Comment devient-on le commandant du projet XCOM lors d'une invasion intempestive d'extra-terrestres ? Je comprends bien qu'il est nommé par un conseil de gens haut placés représentant diverses nations à travers le globe, mais déjà pourquoi ces pays et pas d'autres ? S'en fout le reste, de la fin du monde ? Et pour vous embaucher, ils postent une petite annonce chez Pôle Emploi ? J'espère qu'ils ne demandent pas une première expérience... Bon, on va pas se voiler la face hein, le scénario de XCOM : Enemy Unknown tient sur une feuille de paye de Gameblog, même avec un final sympa. Et puis on s'en fout des incohérences ; nous ce qu'on veut, c'est dézinguer de l'alien, voler leur technologie et entendre les lamentations de leurs femmes. Et ça, le titre de Firaxis et 2K, qui ressuscite la fameuse licence sur PC et consoles, nous l'offre bien. Bon, peut être pas les lamentations des femmes, mais vous pourrez toujours écouter les plaintes des soldats quand une expédition se verra une fois de plus massacrer sur le terrain.

On démonte, on remonte, et voilà

Le principe est simple, vous combattez les aliens sur le terrain avec une escouade de six soldats maximum, avec quatre spécialités : commando, grenadier, sniper et sapeur. S'il survivent à leurs rencontres du troisième type, ils ramènent avec eux du matos à étudier : armes, alliages, corps de bestioles bizarres ou, si vous êtes doué, un spécimen vivant. Ce faisant, vos hommes gagnent des promotions et donc des compétences. Bien au chaud dans votre base souterraine, vous ferez alors des recherches variées : analyses, rétro-ingénierie, interrogatoires. Des avancées technologiques gigantesques se feront en l'espace de quelques jours et vous pourrez passer à la production de nouvelles armes, armures et équipements.

Do Not Panic

Pour cela il faut de l'argent bien entendu, et donc il est nécessaire, contre un budget mensuel, de défendre chaque pays intéressé par le projet grâce à une couverture satellite qui permet de repérer les OVNIs et de les abattre. Parfois plusieurs nations feront appel à vous pour des cas d'enlèvement, et vous seul déciderez où agir. Attention : les endroits que vous négligez vont commencer à paniquer. Au pire, le pays peut quitter le projet, ce qui vous fait moins de thunes par mois, sans compter un pas en avant vers la fin du monde. Ce qui est rigolo, c'est qu'un gros échec peut avoir de lourdes conséquences, mais il est souvent possible de remonter la pente.

Commandant LaLose

Ainsi, j'ai perdu ma grosse escouade de vétérans lors d'une des premières missions scénarisées : l'attaque de la base terrestre alien. Je n'étais définitivement pas prêt côté technologie en protection. Et puis mon fils a fait n'importe quoi avec le PC pendant que j'étais aux toilettes et... Non, bon, j'y suis allé comme un bourrin, et je me suis fait bourriner en retour. Bref, échec, six morts, et une nouvelle équipe de n00bs pour effectuer des missions devenues déjà très difficiles. A commencé alors une longue série de massacres, pendant que les membres du conseil paniquaient. Mais tout doucement, même si les pertes se montraient grandes, mes connaissances et mon matos se sont améliorés, et la situation s'est stabilisée dans les contrées qui m'offraient encore leur
confiance. J'ai fini le jeu en étant tout de même à un point de la fin du monde, hein.

Une invasion n'est pas un pique-nique

La morale de l'histoire, c'est qu'il ne faut pas perdre espoir. Petits tips : les missions du conseil s'avèrent toujours assez faciles, même dans une partie avancée : c'est un bon moment pour faire prendre du galon à vos noobs. En revanche, les missions de protection de civils s'avèrent les plus dangereuses. Bref, la difficulté d'XCOM se montre très capricieuse : certains aspects sont trop faciles, d'autres très durs (pour un niveau « normal »). J'ai tout de même gagné ma première partie, non ? Même si cela fait peur, je conseille de choisir le niveau au dessus de "normal" au final. Et, bien entendu, il FAUT jouer en mode Homme de Fer : une seule sauvegarde automatique, impossible de revenir en arrière. Le stress et la tension liés aux pertes font partie intégrante du fun de ce genre de titre. Au pire vous pouvez tricher et tuer l'application ou éteindre la console en cas de coup dur. En tout cas ça marche sur PC, on revient une étape ou deux dans le combat. Pas que je l'ai fait pour sauver ma peau, mais j'ai pu le vérifier lors d'un crash du jeu.

Le non-comique de répétition

Oui c'est rare, mais ça arrive que XCOM : Enemy Unknown plante grave. Mais la plupart du temps, vous aurez surtout affaire à une myriade de petits bugs frustrants. Le pire est un blocage intempestif de l'interface qui oblige à faire un peu n'importe quoi avec son soldat pour le débloquer. Ce qui, sur le terrain, peut s'avérer mortel. Sinon, vous aurez affaire à un tas de défauts visuels ou d'interface, et à une caméra espiègle qui donnent l'impression d'un jeu fini à la truelle. Ce qui est probablement le cas. Surmontable, mais quelques patchs seront les bienvenus. Puisqu'on parle de la forme, notons aussi que la VF est correcte sans plus, tout comme la direction artistique très classique... Le tout devenant encore plus lourdingue avec le manque de variété (dans les répliques, les décors, etc.) Heureusement que ce qui nous intéresse avant tout, ce sont les combats !

