QT377665 - ou QT3 pour les intimes - est bien embêté. Voilà un moment que sa famille humaine l'a laissé, avec pour seule compagnie un ballon rouge, sur un astéroïde isolé. Il attend sans broncher. QT3 n'est qu'un robot, alors le temps qui passe, il s'en fout. 432 mois se sont écoulés et voilà que déboule Jeff l'extraterrestre. Celui-ci emporte le tas de ferraille abandonné dans sa soucoupe en lui expliquant que s'il parvient à développer son humanité, son modèle ne finira pas à la casse. Sa mission va alors consister à se rendre sur différentes planètes, comprendre les comportements humains et répondre à différents questionnaires permettant d'entrevoir les contours d'une éventuelle personnalité.

La mignonitude

Le thème a l'air assez grave, énoncé ainsi. Pourtant, le titre de HumanNature Studios, fondé par le papa de ToeJam & Earl, Greg Johnson, n'a rien d'oppressant. Bien au contraire. Visuellement, il se révèle d'une naïveté ravissante. Sur chacune des planètes au thème unique (la neige, l'Egypte, les insectes, les fonds marins, etc.) et dépeignant un sentiment humain telle que la fierté, l'amour ou la jalousie, on retrouve une patte artistique ressemblant fortement à des crayonnés d'enfant. Les décors de ces tableaux fermés en 2D et les personnages croisés - des humains comme des arbres, des sushis qui parlent ou des cafards amateurs de saleté, sans oublier les looks de QT3 et ses différentes montures intergalactiques comme un cochon ou un caca volant - profitent d'une présentation assez unique, colorée et charmante. L'ambiance sonore est là pour appuyer cette débauche de joie de vivre, de bons sentiments et de drôlerie qui nous changent un peu de la majorité des productions vidéoludiques.

Riche et pauvre

Côté jeu, on s'imagine que la variété est au rendez-vous. Et on se trompe assez rapidement. L'idée sur chaque planète est de parler avec ses habitants et de résoudre leurs problèmes. Comment ? En interagissant avec chacun et en matérialisant ses souhaits. QT3 dispose en effet du pouvoir de donner forme à des envies. Quelqu'un veut un poulet ? Hop, il apparaît et le voilà comblé. Une fusée ? Un dragon ? Un monsieur qui vomit ? Une petite fille ? Une pyramide Illuminati ? Une fleur ? La Mort ? Il y a plus de 300 éléments à collecter, soit en résolvant des problèmes soit en soulevant, à l'aide du pouvoir de télékinésie du héros, des éléments de décor cachant des paquets-cadeaux, et que vous invoquerez au moment voulu. Il s'agit de la seule forme de gameplay, avec les interactions telles que le bonjour (parmi trois différents), le fait de faire léviter puis de projeter quelqu'un et de faire trembler et basculer le sol à l'aide du pavé tactile arrière (sur Vita). Sauf qu'elle ne demande pas vraiment de réflexion. En général, suite à une requête, on se contente d'ouvrir le menu, de lancer la machine à rêve, de trouver la bonne bulle renfermant l'objet du désir, pour se voir enfin récompensé d'un nouveau joujou à utiliser plus tard, ailleurs. Niveau gameplay, il ne s'agit que de ça durant tout le jeu, si l'on occulte les tests de personnalité sans réel impact et le mobilier à dénicher pour décorer sa planète d'origine. Un Scribblenauts qu'on aurait détroussé de toutes énigmes. Autant dire que malgré le fait que l'on est acteur de jolies histoires et qu'on esquisse plus d'un sourire à la vue de certaines situations, on se lasse assez rapidement. A moins d'être un enfant. Bah oui, un môme peut regarder 100 fois le même dessin-animé à la suite et se marrer pendant des heures sans s'épuiser quand on joue à Coucou Beuh.

Là se situe peut-être le plus gros problème de Doki-Doki Universe : les enfants pourront trouver là un divertissement plaisant et presque éducatif, tantôt poétique, drôle, crade, plutôt direct , avec une prise en main bien pensée pour la Vita et son écran tactile (un peu moins pour les manettes PS3 et PS4) ainsi qu'un système de messagerie via Facebook amusant. Mais le prix joue dans la cour des grands. En crossbuy sur les trois machines actuelles de Sony, on débourse 7,49 € la version Standard (incomplète), avec des lots de planète et d'astéroïdes à quiz en DLC, et 12,99 € pour celle dite "limitée", complète. Un poil cher pour une expérience aussi plate et redondante, qui ne parvient que trop rarement, malgré sa belle personnalité, à évoquer le sentiment de plaisir.