Sorti au début de l'année 2007, SC a marqué les esprits en tant que digne successeur de TA. Ses combats à l'échelle gigantesque, avec un zoom stratégique unique (allant de l'unité détaillée au continent entier), sa gestion des armées et de l'économie s'affranchissant de toute microgestion en font un RTS totalement à part. Ici, ni capacités spéciales, ni "lanceurs de sorts", uniquement des machines de tout type : terrestres, aériennes, marine, sous-marine, amphibie, orbitale. La grande richesse de SC est amenée par l'absence d'un système désormais classique du "pierre-papier-ciseaux"; en effet, aucun type d'arme n'a l'avantage sur un type d'armure, seuls la balistique, la puissance et les PVs des unités comptent. Armée massive de robots bon marché ou unité expérimentale géante ? Tout est possible : attaques comptant plus de 100 véhicules, barrages d'artilleries dévastateurs, attaques ciblées avec des unités de haut niveau technologique, bombardement massif...

Des erreurs et des patchs

Le jeu, bien que très attrayant et riche en atouts (multijoueur prenant, richesse des différentes factions, équilibrage des unités), souffrait de plusieurs défauts de taille : il fallait un PC de l'espace pour en profiter à 100%, les combats tournaient vite à la course technologique pour atteindre le niveau expérimental, les mécanismes de défense étaient trop avantagés par rapport à l'attaque, certaines unités devenaient obsolètes passé un certain cap technologique... Les patchs successifs, plutôt nombreux, ont beaucoup amélioré ce titre pour aboutir à sa version actuelle : optimisation et amélioration des performances, ajout de nouvelles unités, amélioration du lobby multijoueur (espace de rencontre et de création des parties en ligne, GPGNet), équilibrage des différentes factions. Mais la petite révolution qu'est Forged Alliance ne se limite pas à de simples améliorations ou peaufinages, c'est une refonte complète du gameplay, repoussant encore plus loin les limites déjà extrêmes placées par SC dans le domaine du RTS.

Le menu

FA est une version autonome, jouable sans l'installation préalable de SC. Jetons un oeil au menu présenté sur la jaquette :

  • une nouvelle campagne
  • une nouvelle faction jouable
  • 110 nouvelles unités
  • une refonte totale du gameplay
  • une optimisation des performances (surtout en terme de charge du CPU)
  • une amélioration des effets graphiques

Finalement, rien que du classique pour un add-on qui se respecte. Mais FA ne peut pas se résumer à cela. C'est une expérience à vivre pour tout stratège en herbe, c'est la sensation d'être le chef suprême d'une armée invincible (ou pas). Du reste, commençons par décortiquer le mode solo. Ça sera une bonne chose de faite et nous pourrons parler du multi plus longuement. Après tout, SC est et demeurera un jeu destiné au multijoueur. GPG a clairement focalisé ses efforts sur ce mode et le solo reste le parent pauvre de l'histoire. Pas de vidéo d'introduction ou de scénario pour vous faire vibrer avant même de cliquer. Ici tout est pauvre. Le scénario de la campagne n'est qu'un prétexte pour vous mettre sur un champ de bataille et vous familiariser avec le gameplay. Les personnages sont mis en scène de façon grotesque et on voudrait bien souvent pouvoir les faire taire... Toutefois, la campagne de FA réserve quelques bonnes surprises. Le design de certaines missions titille affectueusement les neurones et c'est bien là son seul intérêt. Mais avec seulement 6 objectifs principaux découpés en 3 volets chacun, on en a vite fait le tour. Mais la méthode du champ de bataille qui s'élargit à chaque nouveau volet est plaisante. Elle permet de conserver plus longtemps que l'espace d'une petite mission sa base construite avec tant d'amour et de dévotion. En mode difficile (pour les vieux routards du genre) on prend plaisir à repousser les assauts innombrables d'une IA certes plus artificielle qu'intelligente, mais qui remplit son contrat : nous occuper et nous tenir en alerte à chaque instant. Notez qu'une bonne partie des 110 nouvelles unités est en fait accaparée par les Seraphim, la nouvelle race extra-terrestre qui débarque avec cet add-on et n'est jouable qu'en multi.

Notez que les parties skirmish (jeu contre l'IA sur une carte de son choix) sont une étape indispensable avant le passage au jeu en ligne, qui révèle enfin tout le potentiel de la série. L'IA de FA est bien meilleure que celle de SC et donnera du fil à retordre à tout joueur fraîchement débarqué. Pour les plus téméraires, une IA qui triche (les autres IA ne trichent pas c'est promis), permet de passer un véritable baptême du feu !

C'est beau, c'est neuf ?

Oui, Forged Alliance est plus beau que son aîné. Oui, il y a plus de fioritures qui paraîtront inutiles aux pures stratèges - qui s'en passeront - mais qui sont très utiles lors du visionnage des replay. FA s'est aussi vu offrir une toute nouvelle interface de gestion, assez proche de celle créée en Mod par un joueur nommé Saya. Celle-ci est discrète, complète et fonctionnelle. Cerise sur le gâteau, chacune des quatre factions se voit attribuer une interface personnalisée. Les unités s'affublent également de nouvelles animations et effets graphiques. Mais la force de FA n'est pas dans ces petits détails qui réjouissent les possesseurs de 8800 GTX. Une des améliorations majeures apportées par cette version est l'aide au joueur. Je parle bien sûr de toutes ces petites fonctions qui sont là pour nous faire oublier le terme de microgestion. Le but évident n'est pas de favoriser le concours de click, mais le concours des idées. Ici on établit un pont aérien en deux clicks. On sélectionne les bonnes unités sans devoir faire attention : les ingénieurs et autres constructeurs ne peuvent pas être sélectionnés par mégarde avec des unités d'attaque. À vous les joies de la construction urbaine avec la possibilité de prédessiner les plans de construction (pattern) de votre base. Tout est fait pour que l'action du joueur soit libérée de toute tache pénible et rébarbative. Votre attention doit être dévolue à la stratégie et non à la paperasse administrative !

