Mario Party 9 avait déjà amorcé un virage à la fois pragmatique et consensuel, ne serait-ce qu'en mettant tous les joueurs dans le même bateau, ou en l'occurrence dans le même véhicule lancé sur des rails. Island Tour s'inscrit clairement dans cette démarche, puisqu'il va droit au but. En témoigne la quasi absence du scénario, de toute façon superflu dans ce genre de production : une invitation, des bulles et c'est "party" pour la fête, que l'on joue en solo ou en compagnie de trois amis. Dans un registre moins réjouissant, les parcours se montrent encore plus linéaires et sont presque dénués de bifurcations. En prime leur longueur a été considérablement raccourcie, au point d'avoir à peine le temps de se livrer à quelques mini jeux avant que la partie ne s'achève. Citons le cas édifiant du "Parc aux Fusées", où des sortes de "réacteurs multiplicateurs" permettent de se propulser jusqu'à l'arrivée dès le troisième tour. Exit l'impression d'explorer un petit univers truffé de surprises, et surtout les dilemmes entre plusieurs chemins plus ou moins rapides et périlleux.

Archipel de poche

Les options stratégiques en sont donc considérablement amoindries, même si de nouvelles règles viennent brouiller littéralement les cartes, ces dernières remplaçant parfois carrément les dés. Alors que les étoiles ont quasiment disparu, certains plateaux réintègrent des objets à glaner au gré des déplacements et des mini jeux, histoire de booster sa progression ou d'entraver celle des adversaires au moment opportun. S'y ajoutent des mécanismes spécifiques à chacune des îles, comme des tirs dévastateurs de Bill Bourrin qui dégomment tous les malheureux présents sur leur passage et incitent à réduire l'allure en se mettant à l'abri. Le plus renversant reste le Volcan de Bowser, dans lequel il faut éviter à tout prix d'avancer. En effet, notre chère tortue alligator réserve un accueil fort chaleureux au premier qui lui rendra visite, le classement étant par conséquent inversé. Ces variations ne suffisent cependant pas à pallier le manque d'imagination dans l'architecture des plateaux, tandis que leur taille restreinte ne saurait être justifiée par la vocation nomade d'Island Tour.

Mini jeux, mais ils font le maximum

Heureusement, les mini jeux se révèlent plus inspirés, et ce dans tous les sens du terme. Si beaucoup d'entre eux ont des airs de déjà vu, leurs situations rocambolesques font appel à l'ensemble des fonctionnalités de la machine, à l'exception de la 3D stéréoscopique qui n'a qu'un rôle esthétique. Selon l'épreuve, on utilise ainsi l'écran tactile, le pad (circulaire ou pas), un ou plusieurs boutons, mais aussi le micro, le gyroscope et même la réalité augmentée ! Ces activités s'avèrent pour la plupart très amusantes, voire franchement rafraîchissantes lorsqu'il s'agit d'imiter les voix de Mario & Co ou d'escalader une tour en réalité augmentée. Dommage que de telles trouvailles soient assez rares parmi les 84 mini jeux, contrairement à ceux qui reposent sur le hasard. Évidemment, cela aide les plus jeunes et les débutants à remporter quelques parties, en sus de l'extrême accessibilité des différents exercices. L'intro suffit d'ailleurs à en comprendre les principes, sachant que l'on a la possibilité de s'entraîner à l'envi. Toutefois on peut se demander s'il était nécessaire que ces mini jeux aléatoires renforcent le rôle joué par la chance.

Lucky Star

Les paliers de rétention placés sur certains plateaux pour empêcher les premiers de prendre trop d'avance et les éventuels coups de pouce donnés aux joueurs à la traîne contribuaient déjà à resserrer les écarts, sans parler des lancers de dés aux résultats suspects. Et que dire des improbables concours de circonstance en fin de partie, qui octroient le fameux titre de Superstar à un heureux veinard sans qu'il ait été le vainqueur du moindre mini jeu ? Certes c'est une tradition de Mario Party destinée à entretenir le suspense jusqu'au bout, mais de telles injustices demeurent frustrantes. D'autant que dans le cas d'une éventuelle égalité, les résultats lors des épreuves ne pèsent même pas dans la balance. Une chose est sûre, les détracteurs de la saga ne changeront pas d'avis avec Island Tour, y compris concernant son intérêt avant tout convivial. On constate néanmoins un réel effort du côté solo, notamment à travers la Tour de Bowser. Cette longue ascension - la possibilité d'accélérer les cutscenes n'a rien d'un gadget - consiste à enchaîner les mini jeux et les Boss, seul contre tous.

Chacun pour sa pomme, ou son champignon

C'est l'unique endroit où l'on se retrouve dans cette configuration, puisqu'il n'y a aucune notion de coopération dans les mini jeux. Oubliez les 2 Vs 2 ou 1 Vs 3, c'est chacun pour soi. Une raison supplémentaire de s'interroger sur la regrettable absence de mode en ligne, alors que cela coulait de source. Bien sûr, la durée des jeux de plateaux, quoique réduite par rapport aux versions sur console de salon, n'allait pas dans ce sens. En revanche les modes purement axés sur les mini jeux, à l'image de la course en ballon ou contre la montre, semblaient tout indiqués pour la compétition en ligne. Il faut dont se contenter de parties en décalé face à des adversaires StreetPass et des séances avec des amis en réseau local. Bonnes nouvelles, elles ne requièrent qu'un seul exemplaire du jeu et se déroulent presque sans délais de chargement, une fois le transfert initial effectué. On y récupère également des points Mario Party, qui servent à déverrouiller des souvenirs, autrement dit les bruitages et les musiques. Des récompenses sans prétention, mais suffisamment motivantes pour passer du bon temps, seul ou avec ses compères. Et voilà peut-être le message que nous adresse cet opus, l'important n'est pas de gagner, mais simplement de s'amuser.