Qu'est-il advenu de Sadja, princesse d'un temps passé qui semblait prête à tout pour laisser son nom dans l'histoire ? Quelqu'un semble vraiment percer ce mystère, mais ce n'est pas Geron, le héros des Chaînes de Satinav, qui se préoccupe uniquement de rendre son apparence humaine à son amie fée Nuri, apparemment transformée en Corbeau dans le premier épisode... Un premier épisode qu'il est dommage de ne pas avoir fait (c'est mon cas), mais pas du tout problématique. Vous aurez déjà fort à faire avec le scénario de Memoria pour vous préoccuper du précédent ! Un souffle épique se lève doucement sur l'histoire de Sadja, qui tisse des liens avec celle de Geron en multipliant les personnages (certains sont un peu trop "tertiaire"), les lieux, les situations, et bientôt on se retrouve avec une véritable épopée où les dieux eux-mêmes sont vos interlocuteurs. Le dénouement est impeccable et la narration ne faiblit jamais. Une vraie réussite qu'on aurait bien imaginé en film.

Énigmes passées et présentes

Mais Memoria n'est pas un film. C'est un jeu d'aventure qui propose toutes sortes de puzzles. Entre l'inventaire et les sortilèges, il y a de quoi multiplier les manipulations possibles. Heureusement l'histoire est suffisamment compartimentée pour que les éléments utiles ne s'entassent pas en trop grand nombre, rendant le jeu confus. De plus, Daedalic a misé sur la variété : ici une séquence labyrinthesque, que l'on peut passer au besoin, car elle est costaude ; là un petit jeu de mémoire ; ici encore un gros effort de déduction... Tout s'enchaîne à merveille et seuls un ou deux passages vous feront rager contre un manque de clarté et d'indices, ou quelques illogismes. La plupart des puzzles se montrent retords, mais justes. Il faut tout de même être un habitué du genre pour ne pas sécher complètement de temps en temps.

En progression technique

Reste qu'il vaut mieux bien parler anglais (ou allemand) pour en profiter. Les voix sont d'ailleurs très réussies (sauf un gosse à la fin, mais bon). En revanche, les musiques restent anecdotiques. Les tableaux se succèdent, certains plus à couper le souffle que d'autres, et le scénario en lui-même permet de nous montrer de bien belles vues. Mais comme souvent, on en demandera toujours plus au niveau de la réalisation, même si elle est très bonne : plus d'animations, plus d'effets dans le décor, plus de tout.

Attendez-vous à sécher sur plusieurs passages, souvent à cause de Daedalic : toujours les mêmes petits soucis de logique ou un manque d'indices. Mais le jeu en vaut la chandelle pour une histoire vraiment hors norme. Daedalic grossit et met de plus en plus de moyen dans ses jeux. S'ils continuent comme ça, ils vont vraiment nous sortir un petit chef d'oeuvre bientôt...