Entre 2,5D et 3D, DanganRonpa vous colle dans la peau de Makoto, un jeune lycéen qui intègre l'école la plus prestigieuse en tant qu'élève le plus chanceux, alors que ses camarades sont tous des cracks en gymnastique, chanson, éducation, stylisme, etc. Mais la situation dégénère lorsque tout ce petit monde comprend qu'ils sont en fait enfermés dans le collège par un ours malicieux, Monokuma, qui les oblige a tuer un de leurs camarades sans se faire accuser s'ils veulent sortir de cet enfer. Un scénario délirant, dans une ambiance déjantée, qui prend forme sur la longueur et dont on veut connaitre absolument le dénouement... S'enchaînent alors les meurtres, les phases d'enquêtes et les séquences de procès. Oui, vous pouvez penser à Ace Attorney...

Lire et s'amuser

Malgré son ambiance japonaise hallucinante et ses personnages clichés tirés de mangas bien allumés, il faut bien reconnaitre que l'univers de DanganRonpa est séduisant et parvient à nous faire suivre l'aventure... et surtout la lecture, dévoilant un scénario linéaire mais particulièrement bien rythmé sur un peu plus d'une vingtaine d'heures. En effet, certains pourraient penser que lire des heures durant n'est pas une partie de plaisir, mais dans le cas de ce titre développé par Spike Chunsoft, tout cela est accompagné d'une direction artistique, d'une histoire sombre et d'une mise en scène splendide qui pourront séduire certains joueurs. D'autant que l'on peut se balader un peu en 3D (façon FPS), inspecter les lieux pour trouver des preuves (point & click), apprendre à connaitre les autres élèves, débattre des heures durant afin de savoir qui a tué ou non, et même prendre part à quelques mini-jeux. Mais attention au moment de l'accusation, car la moindre erreur vous mènera tout droit sur la chaise électrique pour découvrir l'une des mises à mort complètement dingues, mais toujours amusantes, dont le maître de cérémonie n'est autre que Monokuma, l'ours double-face à la fois sanguinaire et attachant.

La main à la patte

Vous l'aurez compris, c'est la lecture qui prime dans cette aventure, ainsi que l'habillage dynamique efficace et le scénario intéressant. Pour autant, deux défauts majeurs viennent un peu gâcher la fête... D'abord, tout le jeu est dans la langue de Shakespeare. Si je suis le premier à faire les jeux en Anglais, je dois bien reconnaitre qui si on ne maitrise pas bien cette langue, DanganRonpa n'a aucun intérêt. Ensuite, certains passages tirent inutilement en longueur, que ce soit dans les dialogues ou pendant certaines scènes, afin d'étoffer l'univers ou l'atmosphère. C'est compréhensible, compte tenu du style du jeu, mais honnêtement ça fatigue parfois, même si l'intrigue peut passionner. Heureusement, outre les phases de recherche, qui consistent à mettre en surbrillance certains éléments des décors, les séquences d'accusation (à la Phoenix Wright) avec tous les autres élèves proposent des mini-jeux tactiles qui ajoutent encore au rythme. On tapera alors sur les mots importants des suspects/accusateurs pour souligner leurs contradictions, en rythme ou non, on choisira son argumentation, etc. C'est fun, notamment grâce à des effets réussis de mise en forme façon mangas et bandes dessinées.

Les développeurs ont tout fait donner un rythme haletant à DanganRonpa, tant sur la forme que sur le fond, mais cela ne suffira pas si vous n'appréciez pas les visual novels. Pour autant, le scénario bien pensé, l'atmosphère déjantée, les personnages charismatiques, la mise en forme travaillée, les enquêtes souvent bien trouvées (même si certaines sont vraiment tirées par les cheveux), les musiques saisissantes et la tension palpable durant les dialogues sont autant de preuves que DanganRonpa est bon dans son genre, et particulièrement attrayant si vous lui en laissez le temps. Néanmoins, et ce sera son plus gros défaut, il est tout en anglais. Et sortir un jeu comme celui-là en France sans le traduire intégralement, c'est vraiment décevant.