équivalents dessinés, et il est toujours un peu frustrant d'abattre un boss qui a finalement le même look qu'un soldat de base. Bref, ne cherchez pas dans la qualité graphique pure une forme de satisfaction avec ce titre ! Et pourtant... À condition d'accrocher au genre, le tout a un charme indéniable. Les écrans de séparation des chapitres, le déroulé de l'histoire, le côté désuet de la 3D... tout inspire finalement à se plonger dans cet univers et à se concentrer sur les batailles à livrer. Comme à l'époque des consoles 16 bits, l'imaginaire s'émoustille et comble les manques de la réalisation. Encore une fois, pour que la magie opère, il faut être amateur du genre et gourmand d'heroic-fantasy. Avoir une patience à toute épreuve aussi, pour ne pas tout casser quand on perd un personnage essentiel à quelques tours d'une fin qu'on pensait gagnée d'avance...

Vive les vieux pots

Tous ces éléments hautement subjectifs auraient pu me pousser à mettre une étoile de plus. Mais d'une part, le public "classique" de la Wii se doit d'être averti de l'aridité du jeu, et d'autre part j'estime qu'il faut sanctionner Intelligent Systems devant autant de frilosité. Ne pas vouloir casser un modèle qui fonctionne, c'est louable, mais il faut parfois savoir oser. J'espère que ça sera pour la prochaine fois. En tout cas, si vous vous reconnaissez dans le profile du joueur susceptible d'apprécier ce titre, foncez : des dizaines et des dizaines d'heures de brainstorming vous attendent, au service d'un scénario enlevé. À déguster.