New York. Les clochards de la ville disparaissent les uns après les autres, et sont retrouvés brûlés vifs, avec en guise de signature criminelle une sorte de cicatrice ressemblant à la lettre "Y" formée dans la paume de la main... Si la police n'établit visiblement aucun lien entre ces morts mystérieuses, des associations, et surtout une en particulier, se penche sur le cas de ces pauvres malheureux. Ainsi, d'entrée de jeu, nous allons pouvoir incarner deux personnages à tour de rôle. L'un se nomme Henry White, fils de milliardaire investit dans l'association Les Enfants de Don Quichotte, ainsi que son compère Cooper.

Prologue

Cette association reconnue pour protéger les sans-abris, va alors enquêter, par le biais de ces deux compères, au sein d'une communauté pour le moins étrange, située dans les bas fonds de la ville, quelque part sur une voie de chemin de fer abandonnée... L'histoire débute donc ainsi, avec un prologue qui campe clairement l'ambiance du jeu. Mais ceci n'est que le point de départ de l'histoire, car peu de temps après ce que l'on peut aisément qualifier de "prologue", c'est dans la peau de John Yesterday que l'histoire continuera...

Yesterday

John Yesterday est un personnage énigmatique dont nous ne savons rien au moment de l'incarner. Tout juste apprend-on qu'il a perdu la mémoire dans des circonstances pour le moins étranges. A l'aide de flashbacks et d'une narration réellement prenante et bien ciselée, nous démêlerons petit à petit cet incroyable écheveau. Alors bien entendu, on pourra reprocher, sans doute à juste titre, de venir à bout trop rapidement de cette aventure. Quatre à six heures seront en effet nécessaires pour le terminer, selon que vous utiliserez copieusement ou non, les aides à disposition comme l'affichage des zones cliquables, déjà vu dans les jeux précédents du studio espagnol, mais en plus augmenté cette fois-ci d'une sorte de jauge d'aides (sous forme d'une ampoule) qui s'use si on l'utilise trop fréquemment. Elle nous donne des indices quand on fait appelle à elle, et se remplit de nouveau si vous êtes parvenus à avancer par vous-même dans la foulée. Pratique et intelligent.

No Future

Mais l'histoire de Yesterday se met vite en place et dévoile rapidement son intrigue. Presque trop parfois. De sorte que le grief que l'on faisait à The Next BIG Thing (le survol des personnages), peut également être fait ici. Dommage. Ne vous méprenez pas pour autant, car le scénario est suffisamment bien ficelé, avec des dialogues caustiques à souhait, pour que l'on prenne plaisir à avancer et à découvrir ce qui se trame derrière tout cela. D'ailleurs, plus on avance au gré des dialogues, des énigmes (trop peu nombreuses également pour un fan de point and click qui se respecte), et plus le plaisir grandit avec lui et l'envie de découvrir la suite se fait sentir. Alors, forcément on le finit d'une traite, même s'il es très tentant de faire durer le suspense plus longtemps, pour ne pas trop le "gâcher".

Artistiquement vôtre

Le tout est évidemment appuyé par des graphismes de grande qualité (j'ai eu un peu peur au début de l'aventure), qui s'améliorent même au fil des tableaux. La patte Pendulo est totalement respectée. On voyage pas mal et on s'extasie presque devant tant de finesse et ces nombreux décors variés. L'interface en elle-même a été grandement simplifiée, et j'avoue avoir trouvé cela un peu étrange au départ. Pas facile de changer radicalement de système, même si la barre d'icône d'objets située tout en bas et l'interaction entre ceux-ci ne changent guère. En revanche, le déplacement de vos personnages est optimisé au maximum : ces derniers bénéficient en effet d'un fondu du plus bel effet sans "double-clic préalable. On appréciera le gain de temps, tout en évitant ainsi la crise de nerfs en cas d'aller-retour intempestifs. En revanche, côté son ce n'est pas le même tableau idyllique... Si les musiques sont réellement de grande qualité, collant parfaitement à l'ambiance étrange du jeu, tous les dialogues sont en anglais (et de qualité) et uniquement en anglais. Certes, des sous-titres en français sont présents, mais on aurait aimé avoir le choix par exemple.

On joue à Yesterday d'une seule traite. C'est un fait. Non seulement parce qu'il est malheureusement un peu court, mais aussi et surtout parce que son scénario est captivant du début à la fin. Pendulo a bel et bien rempli son contrat, même si on aurait aimé avoir des dialogues français et plus d'énigmes tordues qui vous scotchent à l'écran. Néanmoins, vu le prix du titre qui vient de sortir, je le conseille volontiers à tous les amoureux du point and click. Faut-il rappeler qu'il y en a encore trop peu ces derniers temps ?