Desmond Miles, un nom qui sonne comme une énigme pour les fans de la saga. Ce héros contemporain est aux prises avec des révélations qui dépassent l'entendement. Grâce à une machine à remonter le temps via l'ADN de ses sujets (l'Animus), Desmond aura vécu la vie de certains de ses ancêtres, dont celle d'Altair à Jérusalem à la fin du XII ème siècle, jusqu'à celle d'Ezio à Rome à la fin du XV ème et enfin à Constantinople au début du XVI ème. Mais à présent, comment l'esprit de Desmond arrive-t-il à distinguer le passé du présent ? De plus, sa quête pour retrouver des artefacts cachés lui aura aussi permis d'apprendre des secrets insoupçonnables pré-datant l'avènement des humains, le tout au beau milieu d'une guerre entre les Templiers, apparemment avides de pouvoir, et les Assassins, qui se veulent protecteurs de l'humanité. Autant de révélations incroyables qui auront fracturé son esprit au point de le perdre dans les méandres de l'Animus. Le seul moyen de s'en sortir consiste donc à compléter les séquences de mémoires manquantes relatives aux existences de ses ancêtres. Desmond doit ainsi conclure la vie d'Ezio et replonger dans ses souvenirs génétiques une nouvelle fois...

Voyage, voyage...

Ubisoft utilise cette astuce narrative afin de compléter la trilogie d'Ezio, l'ancêtre de Desmond, dans Revelations. Après l'étonnante fin de Brotherhood (tant pour Ezio que pour Desmond), Ezio a enfin pris sa revanche sur la famille Borgia et part à la recherche des secrets d'Altair, jusqu'à la forteresse de Massyaf, lieu majeur du premier Assassin's Creed. Mais pour pénétrer dans la bibliothèque cachée de son aïeul, le bellâtre italien doit trouver 5 clés cachées par un certain Nicollo Polo à Constantinople, capitale de l'empire Ottoman. C'est donc un tout autre univers qui s'ouvre au joueur. L'occasion d'explorer une cité riche en détails variés et pleine de vie, le tout dans un registre de couleurs nettement plus subtil. Constantinople n'a rien à voir avec Rome et découvrir ce lieu enchanteur avec ses souks, son port et ses quartiers se révèle absolument délicieux. Côté réalisation, ACR fait dans le réalisme avec des textures souvent détaillées et un rendu au plus proche de la réalité par le moyen de jeux d'ombres et de lumières. A tel point d'ailleurs que certains lieux pourront paraitre austères en intérieur mais dès que la lumière y pénètre, le contraste est saisissant et donne lieu à de superbes couchers de soleil sur la ville pour des moments à en rester bouche bée. Au passage, soulignons le rendu un poil meilleur sur Xbox 360 que sur PS3, sans doute à cause d'un aliasing prononcé sur la console de Sony...

Etoffons le gameplay

Si la recette et la jouabilité globale d'Assassin's Creed Brotherhood se retrouvent évidemment dans Revelations, saluons l'effort d'Ubisoft pour proposer pas mal de nouveautés dans la jouabilité. L'apparition du crochet permet de grimper toujours plus haut, de se rattraper de justesse aux rebords entre deux toits trop éloignés, de se déplacer en tyrolienne, et de bénéficier de nouveaux mouvements en combat d'une violence inouïe (passage dans le dos, contres inédits). Un ajout pas si anecdotique qui vient améliorer l'exploration et le plaisir général.

