Dream Team Bros. a indéniablement des allures soporifiques, à commencer par son intrigue : Peach est invitée sur l'île Koussinos par son propriétaire, le Dr Coltard, un prétexte à dormir debout pour enlever une fois de plus notre princesse. Cet air de déjà vu se confirme dès le premier combat, puisqu'il s'agit toujours de s'appuyer sur le timing afin de démultiplier la puissance des attaques ou d'éviter les offensives adverses. Plus facile à dire qu'à faire, car il faut de nouveau contrôler deux personnages à la fois au cours des assauts en duo et des phases défensives, chacun des plombiers moustachus étant associé à un bouton. En outre, de telles manipulations demandent non seulement de maîtriser leur arsenal sur le bout des doigts, mais aussi de connaître les différentes techniques employées par les ennemis. Il est ainsi possible de ne subir aucun dommage, cependant les blessures infligées sont d'autant plus importantes. Que les néophytes se rassurent, on peut désormais recommencer les confrontations indéfiniment en cas d'échec, et éventuellement avec des indices et des héros dopés, histoire de ne pas s'assoupir à force de réessayer. Et pour mettre encore davantage en exergue les vertus de la dextérité et de la malice durant ces batailles résolument dynamiques, il y a toujours le "badgeomètre" qui se remplit au fil des manoeuvres réussies. Une fois pleine, cette jauge permet de bénéficier d'effets variés, un peu comme des magies, selon la combinaison de badges dont sont équipés nos frangins. Leur coopération ne s'arrête pas là d'ailleurs, elle s'étend aux déplacements dans cet univers, également très familier à l'image des truculents habitants...

Pyjama party

Fût-elle éloignée du Royaume Champignon, cette île de villégiature demeure représentée en vue de trois quarts sur l'écran du haut, avec des ennemis visibles, tandis que la carte s'affiche sur l'écran du bas. De plus, son exploration nécessite l'usage d'aptitudes que Mario et Luigi acquièrent au fur et à mesure de l'aventure, façon Zelda. En somme, ce programme semble fort classique, surtout qu'une bonne partie de ces pouvoirs sont recyclés des précédents épisodes. Par conséquent, les vétérans de la série ne risquent-ils pas de somnoler ? Oh que oui, mais pas par lassitude, puisque Dream Team Bros. repose sur un principe de double monde, d'un côté celui du réel, et de l'autre celui des rêves, respectivement matérialisés en trois et deux dimensions. Bien entendu, cette division a été auparavant expérimentée sous différentes formes, en particulier avec la bedaine de Bowser. Néanmoins, les interactions entre deux univers sont ici poussées encore plus loin, grâce au profond sommeil de Luigi. Il doit ainsi régulièrement pioncer, le temps pour Mario de plonger dans ses songes, où roupillent des Koussinos enfermés au sein de fragments de cauchemar. Libérer ces gros dormeurs sert naturellement à faire avancer la quête, leur aide consistant souvent à ouvrir des passages quand ils reviennent à eux dans la réalité, de sorte que chaque région ressemble à un grand donjon composé de sous niveaux oniriques. Toutefois le lien entre les deux mondes se manifeste aussi en temps réel, par l'intermédiaire des mécanismes "luimagik". Luigi faisant dodo, c'est "Oniluigi" qui accompagne le vrai Mario dans le Monde Onirique, et cette version idéalisée de notre célèbre trouillard dispose de talents formidables, véritables merveilles d'inventivité !

Mecha Luigi

Luigi a notamment la possibilité de fusionner avec certains éléments du décor que l'on actionne en titillant son nez, ses moustaches ou sa casquette pendant qu'il dort sur l'écran du bas, dans l'optique de résoudre des énigmes. Par exemple, le souffle de son éternuement déplace des plateformes, ses bacchantes se transforment en "lance frère", et astiquer son insigne réveille le super héros qui sommeille en lui. Si ces duels face à des Boss gigantesques avaient été introduits par Bowser, ils prennent là une dimension nettement plus spectaculaire et théâtrale, à grand renfort de références aux séries tokusatsu. Au delà de l'évolution technologique, ces joutes tirent astucieusement parti du relief apporté par la 3D auto stéréoscopique, une remarque qui s'applique à l'ensemble des combats. Car la perception de la profondeur s'avère très utile pour situer Mario et Luigi dans l'arène, a fortiori lorsque la caméra délaisse son traditionnel plan latéral au profit d'un étourdissant angle plongeant. Ce dernier intervient tout spécialement à l'occasion des "attaques frères", dorénavant étoffées de déclinaisons luimagik qui ont recours au gyroscope en prime ! Ici encore, on salue l'imagination fertile d'AlphaDream. Évidemment, ces charges surpuissantes restent cantonnées aux doux rêves de Luigi. De même, son rôle dans les batailles oniriques se limite à booster les capacités de Mario, faute de pouvoir lui prêter main forte en personne. Cela ne l'empêche pas de dévoiler un caractère de battant, au point de voler la vedette à son grand frère. Qui l'eut cru ? Une chose est sûre, malgré l'impression de rêve récurrent que donne parfois cette longue quête de sommeil, elle s'avère suffisamment imaginative pour que l'on se lève ensuite du bon pied.