« Dis-moi Joey, est-ce que tu aimes les jeux de Gladiateurs ? » Parce que ce Forced joue entièrement sur ce terme. Issu d'un peuple soumis à des traditions cruelles, vous êtes marqué à la naissance et préparé de longues années durant à descendre dans un puits inconnu d'où personne n'est jamais revenu. Tout cela afin d'apaiser des dieux pour le moins discrets. Le jour fatidique de votre sacrifice, vous comprenez que vous n'êtes qu'une recrue dans des jeux extrêmement brutaux. Heureusement, un gardien spirituel du nom de Balfus va vous aider à surmonter chaque épreuve. C'est même un élément essentiel du gameplay de Forced, comme nous allons le voir. Une fois plusieurs challenge accomplis, vous affronterez votre premier boss, un gardien lui aussi, mais beaucoup moins sympathique. Peu habitué à être vaincu, le bougre refuse de vous laisser passer. Il faudra le tuer pour survivre. Voilà qui complique fort votre situation et celle de Balfus. D'autres niveaux vous attendent, d'autres Boss... Quelle sera votre destinée ? Vous le saurez en jouant.

Et vous vous croyez spirituel ?

Et ça ne va pas être facile. D'un côté, votre personnage doit combattre des monstres divers, de l'autre, il devra manipuler Balfus pour enclencher des autels et différents mécanismes. Balfus est un orbe d'énergie qui se dirige vers le point où vous l'appelez d'une touche. Si vous laissez appuyé, il se collera à vous et vous suivra, mais plus souvent, vous le déposerez à un endroit de la carte, vous vous placerez un peu plus loin et vous le sifflerez afin qu'il croise la route d'un objet utile. Il existe des autels de soins qui transformeront Balfus en guérisseur temporaire. D'autres constructions le dotent d'une bombe qui explosera au premier contact avec un obstacle physique (vous y compris). Parfois des blocs de pierre retiendront Balfus dans leurs griffes, ce qui vous permettra ensuite de les mouvoir, en appelant votre Gardien Spirituel dans la direction voulue. Ces blocs peuvent servir à stopper des rayons mortels ou de poids sur des plaques d'activation. Balfus détruit aussi des générateurs de monstres en passant dessus, c'est important pour ne pas être submergé. Et tout cela n'est qu'un aperçu de son utilité !

Ils ont dit que je pouvais être qui je voulais...

Pour faire face aux monstres, quatre classes sont à votre disposition : un assassin rapide se focalisant sur une cible, un guerrier bourrin, un défenseur capable d'encaisser et de repousser les ennemis et un archer doué en furtivité. Toutes ces possibilités vous sont offertes en début d'épreuve, avec un choix de compétences passives et actives qui augmentent avec votre progression. Pas de point d'expérience au menu : chaque test réussi rapporte un cristal et le total de ceux-ci représente votre niveau. Simplement, gagner ne suffit pas : un cristal bonus sera accordé si vous accomplissez un exploit déterminé, plus un autre si vous terminez dans le temps imparti. Les cumuler vous permettra de diversifier vos compétences et donc de faire face à de nombreuses situations efficacement. Allez-y, vous pouvez réessayer autant de fois que vous voulez. Bonne chance, on vous regarde.

Autant jongler avec des pièges à ours enflammés

Sur le terrain, l'action se dirige au combo clavier/souris ou au pad, avec chacun leur avantage. Quand les combats s'intensifient, on sait mieux dans quelle direction on tape lorsqu'on utilise le stick droit d'un pad. En revanche, pour les compétences actives qui demandent un ciblage de zone, la souris reste plus précise et rapide. Les contrôles se montrent simples, on peut même éviter assez facilement les coups spéciaux des monstres. Mais réfléchir aux puzzles proposés par l'épreuve tout en maniant la hache à droite et à gauche s'avère très fatigant nerveusement. Il faut parfois être très vif, alors que les ennemis vous ralentissent en vous tapant, ou vous renversent sauvagement. On vous demande aussi de gérer des cibles coriaces en les "marquant" avec des attaques basiques : en plaçant jusqu'à cinq de ces marques, vous allez amplifier grandement les effets de vos compétences. C'est essentiel, mais cela complique énormément les affrontements. Sans compter la nécessité de jongler avec Balfus, autant pour l'action que pour la réflexion.

Masochisme vidéoludique

Tous ces éléments réunis font du gameplay de Forced un monument de tension, avec des pointes de frustration plus ou moins supportables. Il y a la bonne frustration, celle qui vous fait recommencer encore et encore, en améliorant vos performances à chaque fois. Et puis il y a la mauvaise frustration, quand le jeu vous défonce si violemment que le "rage quit" est irrépressible. Le système de sauvegarde peut aussi énerver de temps en temps : un échec et on n'a plus qu'à reprendre l'épreuve à zéro, même si elle comporte des étapes un peu faciles qu'on n'a pas envie de se farcir à répétition. Le gameplay est construit ainsi, il faut s'y faire, mais cela n'aide pas à se détendre.

Loin du Net, loin du cœur

En coop jusqu'à quatre joueurs, Forced est encore plus dur ! Si votre équipe n'est pas bien organisée, laissez tomber. Un seul maillon faible et Forced se transforme en cauchemar. D'autant plus que le jeu en réseau peut souffrir de lag ou de problèmes de connexion assez facilement. Forced n'aime pas certaines configurations et vous devrez peut-être bidouiller un peu votre WiFi pour jouer en ligne tranquillement. Néanmoins, le coop prend tout son sens en LAN.

L'ensemble va probablement se corriger, grandir et s'enrichir à coup de mise à jour, mais Forced est un de ces titres typiques de l'ère Kickstarter : un ovni répondant à un besoin assez unique, sans concession marketing. Il est donc conseillé de s'assurer d'être fait pour ce gameplay hybride qui offre toute sa force dans des environnements de jeu très précis (coop à 2 minimum, et LAN recommandé). Au pire, l'erreur ne vous coûtera pas trop cher : 14 euros sur Steam, ou moins en attendant des soldes.