Difficile de voir débarquer cette énième version du classique du jeu d'action de Tecmo sans avoir une pensée pour Tomonobu Itagaki. L'homme aux lunettes noires et concepteur en chef de Ninja Gaiden n'hésite plus à balancer aujourd'hui les méthodes cracra de son ex-éditeur.

Une bonne poignée d'années plus tard, son jeu phare, Ninja Gaiden, nous revient donc dans une version Sigma Plus reprenant le remake sorti sur PS3 qui permettait de jouer Rachel, le personnage secondaire, dit "la fille". Sinon, c'est le même ninja, les mêmes couloirs, les mêmes dangers. Le même jeu mais à quelques détails près : le sang et le gore ont encore été allégés, comme si le rapport entre la violence des jeux vidéo et la délinquance était avéré (ce qui n'est bien entendu pas le cas). Le framerate et les caméras sont un peu à l'avenant, la difficulté légèrement ratiboisée grâce à un mode supplémentaire pour ceux qui ne sont pas adeptes du "superplay" ni des méthodes d'antijeu nécessaires pour survivre. On sait tous que la Vita peut faire mieux et que ce portage a été fait à toute berzingue pour coller à l'agenda de sorties de la console de Sony. On pourrait ainsi continuer à distribuer les bons et les mauvais points de cette version au risque de nous détourner de la question essentielle que pose cette réédition... quel est le public visé par ce shuriken qui reste un classique de la décennie précédente ? Aujourd'hui, Ninja Gaiden version Sigma Plus se joue un peu comme Megaman 9, un îlot "old school" où seuls les naufragés les plus courageux oseront se frotter à la nature hostile. Dans la douleur qu'infligeront à la longue les petits sticks de la Vita, à force de se faire découper comme dans un Chanbara qui ferait passer Shinobi pour une balade au parc. Mais pourquoi s'y replonger sur Vita alors que la version PS3 doit se trouver dans les bacs d'occasion pour une poignée d'euros ? Quelle que soit la version, il est peu probable qu'Itagaki touche la moindre royaltie dessus.