Car pour que les choses soient claires d'entrée de jeu, Gotham City Imposteurs s'adresse en priorité à ces derniers, même si les amateurs de joutes en multi pourront aussi y trouver leur compte. Pour résumer assez simplement les enjeux du titre, Gotham City Imposteurs est donc un FPS exclusivement multijoueurs, commandé au studio Monolith (des cadors du genre, avec quelques titres de gloire à leur actif), et sur lequel est apposée une skin Batman. Vous incarnerez les Bats ou les Jokerz, des simili-justiciers biberonnés aux comics (et par extension les joueurs), qui régleront leurs comptes au travers des rues malfamées d'un Gotham City de pacotille.

Nananananana, Baaatmaaaaaaaan !

De fait, les fans seront ravis de retrouver les éléments constitutifs de l'univers Batman via quelques gadgets fort pratiques, une violence surjouée et la bouffonnerie de l'ensemble, qui résonnent comme autant de renvois à la mythologie du vengeur masqué. Un sympathique travail d'adaptation à l'agréable habillage vintage, pas aussi poussé que dans le cadre d'un Batman : Arkham City bien évidemment, mais qui a le mérite de poser une base claire et saine pour un défouloir tout en nuances picturales et iconiques. L'interface, très générique, vous laisse le choix entre le sempiternel mode Deathmatch en équipe, la Fumigation, qui n'est rien d'autre qu'un mode Conquête déguisé, et le mode Guerre psychologique, qui propose une « capture de drapeau » (ici remplacé par une batterie) classique. Vous choisissez ensuite parmi cinq profils type pré-établis pour une partie rapide sur le pouce, mais vous avez aussi la possibilité de vous créer un profil personnalisé, afin de gérer tous les paramètres de votre personnage.

Lego Batman

A commencer par sa morphologie - ce qui aura une (faible) incidence sur votre manière de jouer -, en passant par l'assortiment des armes et des gadgets (un grappin pour s'accrocher partout, une cape qui permet de planer, des rollers pour se mouvoir plus vite etc.), sans oublier quelques compétences passives. Bref, peu de réelles subtilités dans la pratique (moi vois moi tue), même si les déplacements variés confèrent une certaine urgence aux combats. Une fois dans l'arène composée de cinq maps, pas plus pas moins (Ace Chemical, Les Docks, Allée du crime, Amusement Mile, Gotham Power), les habitués du genre prendront le jeu facilement en mains, par l'intermédiaire d'un gameplay aussi basique que bourrin, et surtout étonnamment véloce, ce qui laisse désormais peu de doute sur l'expertise du développeur en la matière. Un choix de sous-traitant assez judicieux de la part de la Warner donc, puisque l'on se retrouve dès lors à accumuler les frags avec un plaisir non feint, les parties ayant le bon goût de s'enchaîner rapidement en nous maintenant dans une sorte d'intensité perpétuelle entrainante et bienvenue.

1 + 1 = 1

Pourtant, Gotham City Imposteurs ne révolutionnera pas le monde des FPS multijoueurs, notamment à cause de ses carences en matière de matchmaking - au fonctionnement parfois capricieux -, puisque l'interface vous balance d'emblée dans une team, sans que vous ne puissiez la choisir. Une alternative au demeurant inutile car les deux équipes antagonistes ne possèdent aucune distinction sur le papier. Un choix de game design paresseux donc, qui aurait certainement demandé davantage de travail, ne serait-ce que pour l'équilibrage des parties et du gameplay, mais qui aurait eu bien plus de sens dans l'idée d'opposer les figures mythiques du Batman et du Joker. En l'état, on se retrouve en face d'un statu-quo totalement justifié à l'aune du titre du jeu (des « Imposteurs », donc pas de réels capacités à même de faire la différence), mais tellement plus banal également. Reste l'obligation de passer par du leveling afin de débloquer des nouvelles compétences et objets, par conséquent communs à tous les joueurs, mais dont la montée en puissance s'étiolera assez rapidement. Une manière comme une autre de justifier alors un petit tour sur le « Marché Noir » pour les plus impatients, qui troqueront des espèces sonnantes et trébuchantes contre quelques facilités de gameplay (comme les bonus temporaires d'expérience par exemple). Pour un jeu qui coute déjà la bagatelle de 1200 Microsoft Points, soit l'équivalent de 15 Euros sur le SEN, ça la fout légèrement mal, vous en conviendrez.

Bref, si on exepte le marchandage virtuel qui consiste à échanger des points d'XP et des facilités de gameplay contre de l'argent, bien réel lui, Gotham City Imposteurs préserve néanmoins l'essentiel à travers des joutes endiablées, qui s'enchainent sans discontinuer. A condition d'apprécier le genre et Batman, bien sûr.