Pas à pas

On a beau passer du temps à organiser sa base et à surveiller la terre dans l'attente d'un contact ennemi, une bonne partie du jeu se déroule sur le terrain quand l'escouade débarque de l'avion et que tout le monde peut crever au bout de quelques pas. Chaque soldat peut se déplacer, tirer, ou se déplacer et agir. Les options comme l'attaque, l'utilisation d'objet (grenade, medikit...), le rechargement de l'arme (pas de munitions limitées, heureusement) ou encore le mode vigilance ou défense mettent fin à l'action du perso. Quand tous les soldats ont épuisé leurs possibilités, on passe au tour des extraterrestres. La prudence est de rigueur ! Il faut avancer lentement : placer des vigies, rester toujours à couvert, se disperser pour éviter les grenades et augmenter les chances de prendre l'ennemi à revers, ne pas laisser un homme trop isolé non plus, etc. En tant que seconde classe, certaines spécialités peuvent être très ingrates, comme le sniper. Mais avec un peu de galon, tout s'améliore !

Y'a pas le feu au lac !

L'IA quant à elle, ne vous fera aucun cadeau, si ce n'est des grenades même pas emballées : la moindre erreur sera exploitée pour vous buter. Il existe forcément une part de chance, dans les pourcentages de toucher. Et quand votre soldat rate sa cible alors qu'il avait plus de 80% à son tir ultra-important, il y a de quoi (╯°□°)╯︵ ┻━┻) . Mais au final, les plus gros désastres seront le fruit de votre propre impatience ou manque de jugement. N'oubliez pas que vous avez tout le temps du monde ! Sauf pour un type de mission ou deux, ne rushez JAMAIS et utilisez toutes les compétences de vos persos. Débusquer une cible bien planquée quand le reste de l'équipe est en vigilance, c'est fun. Le tir de suppression, c'est la vie. Non, plus près ne veut pas dire plus précis, ça dépend de l'arme. J'en passe et d'autres astuces que vous apprendrez tout seul. Évidemment, c'est un peu fastidieux parfois de faire avancer sa troupe quasiment case par case. C'est pourquoi je parie que vous craquerez de temps en temps et que vous prendrez des risques (mortels). Cela dit, tenter des coups d'éclat désespérés et les réussir contribue aussi à la jouissance tactique de ce titre.

In situ, de visu

Il faut tout de même s'habituer à certains éléments de gameplay. Notamment la gestion des lignes de vue, qui prennent peu en compte le décor. Tout le terrain doit être perçu en terme de couverture : demi, ou pleine, le reste n'est qu'accessoire. C'est pourquoi il n'est pas rare de voir un tir toucher sa cible à travers un mur. Il ne s'agit pas d'un gestion avancée de la pénétration des matériaux, c'est juste que le calcul rend cela possible et que les devs de Firaxis ne vont pas s'amuser à créer toutes les animations pour expliquer visuellement ce qui se passe. C'est tout à fait compréhensible. Sauf qu'on se plante parfois dans le placement des unités par rapport à l'ennemi, à cause d'une confusion dans les lignes de vue. Un coup à prendre...

Rahhh ma dose

Difficile donc de ne pas être séduit par XCOM : Enemy Unknown, mais pour la vie en couple il va falloir pimenter les choses. Le gameplay est complexe, mais pas encore tout à fait assez. Et on veut plus de variété : plus de décors, plus de lieux, plus de types de missions (on tourne un peu en rond de ce côté là), plus d'ennemis différents, plus de recherche, de technologie, plus de tout ! En l'état, pour les acharnés, Firaxis fournit une bonne fournée de stats à comparer aux stats mondiales, histoire de rejouer en optimisant votre parcours. Mais je trouve personnellement qu'une grosse partie du plaisir vient de la découverte du gameplay, et je ne me sens pas spécialement prêt à relancer XCOM aussi sec. Quant au multi, je n'y avais touché qu'en preview. Il s'agit de simples matchs entre joueurs rajoutant une peu durée de vie, mais je doute que ça aille plus loin que ça.

En l'état XCOM : Enemy Unknown me fait penser un peu à un Assassin's Creed ou un Borderlands, c'est-à-dire un très bon essai qui ne demande qu'à être transformé, avec plus de moyens. Donc go acheter Enemy Unknown. Donnez vos sous à 2K et Firaxis, qui ont tout de même fait là un beau pari. Montrez-leur que vous voulez une suite deux fois plus complexe et intéressante ! Tout est là, il suffit juste d'épaissir ! XCOM revit, qu'il ne retombe jamais dans l'oubli.

* Ahuri : "frappé de stupeur, surpris au point d'en avoir l'air idiot."