Clark Kent arrive à faire oublier sa bouille de Superman en mettant des lunettes ? Octodad, lui, il parvient à cacher sa nature de céphalopode géant juste en mettant des fringues de mec. Et il ne s'arrête pas là : ce playboy des fonds marins est marié à une humaine avec qui il a eu deux gosses ! Bien qu'il s'exprime par balbutiements, il se fait comprendre sans soucis. Sa manie de tout casser à chaque mouvement ou dès qu'il cherche à attraper un objet ? Personne ne s'en étonne. Seul un cuisinier à la mine patibulaire semble avoir deviné la supercherie. Et pour lui, cette histoire doit se finir en sushi...

Pieuvre à l'appui

Le titre de Young Horses, à l'origine un projet étudiant super épatant, pourrait se résumer à un enchaînement de tâches banales pour n'importe quel père de famille : chercher vos affaires de futur marié, choper des céréales au supermarché, faire le café, cuire des steaks, tondre la pelouse, jouer au basket ou aider vos enfants dans diverses attractions d'un parc aquatique. Bien évidemment, rien ne va être aussi simple que prévu : vous incarnez un gigantesque invertébré au corps élastique et cloqué de ventouses. Chacun de vos mouvements peut vous mener à assommer quelqu'un par mégarde ou à renverser la totalité du mobilier qui vous entoure. Rien que ça, ça vous freine un minimum dans vos désirs de foncer comme un dératé une fois la manette en mains : si votre attitude devient suspicieuse, il faudra recommencer.

Huit bras, pas de chocolat

Bon, cela peut paraître fou, d'ailleurs ça l'est, mais la terrible imprécision et le côté arbitraire de son gameplay s'avèrent les raisons pour lesquelles Octodad accroche. Jamais ce foutu poulpe ne réalise exactement ce que l'on escomptait, la physique et l'amplitude se révélant complètement aléatoires. Et (si on a bon coeur) on rit beaucoup de toutes ses mésaventures et gadins. On se dit que l'on va maîtriser ce stick gauche prévu pour bouger le "bras", en combinaison avec le champignon droit pour régler sa hauteur, ce bouton R1 servant à attraper et relâcher un objet, et enfin L2 et R2, maintenus, qui agitent chacun une "jambe" du céphalopode (qui restent collées au dernier endroit horizontal qu'elles ont atteint). Mais en fait, non. A mesure que l'on avance et que les défis varient, les réactions demeurent exagérées, les conséquences catastrophiques. Et on continue de tout casser. Et de rire de notre malheur.

Octopus de Saint-Ouen

L'amour que l'on peut porter à Octodad n'est en revanche pas forcément rationnel. On sait qu'au moment de faire le bilan, nombre de faiblesses apparaissent comme rédhibitoires pour beaucoup. A commencer par ce gameplay qui manipulera notre frustration pour réussir à la transformer en hilarité chez certains. Pour quelques phases obligatoires, comme les mini-jeux à accomplir pour offrir des peluches à sa femme ou les moments à parcourir des poutres fines et en hauteur, il est certain que le charme ne fonctionnera pas. Voire, il frustrera. Puis on n'oublie guère une réalisation somme toute limite (nous sommes sur PS4 tout de même), des problèmes de caméra (automatisée) mal fichue, ainsi qu'une durée de vie faiblarde. Deux heures, seul ou avec des amis qui contrôleront chacun une partie du corps du papa, même si ce n'est pas crucial, c'est assez peu. Enfin, pour apprécier un tant soit peu cette drôle d'expérience, il faudra accepter de vivre quelque chose de profondément... injuste !