Edna est tarée. Dans The Breakout, elle tente de s'échapper des griffes de l'ignoble Dr. Marcel, grâce aux conseils de sa peluche Harvey. Enfin, je crois. Je le répète, je n'ai pas fait le jeu original. Paraît-il que, comme pour Deponia, la version anglaise n'est pas du meilleur acabit... Mais ce n'est pas trop important pour cette suite, qui vous place en fait dans la peau d'un autre personnage : la gentille Lilli, adorable petite blonde à couettes et grande copine d'Edna qui réside à présent dans un pensionnat religieux dirigé par une mère supérieure acariâtre.

Rôle secondaire principal

Lilli est... un peu spéciale. Elle a du mal à faire les choses comme on lui demande, et elle manque terriblement de confiance en elle. D'ailleurs elle ne parle jamais. Elle ne prononce jamais plus qu'un "mais..." ou un "euh..." et quelques sons accompagnés de mouvements de tête pour dire oui ou non. Quasiment tous les autres élèves la détestent de toute façon et lui coupent la parole sans cesse. Dans Harvey's New Eyes, les dialogues sont donc des monologues, et les actions ou les pensées de l'héroïne sont décrites par le narrateur.

Vol au dessus d'un nid de doudous

Sauf que le narrateur est terriblement cynique dans sa manière d'expliquer ce qu'il se passe à l'écran. Faut dire que Lilli laisse derrière elle une belle série de cadavres, tous peinturlurés en rose par les petits gnomes de son inconscient. Elle devra d'abord aider Edna à s'enfuir du pensionnat, car la mère supérieure, lassée des bêtises de Lilli, a convoqué le Dr. Marcel pour qu'il essaye ses nouvelles méthodes de thérapie. Puis, il faudra retrouver Edna, en combattant les blocages psychologiques imposés par le docteur. Inutile de spoiler plus, je laisse les intéressés découvrir le reste de l'histoire eux-mêmes.

Point'n c... c... c... click

Ce mélange entre les actions horribles qu'on nous fait faire, la personnalité de Lilli et la narration, sans compter une galerie de personnages totalement déjantée, fait tout le succès de Harvey's New Eyes. Le jeu se déroule comme un point & click classique, avec de la manipulation d'inventaire pas trop difficile, pour peu qu'on réfléchisse aux indices donnés dans les dialogues. Le gameplay offre aussi quelques puzzles et énigmes de bon calibre, souvent basés sur la logique ou la déduction. Si cela vous renfrogne, sachez que l'on peut les passer automatiquement.

Design sans folie

Quant à la réalisation, cela reste bien sûr assez basique. Le design des personnages est sympa, mais côté décor, ça manque d'une touche vraiment artistique pour pallier à la simplicité. Au moins, les graphismes sont clairs et on rate peu d'objets. Les animations pourraient aussi se voir largement améliorées. Originalement en allemand, la version anglaise se montre de très bonne facture, et la plupart des voix sont correctes. Le narrateur est particulièrement efficace, fort heureusement, car il joue un rôle essentiel dans l'ambiance. En revanche : pas de VF prévue... Ne nous plaignons pas trop, il semble que Daedalic ait fait de gros progrès de traduction, de peaufinage et d'interface depuis le premier titre (d'après les critiques).

Si vous aimez ricaner, Edna & Harvey : Harvey's New Eyes est incontournable. Pas rire aux éclats, attention ! L'humour est beaucoup trop noir pour cela ! Non, non, juste apprécier un univers psychotique et violent grâce à une narration ultra cynique et un peu de peinture rose. La pauvre petite Lilli n'a, bien entendu, rien à voir avec tout cela...

Edna & Harvey : Harvey's New Eyes est disponible sur Steam (PC et Mac) pour 15 euros.