Avec ses immuables affrontements au tour par tour en vue subjective, Etrian Odyssey Untold : The Millennium Girl a des airs de portage du cru DS, simplement étoffé des évolutions de la saga apparues entre temps. A commencer par les améliorations graphiques dans la lignée de celles effectuées pour Legends of the Titan, ce gain de finesse allié à la modélisation des ennemis en 3D venant encore souligner l'aspect cartoon. Autre avancée, la présence de trois niveaux de difficulté, afin que cette escapade dans les bois ne se transforme pas en cauchemar pour les novices, et que les vétérans trouvent une adversité à leur mesure, surtout qu'elle semble légèrement adoucie en mode standard. Et avec l'assistance de cartographie automatique partielle ou complète, cette odyssée passerait presque pour une promenade de santé destinée aux aventuriers dilettantes. Les plus aguerris regarderont sans doute de telles possibilités d'un mauvais oeil, car le challenge ardu et le plaisir de dessiner ses propres plans représentent des éléments essentiels de la formule d'Etrian Odyssey. Néanmoins, cette expérience littéralement à la carte constitue un plus indéniable en matière d'accessibilité, seul moyen d'élargir le public de cette production de niche. D'autant que ces paramètres sont modifiables à tout moment par l'intermédiaire des options, y compris le style des musiques. Chacun peut donc déterminer s'il préfère les chiptunes de la bande son originale signée Yuzo Koshiro, ou les réorchestrations instrumentales de ce remake qui font ressortir les accents tantôt symphoniques, tantôt jazzy de sa partition. Dommage qu'un autre choix, absolument capital, n'offre pas la même flexibilité.

Le libre choix

D'emblée, Etrian Odyssey Untold : The Millennium Girl propose deux modes, Classique et Histoire, ou plutôt Classic et Story, le jeu étant en anglais contrairement à la version DS. Qu'on l'ait terminé ou pas, il est fortement conseillé d'opter pour l'histoire. En effet, le jeu ne comporte qu'un seul slot de sauvegarde, une regrettable habitude pour la série qui devient presque scandaleuse dans ce cas. Heureusement, cette mouture 3DS se plie à une autre tradition incorporée plus tard (en l'occurrence dans le troisième épisode), l'existence d'un New Game +. Et n'en déplaise aux puristes, le principe de créer soi-même ses personnages - la différence fondamentale du mode classique - se prête mieux à un second périple. En prime, le mode histoire apporte deux classes inédites une fois achevé. Comme son nom l'indique, ce dernier ajoute un scénario à Etrian Odyssey. Non pas qu'il en ait été totalement dépourvu, mais le récit se résumait à l'exploration du labyrinthe au fil des missions. L'univers d'Yggdrasil était ainsi le véritable héros de cette épopée, les explorateurs se cantonnant aux rôles de figurants lambda, muets et sans âme, si ce n'est celle générée par notre imagination. En revanche, ceux de l'histoire d'Etrian Odyssey Untold : The Millenium Girl ont du caractère. Cela se traduit par l'insertion de sublimes séquences cinématiques et de dialogues, régulièrement accompagnés de doublages. La narration, à la sobriété très agréable au demeurant, semblait jusqu'alors s'adresser directement au joueur. Dorénavant les protagonistes réagissent selon les évènements, à défaut de les influencer, leurs décisions n'ayant pas de réelles répercussions.

Histoires parallèles

Ils en deviennent toutefois les acteurs, ce qui donne un sens et un net surcroît de consistance à cette longue quête. Bien entendu, on a connu plus original en guise d'intrigue, malgré la portée philosophique qu'elle revêt à la fin. Idem pour notre quintet d'aventuriers, puisque leurs personnalités s'inspirent des stéréotypes du genre, à quelques traits humoristiques près. Leurs attributions sont d'ailleurs prédéfinies suivant la même logique, à savoir médecin, alchimiste, chevalier, archer et guerrier, ou plutôt Gunner et Highlander, les deux nouvelles classes allouées au couple de héros. Celles-ci se montrent assez versatiles pour faire face à toutes les situations, a fortiori avec les compétences évolutives, sachant qu'il est possible à terme d'en changer. Et si d'aventure ces talents n'étaient pas suffisants question customisation, Etrian Odyssey Untold : The Millennium Girl introduit des "pierres de grimoire". Elles sont créées lors des combats, en fonction des techniques utilisées par les personnages ET les ennemis. Une fois évaluée, la pierre ainsi engendrée permet d'hériter à la fois de leurs aptitudes et d'apprendre leurs skills. Ce système suscite d'intéressantes perspectives, qu'il s'agisse de pallier les faiblesses d'une classe, ou d'en décupler les forces. Par exemple, un magicien pourra porter une lourde armure, frapper avec une hache et profiter des bonus d'attaque associés ! La puissance et la modularité de ces pierres en feraient presque des objets dégénérés, si leur obtention n'était pas aussi rare et aléatoire, à l'instar de leur méthode de fabrication. Ces trésors sont stockés au manoir, un nouveau lieu d'Etria qui remplace la clinique de l'apothicaire, l'aubergiste se chargeant de soigner les blessés.

Une source intarissable d'aventures ?

D'abord vide, cette demeure est tenue par les gardiens de Guilde que l'on ne tarde pas à rencontrer. Des alliés potentiellement très précieux si nos ouailles entretiennent de bonnes relations avec eux, en prenant soin de satisfaire leurs (re)quêtes. Car en échange, ces fées du logis prodigueront différents bienfaits à la Guide sous forme de préparations, telles que des potions régénératives, des bonus de statut ou divers sortilèges. Et leurs effets durent une journée entière, au point de s'apparenter encore à une source éventuelle d'abus. Toutefois on ne s'en plaindra pas compte tenu des armées de monstres que renferment les strates d'Yggdrasil, dont les méandres ont été redessinés afin de renforcer sa nature labyrinthique. L'ajout d'une fonction de téléportation directe d'un escalier à l'autre, octroyée dès que l'on a répertorié la majeure partie de la carte d'un étage, se révèle donc d'autant plus utile. En outre, Etrian Odyssey Untold : The Millennium Girl comporte un dédale supplémentaire, Gladsheim, avec son lot de Boss et de FOEs inédits, aux patterns parfois extrêmement vicieux. Ces ruines énigmatiques à plus d'un titre se distinguent également par leur architecture orientée davantage vers les puzzles, notamment par le biais d'interrupteurs. Enfin Gladsheim est le théâtre des évènements d'importance du scénario, du moins dans le mode histoire, puisqu'il est évidemment absent du mode classique. Une raison de plus de se laisser d'abord conter cette histoire, et dans tous les cas, l'aventure en vaut la peine au vu de l'ampleur des développements de ce remake. Seul bémol, il était quand même un peu tôt pour revisiter ce premier chapitre d'Etrian Odyssey. Naturellement, on dit qu'il faut battre le fer tant qu'il est encore chaud. Cependant à trop vouloir capitaliser sur cet engouement somme toute relativement confidentiel dans l'espoir d'attirer de nouveaux explorateurs, Atlus ne risque-t-il pas d'épuiser ses fans les plus dévoués ?