Le jeu a beau être affublé d'un "2", la licence ne date pas d'hier. Les jeux Race Driver et les jeux TOCA avant eux en sont les glorieux ancêtres, et leur héritage se fait toujours bel et bien sentir aux quatre coins de GRID 2.

La voie du milieu

Le credo de GRID 2, est ainsi de livrer aux amateurs de course automobile un jeu à la fois accessible et sensationnel. Côté gameplay, ne vous attendez ainsi pas à retrouver des modèles physiques ultra exigeants comme dans un Gran Turismo ou un Forza : vous ne serez pas vraiment embêtés par des transferts de masses réalistes, les freinages tardifs ne vous pénaliseront pas trop... Le jeu facilite au contraire vos trajectoires, et il est volontairement indulgent avec vos erreurs d'appréciation. Mais ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de subtilité dans la conduite pour autant, loin de là. Car GRID 2 arrive vraiment à positionner son curseur arcade/simu en plein milieu, notamment grâce à des comportements très crédibles des différents véhicules (ils ont tous des modèles physiques bien distincts), qui braquent un peu façon "savonette" mais ne tombent jamais dans la fantaisie non plus, grâce à des éléments pertinents comme la gestion de l'adhérence, en drift ou tout simplement en sortie de virages lorsqu'il s'agit de mettre la gomme, ou encore les "touchettes" avec les autres véhicules, les accidents qu'elles peuvent entraîner et bien sûr les dégâts majeurs qui vont avec, sur votre carrosserie comme vos éléments mécaniques. Heureusement, l'option de "rembobinage" - inventée par le premier GRID et copiée mille fois depuis - permet toujours de revenir quelques secondes en arrière (cinq fois par course).

La rage de la course !

Cet équilibrage est finalement assez unique en son genre, et additionné à la très bonne sensation de vitesse et à la variété des courses (circuits pro bien larges mais techniques, routes de montagne étroites et piégeuses, circuits citadins tortueux), il offre des sensations franchement excellentes, parfois jubilatoires. Dès les premières minutes du mode Carrière, vous serez ainsi par exemple jeté à bord d'un gros muscle car américain sur les étroites routes de la côte californienne, avec 11 concurrents à dépasser sur quelques kilomètres. Il faudra aller vite, très vite, et tenter des dépassements subtils, sans grand espace entre la voiture concurrente lancée à toute allure et le grand fossé rempli d'arbres millénaires, prêts à plier votre caisse en deux à la moindre incartade... C'est cette tension, cette rage de la course, qui font toute la personnalité et l'intérêt de GRID 2.

C'est beau, une fin de gen

Pour ne rien gâcher, GRID 2 se permet en plus de nous en mettre plein les yeux. Non seulement les courses, épreuves et lieux sont hyper variés, mais en prime le titre de course jouit d'une réalisation de très, très bonne facture. Graphiquement, c'est superbe, les environnements regorgent de détails, que ce soit dans les villes de Chicago, Paris, Hong Kong, Miami, Dubaï, les circuits d'Indianapolis, Brands Hatch, Yas Marina, ou encore les routes escarpées d'Okutawa, de la Côte d'Azur, de Californie... C'est un voyage franchement splendide dont on se délecte tout au long du mode Carrière, en admirant aussi tout un tas de petits détails comme la brume au dessus du bitume en montagne, les écureuils qui traversent la route avant notre passage en Californie, les métros aériens et leurs étincelles à Chicago, les papiers journaux ou les feuilles qui volent au vent... et que dire des différents effets de lumière, du rendu du ciel, de ce joli filtre propre aux productions Codemasters tellement classe... Quant aux reflets sur votre carrosserie (dont on profite à mort en vue capot), ils sont juste bluffants. Et tout ça tourne à 30 images/seconde de manière constante, bien sûr, sauf peut-être une micro-seconde de temps en temps lors des plus gros accidents, qui peuvent littéralement détruire votre bagnole. Au sujet des dégâts d'ailleurs, ai-je vraiment besoin de le préciser s'agissant d'une production Codemasters : c'est simplement ce qui se fait de mieux. La tôle se froisse différemment selon l'angle et la vitesse de l'impact, les radiateurs tremblent, les roues de désaxent, les pare-chocs sont abandonnés sur la route, les capots s'envolent... Personne ne fait ça mieux qu'eux.

YouTube, propulseur de carrière

Le mode solo nous propose une carrière assez originale et plutôt entraînante. On est embauché comme pilote par un homme souhaitant créer une nouvelle compétition mondiale, le WSR, qui aura pour particularité de mélanger tous les genres : courses classiques sur circuits, courses en ville, courses point-à-point, "Touge", Drift... On commence ainsi chaque saison par des épreuves de clubs, dans lesquels il faudra réaliser de belles performances pour générer des "Fans" (le nombre de fans remplace les XP, en gros), qui posteront vos exploits sur YouTube, en parleront à leurs amis sur les réseaux sociaux... Bref, de quoi générer un public grandissant, pour finalement lancer la compétition et enchaîner des saisons, en changeant de continent et en mondialisant de plus en plus le WSR. Au fil des années, le garage un peu pourri du départ deviendra de plus en plus moderne (on note l'héritage Race Driver avec ces menus en vue subjective), les bolides seront de plus en plus puissants, et l'ambiance autour des circuits elle aussi s'intensifiera, avec plus de monde, des feux d'artifice, plus de sponsors... Vous pouvez d'ailleurs choisir ces derniers et les renouveler chaque saison, sachant qu'ils fixent chacun des objectifs bonus permettant de grapiller encore quelques fans. Pas d'argent dans le système : les nouveaux véhicules (une cinquantaine répartis en 4 catégories de puissance) se débloqueront au fil de vos succès, que ce soit dans les courses classiques ou dans les différents défis de pilotage.