Le bonheur est dans le multi

Pour tout joueur de RTS, le bonheur suprême, c'est de jouer avec des personnes de son niveau sur une carte offrant des combats épiques et enflammés. FA offre ce luxe, sans en plus vous y faire passer trop de temps. Une partie en 1v1 durera moins de 30 minutes alors qu'un bon 3v3 pourra s'étaler facilement sur plus de 1h30. Choisissez en fonction de vos contraintes, car pour une fois, il y en a vraiment pour tous les goûts ! Le lobby associé, GPGNet, fournit tous les outils nécessaires pour rencontrer d'autres joueurs. S'affronter en 1v1, 2v2 ou 3v3 via le ladder est un vrai jeu d'enfant. Le summum pour le joueur pressé, c'est qu'il ne faudra en moyenne qu'une petite minute d'attente avant de trouver un partenaire pour une partie classée en 1v1. Cette valeur varie bien sûr en fonction de l'heure, mais le jeu étant répandu sur toute la planète et le lag étant inexistant, jouer à tout heure avec l'autre bout du monde n'est pas un problème. Il est ainsi possible pour les plus acharnés d'enchaîner les parties les unes après les autres. Les statistiques des joueurs le prouvent : en moyenne une partie dure 20 min ! De quoi satisfaire ceux qui veulent de la stratégie rapide mais intense. Et côté intense, vous allez être servis, voire trop pour certains. Les parties classées sont vraiment réservées aux joueurs hardcore. L'amateur de base fera bien de se rabattre sur de simples parties personnalisées. Jouer calmement entre amis, c'est tout de même plus reposant...

Des histoires de machines

Si vous avez eu l'occasion de tester SC juste après sa sortie, vous aurez pu constater que le jeu était un peu lent dans certaines configurations (champ de bataille très chargé). Les différents patches successifs ont grandement amélioré tout cela et la version actuelle de SC offre d'excellentes performances, même pour les possesseurs d'un processeur monocore. FA reste dans cette lignée. Le code a encore été optimisé pour offrir une expérience de jeu à la fois fluide et graphiquement impressionnante. Beaucoup plus fluide, surtout dans les replays, il est enfin possible de jouer confortablement en 4vs4, à condition d'avoir au moins un DualCore. Hé oui, les optimisations ont leurs limites... Les textures et les modèles ont eux aussi été améliorés, pour un jeu encore plus beau, même si on a rarement le temps d'admirer ses unités. Revers de la médaille, cette fois c'est la carte graphique qui devra être à la haute. À titre indicatif, un monocore aux environs de 3Ghz, couplé avec une 7600 GT ou équivalente vous permettra de jouer en qualité moyenne sans problèmes. Veillez toutefois à désactiver les "Overlays" (cercle matérialisant la portée des unités) qui sont à l'origine d'une chute non négligeable des performances.

Carnage au ralenti

S'il est impossible de profiter du lifting graphique du titre dans le feu de l'action, les replays en bénéficient pleinement. Choix de la vue, zoom extérieur, suivi d'un raid aérien, vue du déplacement des formations. Admirer, observer, étudier les techniques et l'art des autres joueurs est un vrai plaisir. Véritable jeu d'échec sous acide, on peut enfin voir à quel point la guerre virtuelle devient un art dans FA. Les fichiers des replays ne pesant que quelques centaines de kilo-octets il est très facile de les télécharger et de se les échanger. Tout cela est même organisé via GPGNet qui offre une bibliothèque de replays impressionnante postés automatiquement par l'ensemble de la communauté. Une vraie mine d'or pour celui qui veut apprendre et se perfectionner ou même pour le joueur voulant simplement admirer les meilleurs joueurs de la ladder. On se retrouve parfois à regarder plus de parties qu'à en jouer, c'est bien moins fatigant...

Vive la drogue

Si vous êtes friand de STR, ne passez pas à côté de ce titre. Non seulement c'est de l'or en barre pour les amateurs, mais en plus le rapport qualité / prix est excellent : 30 euros pour FA et 40 euros pour le pack SC + FA. Attention toutefois, les joueurs ne possédant que FA ne pourront jouer que les Seraphim en multi, alors que les possesseurs des deux jeux pourront profiter pleinement des quatre factions disponibles. Bref, si vous n'avez pas le premier, n'économisez pas 10 euros bêtement. J'envie même ceux qui n'ont jamais joué à Supreme Commander, car avec ce Forged Alliance, ils vont directement découvrir ce qu'aurait dû être le bébé de Chris Taylor dès sa naissance. La différence du niveau de finition entre les deux titres est tellement importante que ça crève les yeux. Et c'est bien ce grand écart salvateur qui peut (doit ?) redonner une nouvelle vie à SupCom.

NdCaf : merci à Olivarius pour ce test (largement remanié, mais sans lui, c'était mort), ainsi qu'à Obsidian et Hellboy pour leur aide. Gameblog vous aime. Carrément.