Dans la vie, rien n'est jamais acquis. Alors dans la mort, je ne vous raconte pas. Lee a été confronté à toutes sortes de situations dramatiques depuis que les morts-vivants ont commencé leur invasion des Etats-Unis. Il a pris toutes sortes de décisions qui l'ont amené, avec une petite fille dénommée Clémentine, à trouver un semblant de paix dans un motel aménagé en forteresse. Pourtant, rien n'est sûr. La survie devient compliquée. Elle demande des choix de plus en plus horribles. Le groupe dont il fait partie, qui fond comme neige au soleil, est au bord de l'explosion. Suspicion, agressions de pillards, rationnement... Comme si se préserver de ces foutus zombies ne suffisait pas. Et l'hiver qui approche. Peut-être faut-il songer à trouver un nouveau lieu de vie ? Restaurer la confiance en dévoilant le passé trouble du héros à ses compagnons d'infortune ? Pas le temps d'y réfléchir qu'il faut déjà, de toute façon, mettre les voiles.

Le choc de potos

Alors qu'on imagine que le groupe va se souder pour rester fort face à l'adversité, un événement va tout remettre en cause. Fulgurant, inattendu, choquant. Une déflagration telle que votre mâchoire en restera bloquée. Que s'est-il passé ? Comment a -t-on pu en arriver là ? Pas le temps de tergiverser. On teste votre sang-froid, votre humanité, votre indulgence, votre compréhension. Toujours dans l'urgence d'un système de dialogue en temps limité qui ne fait qu'ajouter au stress ambiant. Y a-t-il seulement une bonne réponse, une réaction "normale" à ce qui vient de se produire sous vos yeux ébahis ? Certainement pas. Il n'y a plus de coeur, plus de raison. Juste un "WHAT THE FUCK ?!" tonitruant qui désire sortir de votre poitrine. Noir, c'est noir. Lee est au fond du trou. La suite ne va pas l'épargner davantage. Les drames s'enchaînent, toujours plus assommants, vous vous dites que les personnages avec lesquels vous aviez tissé quelques liens affectifs semblent voués, inévitablement, à disparaître. Dans la mort, la non-mort ou la folie. Mais il y a Clem'. Incroyable que cette adorable fillette en cel-shading parvienne, à ce point, avec son petit air triste, à nous prendre aux tripes. On a envie de la protéger. Mais comment s'y prendre ? Continuer à l'infantiliser ? Pas dans ce monde. Chaque discussion avec elle vous torture intérieurement. Des larmes peuvent monter. Telltale réussit, grâce à des dialogues justes, des protagonistes expressifs et magistralement interprétés, là où beaucoup ont échoué. En quelques instants, ils créent une empathie. Y compris avec de nouvelles têtes rencontrées quelques minutes auparavant. En gardant à l'esprit que, elles aussi, perdront probablement la vie de façon injuste.

L'expérience s'étoffe

Un coup apaisé, l'autre éberlué ou enragé, le joueur connaît une expérience ludique un poil mieux rythmée et variée. Il n'y a toujours pas de puzzles tarabiscotés pour progresser sur la route qui mène au prochain épisode. On se contente de marcher en quête des bons objets, en balayant l'écran, avec l'idée de réfléchir au bon endroit où les placer. Mais on trouve davantage d'action. Une phase de tir au fusil tout simplement capitale qui demande un peu de précision, des explications musclées à base de button-mashing, un sauvetage dans l'urgence où il n'est pas question de se montrer maladroit... Le stick droit et les boutons servant pour les QTE vont chauffer plus qu'auparavant. Comme vos nerfs. On pourra taxer la série de minimalist, sans réel challenge. En attendant, cherchons une production qui propose un tel équilibre, qui répond réellement à nos choix et nous implique à ce point dans le déroulé de son histoire et l'évolution de ses protagonistes, cela sans fausse note. Et qui soit aussi mature dans son approche. Il n'y en a pas des masses. Alors que The Walking Dead n'a même pas fini son cycle de cinq épisodes, il a déjà démontré plus que certaines superproductions...

Ce qu'est en train de réaliser Telltale est simplement phénoménal. On attendait de ce troisième volet qu'il égale son prédécesseur. Il le surpasse. Tant en termes de jeu, avec des situations plus variées, qu'en terme de développement scénaristique, avec une histoire toujours plus prenante, surprenante et mature à souhait. Difficile de ne pas entrevoir dans l'oeuvre globale, si la qualité continue d'être au rendez-vous, un des plus grands jeux de cette année. En ce qui me concerne, je dirais qu'il s'agit de mon jeu de l'année à 60%. Et je doute que les 40% qu'il reste à découvrir soient décevants.