Disponible depuis cet été au Japon et aux Etats-Unis, Dragon's Crown est un beat them all saupoudré de notions de jeu de rôles en 2D dans un univers médiéval fantastique traditionnel qui fait énormément penser à Dungeons & Dragons de Capcom. Si la formule a déjà été exploitée jusqu'au trognon, le studio nippon a su en faire un titre unique par bien des aspects, à commencer par sa réalisation absolument sublime.

Art moyenâgeux

C'est indéniablement la première chose qui marque, Dragon's Crown profite d'une direction artistique superbe en 2D, à l'ancienne, au travers de ses décors variés. Pour être clair, le titre ressemble à une véritable fresque animée qui flatte la rétine à chaque instant. Outre des jeux de couleurs magnifiques et un scrolling parallaxe qui offre une étonnante densité aux donjons, les animations hyper stylisées lui font bénéficier d'une classe indécente qui ferait pâlir bien des jeux 3D en 2013. C'est du grand art. Mais malgré cela, soulignons dès à présent une chose qui fâche : oui, il arrive parfois que la version PS Vita rame sensiblement à cause des dizaines d'animations des sprites et des effets des sorts des ennemis, des héros et des boss. Sur PS3 le rendu est aussi bon mais ne ralentit presque pas et ça tombe bien puisque le jeu est cross-platform. On passe donc de la portable à sa console de salon dans le confort le plus total en transférant sa sauvegarde sur le réseau. Pour revenir à l'ambiance, outre des graphismes qui forcent le respect, difficile de ne pas parler de l'ambiance sonore spectaculaire, surtout au casque, et des musiques enivrantes qui s'adaptent à l'action. Vous l'aurez compris, j'ai pris une claque visuelle et auditive et je veux que ça se sache !

Préparation, action !

Le coeur du jeu se déroule évidemment dans ses donjons (ayant chacun deux chemins et différents monstres) dans le feu de l'action où l'on blaste tout ce qui se présente sur la route du groupe (seul avec des I.A ou d'autres joueurs). Mais avant que les têtes ne volent, il faut se préparer en ville (le hub du jeu) afin de ne pas se retrouver dans le besoin en fin de niveau (d'environ quinze à vingt minutes chacun) face à un dragon par exemple. Si j'insiste sur ce point c'est qu'il faut bien comprendre que Dragon's Crown est bien un beat them all mais aussi un RPG. Attendez-vous donc à passer pas mal de temps au village à consulter plusieurs menus afin de gérer votre équipement, votre équipe, suivre l'histoire (présentée sous forme d'images légèrement animées), prendre des quêtes annexes (tuer tel monstre dans tel donjon, récolter tel objet, etc.) et j'en passe. Car s'il s'agit bien d'un jeu d'action il faut aussi savoir que la gestion de son budget est essentielle. Chaque objet récolté à la fin des donjons est caché et pour pouvoir l'utiliser, et voir ses statistiques, il faut payer, comme pour tout service dans le jeu (résurrection des alliées en combat, obtention d'armes et d'équipements, réparations, etc.). Nous sommes donc bien face à un jeu de rôle, auquel s'ajoute de la gestion ainsi que de la collectionnite aiguë que l'on peut ressentir dans un Diablo, et dans lequel il faut réfléchir et se préparer avant d'aller au front, surtout dans la deuxième partie du jeu d'ailleurs mais je vais y revenir.

Dix donjons, six classes, plein de possibilités

En jeu, DC fait énormément penser à Golden Axe. Quatre personnages s'allient pour massacrer des ennemis variés et aller défier un boss de taille (deux par donjon). Mais comme je vous le disais, s'il suffit de taper, presque bêtement, pour avancer dans la première partie du jeu (les 5 premières heures), une fois tous les donjons débloqués une route alternative supplémentaire se déverrouille dans chacun d'eux pour vous donner accès à un autre circuit et déboucher sur un boss "caché". C'est d'ailleurs à partir de là que vous allez pouvoir jouer en ligne et pas avant, le temps d'assimiler le rôle de votre classe et le fonctionnement du jeu. En effet, outre les spécificités de chaque classe que l'on peut bien évidemment spécialiser en accumulant les niveaux et en choisissant certains pouvoirs, la coopération, ainsi que la subtilité globale du jeu, gagne en importance. Ainsi le guerrier peut jouer les tanks pour encaisser les dommages, les mages et autres sorcières s'occuperont des adversaires à distance et d'ennemis plus sensibles aux éléments, le nain jettera les grosses bestioles sur ses congénères, etc. Au final, en fonction des classes et des situations variées proposées, les joueurs devront être affectés à des rôles précis pour gagner en efficacité puisque les boss, mais aussi les ennemis, deviennent alors plus difficiles à gérer. Preuve que l'I.A de vos partenaires (lorsque vous jouez en solo) n'est pas des meilleures, même s'ils font globalement le boulot, et que la possibilité de jouer en ligne ouvre de nouvelles perspectives en termes de coopération. Et ça tombe bien puisqu'une fois le scénario terminé en mode normal (comptez un peu plus d'une dizaine d'heures), on apprend qu'il est possible de monter le niveau de son... ou plutôt de ses héros (on peut refaire le jeu du début avec chaque classe) à 99 (35 max en mode normal) au travers de modes plus ardus tels que le inferno dans lequel les difficultés sont encore plus grandes. Autant dire qu'il y a de quoi faire pour les acharnés, même si on retraverse régulièrement les mêmes niveaux et ceci même si les développeurs y proposent quelques routes alternatives et des boss, ainsi que des adversaires différents.

A mon sens, et pour les amoureux de beat them all en 2D, Dragon's Crown est une oeuvre d'art. Dans la forme d'abord avec son rendu impressionnant mais aussi sur le fond avec sa profondeur que l'on doit à son aspect RPG très prononcé ou sa rejouabilité gigantesque pour qui ne souffre pas trop de revoir régulièrement les mêmes superbes décors. Ajoutons à cela le jeu en ligne, parfaitement intégré au titre, et on obtient ce qui se fait de mieux dans le genre à l'heure actuelle sur portable, comme sur console de salon, dans le genre et en 2D. Evidemment on peut bien chipoter sur les quelques ralentissements, l'absence de traduction française (tout est en anglais) ou sur le fait de retraverser sans cesse les mêmes décors mais les petits secrets à dénicher, la variétés des ennemis, le rythme de l'action et les quelques chemins alternatifs suffisent à nous faire oublier ces quelques défauts. A vous de voir mais si vous affectionnez la 2D et le beat them all, c'est le jeu à posséder absolument !