Pour écrire sur le visuel de Fly'N, j'aurais pu reprendre une partie du second paragraphe de la critique de RaHaN sur Islands of Wakfu. Car lancer le nouveau jeu exclusivement disponible sur PC d'Ankama, c'est l'assurance de retrouver tout le talent des graphistes et des animateurs qui font la touche du studio du Nord. Hélycia, le monde de Fly'n, est absolument charmant, féerique, bigarré et les quatre petites bestioles que l'on y incarnera (des petits bourgeons qui m'évoquent autant l'hirondelle que le têtard), semblent, par leur manière de bouger, de sauter, de planer, bien vivantes. C'est déjà la première grande qualité du titre : nous plonger dans un monde dans lequel on se sent bien et que l'on a envie de découvrir plus en profondeur.

Fini le feu du séchage

Et il sera nécessaire de le faire pour stopper un vilain sèche-cheveux (sûrement un parent de l'air conditionné du Petit grille-pain courageux) bien décidé à dépouiller les majestueux Arbres Mondes de leur sève pour alimenter ses menaçantes machines. Encore une petite fable écologique chère au jeu indé donc, mais qui par son univers tellement charmant , enchante au lieu d'agacer. Si au début du jeu on incarne seulement Flyn, reconnaissable à sa couleur bleue et sa faculté à adorablement chanter, il sera au fil de cette aventure linéaire rejoint par Lyft, le petit colle-au-murs vert, Nyls, le super sauteur et briseur de roches à la retombée orange et enfin Ywok, petite balle rebondissante noire qui peut rouler sans problème sur des déchets mortels pour ses congénères.

Du beau neuf avec du bon vieux

Bien entendu, la présence de ces quatre mignonnes bestioles permet de diversifier les phases de jeu de Fly'n qui repose sur l'architecture classique du jeu de plateforme. On ramassera ainsi de petites orbes bleues pour activer certains mécanismes habituels du genre (pousser une caisse d'un point A à un point B, avec un minimum de réflexion par exemple), on collectera tout au long des niveaux, comme les pièces dans un Mario, des aigrettes de pissenlit et surtout, c'est l'une des petites originalités du titre, on passera d'une dimension à une autre, découvrant alors le négatif visuel du monde qui nous entoure mais surtout certaines plateformes jusque là invisibles ou certains passages bloqués qui ne le seront plus. Autre particularité, on ne trouve pas d'ennemis à proprement parler dans les niveaux, si ce n'est le sèche-cheveux en tant que boss ou les coulées toxiques de déchets noires et rouges, et les vies sont infinies? On réapparaît donc au dernier point de sauvegarde, petit tonneau où l'on peut choisir entre les bestioles pour progresser, le choix étant orienté par la présence ou non d'un type de couleur.

Manette obligatoire

Fly'n possède donc tous les attributs que l'on attend d'un jeu de plateforme classique et comme l'impose la précision du genre, il faudra absolument y jouer à la manette. Cependant, et même si l'expérience de jeu s'avère très concluante, deux petits problèmes de calibrage en terme de jouabilité existent. Déjà, les mouvements des petits bourgeons s'avèrent parfois bien trop brusques et il n'est pas rare de tuer sa bestiole en la poussant dans une zone mortelle, sans le vouloir, alors que l'on souhaitait juste se déplacer d'un chouïa. Deuxième petit souci plus personnel, en tant que grand amateur de jeux de plateformes, je n'ai jamais été un inconditionnel du double saut et surtout pas quand sa réalisation demande une deuxième pression plus intense sur le bouton. S'il on se fait vite à ces défauts, ils demandent un temps d'adaptation qu'on aurait préféré éviter.

Fly'n reprend ça et là les mécaniques traditionnelles du jeu de plateforme pour un résultat convaincant, porté par une direction artistique superbe, une musique tantôt apaisante, tantôt musclée et s'avère être une vraie réussite, si ce n'est quelques minimes défauts de calibrage du gameplay. Accessible, à 10 € et proposant une durée de vie honnête (environ six heures de jeu), Fly'n devrait plaire aux amateurs de plateforme et plus largement à ceux qui apprécient le style artistique propre au studio de Roubaix.