De même, si la destruction des tours des Borgia dans Brotherhood permettait de gagner les quartiers de Rome, abattre les chefs locaux des Templiers dans les faubourgs d'Istanbul étend la domination des assassins en leur apportant des quartiers généraux dans chaque zone de la ville. Mais attention, chaque action suspecte effectuée avec Ezio dans les missions augmente la vigilance et l'agressivité des Templiers, au point que ces derniers iront jusqu'à assaillir les QG des assassins pour en reprendre le contrôle. A Ezio d'endosser le rôle de général et de les défendre dans un jeu de tower defense assez poussé. En fonction des types de troupes adverses, placez différents assassins sur les toits du QG pour faire le ménage. Chaque Templier abattu augmente vos points de moral à dépenser pour appeler à l'aide d'autres assassins et renforcer vos défenses entre les vagues d'attaquants. Sans rentrer dans les subtilités, ce mini-jeu récurrent est une réussite qui plaira aux fins tacticiens qui aiment l'action, mais il pose deux problèmes. Le premier, il est finalement plus facile de reprendre un quartier avec Ezio que de le défendre dans le tower defense. De là à laisser les Templiers gagner du terrain pour éviter des affrontements parfois ardus en tower defense et jouer la carte de l'action et de l'infiltration avec Ezio ensuite, il n'y a qu'un pas... Autre point noir, pour avoir joué sur PS3 et Xbox 360, la console de Microsoft (toute neuve, qui faisait tourner un jeu final) a buggé plusieurs fois pendant ces phases (jamais sur PS3), au point de rebooter la console assez souvent. Après enquête, il semble que je sois le seul à qui cela soit arrivé mais je préfère le préciser, tant la frustration fût grande. Heureusement, les freezes n'ont pas eu raison de mon aventure (et donc de mon test) même si j'ai du appuyer trop souvent sur reset pour un jeu de cette envergure...

Action, infiltration, gestion

Indéniablement, Ezio est devenu tout aussi talentueux qu'Altair, voire meilleur. Outre une aisance encore plus prononcée que sur Brotherhood dans les combats, lors de l'exploration sur les toits ou dans l'utilisation de ses armes, le vieil homme est devenu un mentor. Désormais capable de confectionner des bombes aux multiples effets (tuer, détourner l'attention, immobiliser, empoisonner, ralentir, attirer la foule et j'en passe), Auditore prend aussi sous son aile des disciples qu'il protégera et formera au travers de missions annexes. Le but étant au final de placer ses élèves à la tête des quartiers de Constantinople afin qu'ils défendent eux-mêmes ces zones contre les assauts des Templiers. Encore une fois, Ezio doit aussi gérer ces assassins pour les envoyer autour de la Méditerranée au travers de missions spéciales afin d'augmenter ses revenus et étendre l'influence des assassins. Bien les former assure aussi à Ezio une garde rapprochée extrêmement efficace durant ses missions, uniquement si ses élèves ne sont pas indisponibles à cause de leurs missions européennes, come c'était le cas dans le précédent épisode (le fameux "Brotherhood Assistance Move"). Terminons avec les missions dans lesquelles on rejoue Altaïr, l'ancêtre d'Ezio. Même si elles sont parfois brèves, le seul fait de revoir le premier héros de la saga ou son mentor, Al Mualim, aura suffit pour que mon coeur batte la chamade. Preuve que l'intégration de ces missions spéciales est une réussite mais je ne vous en dirai pas un mot de plus pour ne pas spoiler ! Revelations propose donc un très bon équilibre entre action, exploration et gestion (sur différents aspects), le tout en nous en apprenant pas mal sur chaque protagoniste (Ezio, Altair et Desmond), ce qui assure une aventure non linéaire encore meilleure que celle de Brotherhood. Pour résumer en quelques mots, si vous avez aimé Brotherhood, Revelations ne pourra pas vous décevoir !

Des bugs dans l'Animus

Compte tenu de l'envergure du jeu (Constantinople est tout aussi étendue que Rome), et des habitudes de la saga, Revelations a lui aussi son lot de problèmes parfois gênants. Outre les freezes pendant certains tower defense, avouons que les réactions de certains PNJ, tant dans le quotidien pour les passants que dans les réactions de certains gardes (soit ils sont aveugles soit ils vous détectent de suite... on ne sait plus à quoi s'attendre) ou de vos assassins qui déboulent avec la discrétion d'un pachyderme lorsque vous les appelez, ont de quoi casser le trip. Je ne dis pas que je ne suis pas rentré dans l'aventure ou que cela m'a gâché le plaisir, loin de là même, mais lorsque je vois des assassins tuer un agent infiltré dans un banquet en plein milieu des invités manifestement incapables de broncher (je veux bien que l'acool coule à flot mais bon...), je ne peux m'empêcher de sourire. Lorsque certains scripts mettent plus de trente secondes à se déclencher ou que l'on assiste, déconfit, à certains bugs récurrents (sauts de textures, corps des personnages dans le sol, etc.), on perd en immersion. Il faut passer outre et compte tenu de l'ambition du titre et de la rareté de ce genre de problèmes, il n'y a pas de quoi s'indigner, mais quand même, il serait temps de résoudre ce genre de détails.

