Jackie Estacado est devenu le parrain d'un groupe mafieux et ses pouvoirs ont fait de lui un être craint et haï. En effet, il est le détenteur d'un Darkness, une entité maléfique violente octroyant des pouvoirs démoniaques à son porteur, qui se nourrit du malheur de l'humanité et de violence. Difficile à contrôler, elle se manifeste par le biais d'une voix dans la tête de Jackie qui tente de lui dicter sa volonté et qui le transforme en fléau armé de deux monstrueuses tentacules, offrant ainsi un gameplay à "quatre bras" dans ce FPS à l'ambiance infernale.

Un sombre destin

La force de The Darkness II réside en deux éléments puissants. Des graphismes cel shading rappelant furieusement le comics pour un rendu particulièrement convaincant, qui rappelle celui de XIII et un scénario parfaitement mis en scène qui réussit à immerger le joueur dans un monde noir et violent. Pour résumer, on devient littéralement Jackie Estacado. On goûte à la fois à sa vie quotidienne mais aussi à ses doutes, ses peurs, ses souffrances et son appétit pour la violence. Tentant de contrôler le Darkness, il est malheureusement (ou heureusement pour nous) contraint de faire appel à ses pouvoirs pour survivre à une attaque de gang visant à déstabiliser son règne mafieux. Débute alors une fuite en avant pour savoir qui lui en veut, ou plus précisément qui tente de lui voler le Darkness. Sans rentrer dans les détails, sachez que l'histoire nous a porté du début à la fin, par le biais de très bonnes astuces narratives et d'une mise en scène étonnement immersive. Bravo aux développeurs, qui proposent vraiment un jeu au cachet unique que les amoureux de la bande dessinée ne pourront qu'embrasser.

Quatre bras, plein de chocolat

On suit donc un scénario bien amené avec des petits à-côtés permettant de discuter avec les personnages clefs de la série ou de découvrir le monde de Jackie. Un régal qui va de paire avec le gameplay proposé. Jackie utilise des armes à feu, un arsenal développé allant de l'Uzi au fusil à pompe en passant par le Magnum ou le simple pistolet. Mais lors des combats, ses deux tentacules du Darkness s'en mêlent et ajoutent de nouvelles options. Capables de prendre certains éléments des décors pour les projeter, ou s'en servir comme bouclier, de fouetter ses adversaires avec violence, ces armes de corps à corps enrichissent le gameplay et proposent donc de nouvelles options de jeu. On alterne entre des échanges de tirs musclés et des corps à corps à la fois gores et dynamiques. Une jouabilité unique qui oblige à une constante attention tant il y a de possibilités à utiliser, mais qui fonctionne parfaitement dans l'action. Mais attention : Jackie n'est pas surpuissant.

Pouvoirs du côté obscur

En massacrant ses adversaires et en se nourrissant de leurs coeurs, Jackie gagne des points d'expérience à répartir dans des arbres de talents. L'un augmente les pouvoirs du Darkness, l'autre la performance des armes, le troisième ajoute des pouvoirs démoniaques à l'arsenal. Une manière de se spécialiser pour avoir encore plus d'options en combat. Mais comme je vous le disais, le Darkness rend son porteur pratiquement invincible mais uniquement dans l'obscurité. En effet, la moindre lumière fait disparaitre la manifestation physique du Darkness, ramenant Jackie à l'état d'humain ordinaire. On passe donc constamment son temps à détruire les sources lumineuses, à abattre les ennemis (qui savent à qui ils ont affaire) qui portent des projecteurs ou lancent des grenades de lumière pour maîtriser Jackie. Au fur et à mesure, les adversaires gagnent d'ailleurs en vitesse, en puissance mais aussi en nombre et l'aventure devient de plus en plus difficile. Mais on comprend rapidement que l'I.A est limitée et que la violence des combats, malgré la jouissance qu'elle apporte, cache une faiblesse de taille : c'est le nombre d'ennemis qui fait la différence et pas leur comportement. Alors on cède naturellement au bourrinage et même si celui-ci est plaisant (découper un ennemi avec les tentacules alors que l'on en dézingue d'autres à distance avec de grosses pétoires est un régal), il faut avouer que la fin de l'aventure ressemble plus a un mode survie qu'à des séquences épiques requérant finesse de jeu et intelligence. The Darkness II n'en demeure pas pour autant savoureux mais il est évident que c'est l'ambiance et la violence qui fait la différence, pas forcément ses subtilités.

Jackie est-il un bon coup ?

Vous l'aurez compris, la campagne principale est un régal, même s'il elle s'essouffle un peu sur la fin. C'est d'autant plus dommage qu'elle se révèle assez courte (environ 6 heures de jeu) malgré son intensité. Reste alors un mode Vendetta permettant d'incarner quatre autres personnages profitant aussi de versions minimalistes des pouvoirs du Darkness. Si l'idée est louable, d'autant que l'on peut y jouer en solo ou en groupe sur la toile, la sauce prend nettement moins car le scénario fait ici défaut. Le plaisir dans The Darkness consiste à être Jackie Estacado et à profiter du scénario du solo, les autres personnages jouables en ligne n'ayant pas réellement de raison d'être. Ce qui prouve que le titre de Digital Extremes est bien un FPS d'ambiance et pas autre chose.

L'aventure principale nous a transporté dans la forme comme sur le fond et la jouabilité jouissive de ce FPS prend aux tripes. Dommage néanmoins que le solo s'essouffle sur la fin et qu'il soit finalement assez court, comme limité en matière de finesse et de subtilité du gameplay (notamment à cause de l'IA). D'autant que les modes de jeu à plusieurs ou en ligne sont sympathiques, sans jamais égaler le plaisir ressenti durant l'histoire de Jackie. Alors si vous êtes fan du comics The Darkness, vous ne pourrez qu'être satisfait du travail d'orfèvre réalisé par les développeurs pour respecter l'univers, l'ambiance et la mise en scène de la bande dessinée, mais si vous cherchez un FPS fin et exigeant, vous aurez du mal à adhérer au titre.