Interdit de s'ennuyer

Ce mode carrière sera l'occasion de passer d'un pays à un autre, d'un continent à un autre, mais aussi et surtout d'un type de course à un autre. La diversité des épreuves est un point important à souligner, puisqu'en plus des courses classiques, sur circuit, en ville ou en point-à-point, on aura droit à des choses plus originales comme des modes élimination (à chaque tour le dernier est éliminé), time trial (des checkpoints successifs à passer dans le temps imparti pour remonter le chrono), des duels, du Touge, ou même des trucs plus fun comme les courses de dépassements, dans lesquelles il faut doubler une infinité de caisses qui roulent relativement doucement en tentant de faire des combos sans toucher de rambardes ou d'adversaires. Les épreuves de drift sont toujours de la partie évidemment, et la nouveauté la plus marquante reste les courses "live routes", qui mixent aléatoirement tous les tracés d'un même environnement, en changeant la forme de la course à chaque nouveau tour. Une idée toute bête, qui fonctionne très bien et qui ajoute un peu de piment, car il devient difficile d'anticiper : impossible de connaître le circuit par coeur !

Il ne manque pas des trucs ?

Malgré toutes ces réjouissances et le plaisir certain qu'on prend à parcourir progressivement ce tour du monde dans le mode carrière, certains éléments décoivent un peu. Personnellement, je ne comprends décidément pas l'absence de la vue cockpit, d'autant plus qu'elle était présente dans le premier opus et qu'elle était excellente ! D'après Codemasters, seuls 5% des joueurs l'utilisaient... mouais, bah j'en faisais partie boudiou ! (NDTraz : Big Brother...) Par ailleurs, les maniaques des réglages n'auront rien à se mettre sous la dent. On prend les voitures telles qu'elles sont, on peut les décorer un peu en changeant le set d'autocollants et les couleurs, mais c'est tout. Pas moyen de faire évoluer votre bagnole avec des kits d'amélioration (sauf en multi, on y vient plus bas) et surtout aucun réglage à faire sur la boîte, les roues ou je ne sais quoi (pas même en multi). Par ailleurs, si chaque course peut être jouée de jour comme de nuit, GRID 2 ne propose aucune variation climatique. Les courses sous la pluie, ce sera pour une autre fois. Ca ne change rien aux qualités du jeu citées plus haut, ça correspond bien au choix d'accessibilité des développeurs, mais ça reste dommage de ne pas le proposer.

Racenet à gogo

Le mode en ligne de GRID 2 est complètement indépendant du solo. Pas de fans à accumuler ici, mais bien des XP cette fois, que vous gagnerez à la sueur de votre front en vous lançant dans des parties online où toutes les épreuves et courses du solo seront bien évidemment proposées. Le code réseau fonctionne très bien, les parties s'enchaînent jusqu'à 12 joueurs en piste avec plaisir, et la couche sociale "Racenet" (l'Autolog maison de Codemasters) fait bien le boulot, avec des rivaux qui vous sont attribués automatiquement selon votre "style" et vos performances, ainsi que des défis hebdomadaires dans lesquels vous tenterez de vous positionner au mieux en attendant les suivants. En outre, vous pourrez même uploader directement sur votre compte YouTube vos exploits, ce qui est assez cool tant les accidents peuvent être énormes. Votre garage solo n'est pas lié et il faudra faire en quelque sorte cette deuxième carrière en ligne pour débloquer petit à petit tous les véhicules, accumuler de l'argent pour vous payer des améliorations (elle ne sont donc présentes qu'en multi, mais pas de réglages pour autant, attention). Sinon, la véritable idée géniale de ce mode en ligne, c'est que votre façon de piloter est analysée, et qu'une couleur (du vert au rouge vif) vous est attribuée en fonction de votre comportement. En gros, les gentlemen apparaissent en vert et les gros bourrins en rouge. Du coup, vous pourrez filtrer les parties en excluant lesdits bourrins, et rester entre gentlemen ! C'est tout bête, mais on veut voir ça dans tous les prochains jeux de course !

Bref, malgré quelques petits défauts à souligner, quelques "oublis" malheureux, GRID 2 réussit la mission qu'il s'était imposé : proposer un jeu de course nerveux, rapide, graphiquement à la page et facile à prendre en mains... tout cela en offrant au joueur des sensations de course rageuses et des accidents dantesques. En revanche pas de doute là-dessus : ceux qui aiment passer des heures dans les réglages de performance, qui ne supportent pas l'idée d'une quelconque assistance au pilotage, peuvent passer leur chemin tranquillement.