Les limites de l'Animus ?

Malgré certains soucis, Assassin's Creed : Revelations ne déçoit pas pour autant et fait même honneur à la saga. Plus étoffé, plus profond, plus joli, plus surprenant dans son scénario, complet et bien équilibré entre action, aventure, découverte et gestion, le titre d'Ubisoft est une conclusion parfaite à la trilogie d'Ezio. Néanmoins, une chose est sûre : si on est enclin à passer sur certains problèmes, on commence à avoir sérieusement l'impression de faire la même chose que dans les épisodes précédents, et ceci malgré les améliorations dans le gameplay. Serait-il temps de changer la formule ? L'évolution entre AC et ACII était absolument énorme, pour ne pas dire révolutionnaire, alors espérons qu'Ubisoft saura franchir le cap et proposer une architecture innovante avec l'aventure de son Assassin's Creed III ; car de mon point de vue, il est temps de réinventer le solo, quelles que soient ses qualités d'immersion.

Abstergo avance de son côté

Non, je n'en ai pas encore terminé avec ce test. Car Si ACR était avant tout une aventure solo jusqu'à Brotherhood, ce volet a su introduire l'un des tous meilleurs jeux en multijoueurs auxquels j'ai eu l'occasion de jouer sur console. Basé sur le jeu du chat et de la souris, votre but est de trouver vos cibles dans la foule pour les abattre le plus discrètement possible et récolter le plus de points, tout en étant vous-même pourchassé. C'est donc toujours la "qualité" de votre assassinat qui compte et non pas le nombre de victimes ! On vous l'a déjà dit dans nos impressions, la partie multijoueurs de Revelations est devenue plus dynamique, tant dans l'ergonomie de ses menus qu'en jeu. Un gros effort d'accessibilité a été fait afin que le joueur n'attende que rarement pour une partie et qu'il ait toujours quelque chose à faire. Customisation d'avatar avant l'entrée dans la partie, changements de sets de capacités pendant une mort, possibilité d'achever une proie au sol si quelqu'un d'autre nous a pris de vitesse pour la terrasser, tentative de contre de notre prédateur afin de diminuer ses points, etc. A cela s'ajoutent un mini-scénario lors de votre évolution (votre expérience augmente votre niveau qui débloque des objets, armes, profils, personnages, etc.) dans le multijoueurs et de nouveaux modes de jeu. La Corruption (un assassin abat les autres joueurs qui deviennent ensuite des prédateurs), le vol d'artefact (tuer un joueur pour prendre son artefact alors que tous les autres le veulent), l'escorte (protéger un dignitaire des autres joueurs) et l'assaut d'artefact (récupérer un artefact dans la zone adverse gardée par l'ennemi pour le rapporter chez vous) se joignent donc à la chasse à l'homme, au death match, à l'assassinat classique ou non (sans radar) et au wanted pour proposer presque une dizaine de modes de jeux différents. Avec la possibilité de customiser son avatar (armes, vêtements, styles, etc.), de gérer ses stats et un netcode apparemment nettement plus performant (nous n'avons pas encore pu le tester en conditions réelles), ce multi devrait être l'expérience d'infiltration en ligne la plus aboutie du moment. Et on ne vous parle pas des graphismes, nettement revus à la hausse !

Si la recette globale est la même que dans Brotherhood avec de belles nouveautés, cet opus Assassin's Creed est incontournable pour les fans. En effet, difficile de le condamner malgré quelques défauts récurrents dans la saga (bugs) et même si on commence à voir les limites du concept. Je me suis vraiment éclaté, tant en suivant le scénario (grâce notamment à une mise en scène un cran au-dessus de celle de Brotherhood) qu'en apprenant les révélations sur Ezio et la meta-histoire (et malgré de belles portes ouvertes pour la suite...), tant en explorant, qu'en gérant mes assassins, ou tant en profitant des nouveautés de gameplay en combat que pendant les missions. ACR tient la majeure partie de ses promesses et les fans lui pardonneront évidemment ses défauts tant le titre est envoûtant et agréable à jouer.