Dans la grande famille des jeux remasterisés, il y a ceux qui s'en sortent bien. Je pense à ICO & Shadow of the Colossus, Sly Raccoon ou bien encore The Chronicles of Riddick : Assault on Dark Athena, diablement attractifs. D'autres, en revanche, font peine à voir, à l'instar d'un Silent Hill HD Collection de triste mémoire. Malheureusement, Doom 3 BFG Edition est de ceux-là. Sur plan visuel, tout d'abord, on constate que les développeurs n'ont pas retouché quoi que ce soit . Ok, c'est HD, mais le résultat, usant des mêmes textures qu'au premier jour, agresse les yeux. Si les environnements s'avèrent pour la plupart acceptables, les modélisations anguleuses, ternes, des humains et monstres croisés rappellent à quel point la technologie a évolué depuis 2004. Sans oublier l'absence d'ombres portées en temps réel sous l'éclairage de votre torche ou un mixage sonore très aléatoire. Surprenant. D'entrée, cette version confesse ne s'adresser qu'aux joueurs qui n'ont jamais essayé de survivre dans une station martienne en proie aux flammes de l'Enfer. Encore faut-il que ça en vaille la peine en termes de sensations de jeu et de gameplay.

Life on Mars

Là encore, les années n'ont pas été tendres. A l'époque, on pardonnait aisément le problème d'identité du jeu et l'idée qu'en s'équipant de la lampe-torche pour voir quelque chose à l'écran, on ne pouvait guère être armé. Un brin étriqué, gangréné par un rythme souffreteux où le shoot, un peu trop rare, alternait avec une exploration se limitant à trouver un ordinateur et l'activer, ce Doom se rattrapait par sa réalisation, son ambiance. Aujourd'hui, la lumière est fixée directement sur l'armure et l'on sait enfin sur quoi on tire. On a presque envie d'applaudir ce changement. Mais, globalement, eu égard au bond qualitatif incroyable dans le genre FPS, on réalise à quel point le titre de John Carmack et ses amis accuse une fois encore le poids des ans. Tout ça manque de punch, de variété. Même si l'atmosphère pesante, bien rendue, peut encore mener à un petit sursaut au début, la mécanique du monstre sortant du placard, seule, ne fonctionne plus vraiment sur la dizaine d'heures de la campagne principale. Fort heureusement, sont adjointes deux extensions autrement plus bourrines. Resurrection of Evil, déjà connue, et l'inédit The Lost Mission, proposant huit niveaux de pure action. Bien plus satisfaisants, car revenant vers l'esprit même de la licence. D'ailleurs, en parlant de ça, on trouvera, par bonheur, les deux premiers volets, parus respectivement en 1993 et 1994, qui demeurent à ce jour encore incroyablement fun. Dommage que le multijoueur, bien présent pour ces deux monuments sur PS3 et 360, n'ait pas fait le chemin sur la version PC, cependant.

Oui, Doom 3 a salement vieilli et le (prétendu) lifting n'efface pas ses vilaines rides. Cette réédition, malgré l'apport d'une mission inédite et des deux premiers épisodes qui lui confèrent une durée de vie confortable, n'a pas de quoi lutter à l'heure actuelle face à une concurrence hargneuse. Même face à l'original sur PC, il y a malaise : on le trouve moins cher et bardé de mods gratuits qui le rendent plus beau et amusant. Idem pour Doom et Doom II, fournis, mais amputés du multi. Et sur consoles HD, on se permet de questionner l'intérêt d'avoir lancé cette BFG Edition. Nous préparer au très attendu Doom 4, peut-être ?