Comme je suis sympa, je vais tout de même vous rappeler le concept instauré par Jungle Run. Prenez le petit gars Rayman, mettez-le dans un niveau en 2D et il courra automatiquement dans une direction, comme un grand. A vous ensuite, en fonction des embûches et de la disposition des Lums, de sauter, planer, rebondir, filer des torgnoles, courir sur les murs pour arriver au bout du stage en question. Simple car ne nécessitant que deux doigts maximum sur l'écran de votre téléphone ou tablette. Exigeant parce que, mine de rien, le héros va plutôt vite et que tout se joue au cheveu et à la milliseconde près, à la façon d'un Super Meat Boy ou d'un jeu de bagnole. On avance. On hésite entre sauter long ou non, entre planer et se laisser tomber. On touche un ennemi ou on choit dans un trou. On meurt. On recommence. On se rappelle. Ah, on se rappelait pas bien vu qu'on n'a pas appuyé sur le bouton au bon moment. On remeurt. On insulte le jeu en allemand. On recommence. On progresse. On remeurt. On triomphe. Et ainsi de suite. Du die and retry avec le sourire. Parce qu'on redémarre au début instantanément et les niveaux sont suffisamment courts pour ne pas générer une trop grande frustration en cas d'échec. Et puis, bon, c'est frénétique et c'est du Rayman.

Le doigt décomplexé

Pour cet épisode, on note d'abord un changement de décors. L'ambiance "Fiesta", ça se passe du côté des barbecues, des gâteaux, des cocktails ou encore dans les intestins d'un gros dragon. On rebondit sur des bulles, des citrons verts ou des saucisses qui font le même bruit que Sophie la girafe, on fait de la tyrolienne au milieu des piments, on explose des glaçons, on s'accroche à des fourchettes. Le tout sur des musiques au tempo soutenu déjà entendues dans les dernières versions de salon. L'UbiArt Framework fait des merveilles - ce volet bénéficie des changements de plan grâce aux champignons-bumpers, ce qui se révèle assez épatant - et ça transpire toujours la bonne humeur. Mais ce ne sont pas les seules qualités. Il y a un peu de changement dans les niveaux. On trouve quelques séquences en version mini, d'autres dans l'eau et même des passages en ombre chinoise. Et surtout, il n'est pas rare d'avoir des embranchements, dont un seul mène aux Lums qui, récoltés par centaines, donnent accès à de nouvelles zones...

Les doigts dans le nez ?

Car la progression d'un niveau à un autre ne s'effectue plus de la même façon que dans Jungle Run. Les développeurs ont opté pour une carte avec une route se prolongeant à mesure que vous libérez des ptizêtres. Il y en a quatre par stage et ils s'échappent en fonction du nombre de Lums récoltés. Petit à petit, en étant efficace, vous verrez donc le chemin se dévoiler. Mais pour tout débloquer, soit plus de 70 niveaux comprenant vers la fin les chronos infernaux dans le monde des morts, il faudra... tout récolter ! Sachant qu'un niveau complété à 100% sera immédiatement surplombé d'une version "Invasion", comme dans Rayman Legends, un challenge autrement plus corsé. Et là, vu la précision, la concentration et la mémoire requises, la crise de nerfs pourra vous guetter - même si certains niveaux avancés se révèlent bizarrement plus simples que ceux qui les ont précédés. Heureusement, Ubi a pensé aux moins aguerris.

Le doigt de savoir

Première surprise pour les possesseurs de Jungle Run : votre fidélité se matérialise par des Lums dans Fiesta Run. Vous collectez en effet ces petites boules jaunes (ou payer avec de la vraie monnaie si vous n'avez rien) pour acheter des tas de choses sans réel impact sur l'expérience - des fonds d'écran, des skins d'autres personnages - ou des bonus qui procurent une aide non négligeable. Avant de débuter un run, on vous propose des poings volants en nombre limité ou illimité, un ou deux coeurs "seconde chance" si vous touchez un ennemi ou un piège et surtout la possibilité, comme dans un jeu de bagnole super assisté, de voir le bon tracé et les moments exacts ou sauter ou taper. Avec la possibilité de disposer les icônes de saut et de frappe du côté souhaité, cela fait partie des éléments qui permettent à Fiesta Run d'être encore plus avenant. Comme s'il n'avait déjà pas assez de qualités et qu'on n'avait pas envie de briller dans les classements contre ses potes quand on a quelques minutes de break...

Dans la lignée de son illustre prédécesseur, Fiesta Run se révèle enchanteur. Les niveaux sont si bien conçus, avec des embranchements et des timings tellement vicelards, tellement injustes parfois, qu'on l'adore. Sauter, planer (voire voler lorsque le vent s'en mêle) nager, courir, bondir sur les murs et coller des bourre-pifs est toujours aussi excitant lorsqu'on n'utilise que deux doigts tout au plus. En cela, et grâce aussi à une réalisation en béton et un challenge quand même mastoc - mais accessible grâce aux bonus proposés -, le titre d'Ubisoft Casablanca s'illustre comme une suite parfaite qu'il serait - pour 2,69€ - bien étrange de montrer du doigt.