Pour ne rien vous cacher, comme beaucoup de trentenaires qui ont eu la chance de posséder une NES à l'époque, Bionic Commando est un des jeux cultes de mon enfance. De ceux qui ont vraiment compté dans mon parcours de gamer. Ainsi, je dois avouer que ma petite corde nostalgique était particulièrement sensible sur ce coup. La simple annonce de cette suite m'avait déjà ému... c'est dire avec quelle fébrilité j'ai inséré le disque du jeu dans ma console. J'ai d'ailleurs été immédiatement gâté par ce nouvel épisode, dès l'apparition de l'écran-titre, sur lequel j'ai scotché sans bouger, pendant de looongues minutes. Fond bleu vaguement aquatique, logo modernisé et... thème musical du jeu original (celui du premier niveau) réinterprété tout doucement au piano. La classe.

T'appuies sur Start ou quoi ?

Pardonnez-moi ce petit moment de faiblesse, c'était plus fort que moi. Bref, comme je l'évoquais plus haut dans le chapi-chapo, le nouveau Bionic Commando est une véritable suite directe. Le scénario débute quelques années après la fin de l'opus NES, et on incarne à nouveau Nathan "Rad" Spencer. Devenu héros de la nation, ce dernier a vite déchanté en se voyant condamné à mort et jeté en prison après avoir refusé d'aller au bout d'une mission. S'en suivit la "Purge Bionique", période durant laquelle les individus dotés d'implants bioniques ont été jugés dangereux pour la population et rejetés violemment par l'opinion publique et politique. On demande à tout ce petit monde de rendre ses implants pour destruction, certains fuient et un mouvement pro-bionique, Bioreign, commence à faire parler de lui avec des actions terroristes. Le jour de l'exécution de Nathan, une gigantesque explosion atomique ravage Ascension City. Joseph Gibson (ou Super Joe), héros de la version Arcade et camarade sauvé par Nathan dans la version NES, se débrouille alors pour faire sortir Nathan du couloir de la mort et lui proposer de reprendre du service pour aider le gouvernement dans cette crise, en récupérant au passage son bras bionique, bien entendu. Nathan a bien envie de lui péter la tronche et de lui dire d'aller au diable, mais ce bon vieux Joe lui fait miroiter des infos concrètes au sujet d'une femme, qu'il lui montre en photo et qui semble lui être assez chère pour qu'il accepte de rempiler... Le décor est planté.

Une histoire de gros bras

Le joueur est ainsi lâché dans les ruines d'Ascension City. On découvre assez vite la transposition du gameplay 2D de l'époque dans ce vaste univers 3D en se jetant dans le vide, prêt à s'agripper à chaque lampadaire, ligne de monorail ou tout autre élément du décor pour se balancer et se déplacer tel Spider-Man dans ce décor chaotique. Le grappin peut aussi être rembobiné, ce qui permet d'escalader de hautes façades en deux temps, trois mouvements. Après un petit temps d'adaptation, on arrive à utiliser cette mécanique de manière assez naturelle, avec même une certaine jubilation... Mais on n'est pas là que pour se la jouer acrobate : Nathan peut également utiliser différentes armes (flingue, shotgun, lance-grenades, fusil de snipe...) via une désormais classique vue "épaule", comme on en voit aujourd'hui dans tout bon jeu d'action à la troisième personne qui se respecte. Le bras bionique peut également servir à attaquer les ennemis, directement (en les agrippant pour leur sauter dessus à pieds joints ou les ramener vers soi et les tabasser), ou même indirectement (en leur balançant rochers, voitures ou tout autre projectile en pleine poire). En sautant d'assez haut sur un groupe d'ennemis, on peut enfin lâcher un gros coup de bras bionique sur le sol et les mettre KO grâce à l'onde de choc, tandis qu'un système d'adrénaline permettra de temps à autre de lancer une petite attaque spéciale des familles. Bref, les possibilités d'action et d'interaction sont assez vastes et le jeu nous fait mixer tout cela avec un certain talent au fil des différents chapitres de l'aventure.

Je suis le roi du moooonde !

Ce sentiment de surpuissance, autant dans le déplacement que dans la baston, est sans conteste le point fort du jeu. On se sent pousser des ailes, libre... Une liberté qui reste toute relative cependant, car si les niveaux semblent complètement ouverts et étendus à perte de vue, on se rend vite compte que les développeurs ont limité la progression de manière assez énervante. On nous interdit en effet d'aller nous balader à droite et à gauche grâce à une ruse un brin grossière, à savoir des zones radioactives qui nous tuent en 2 secondes chrono si on essaye de s'y aventurer. Le terrain praticable peut ainsi se résumer, parfois, à un bête couloir. D'autant plus lourdingue que certaines zones se traversent très rapidement, et qu'il faut se taper un temps de chargement un peu trop conséquent à chaque passage de l'une à l'autre. Si l'on ajoute un temps d'adaptation assez important avant de se débrouiller correctement avec le grappin... disons que le début de l'aventure manque cruellement de "fluidité".

De plus en plus fort, de plus en plus cool

Malgré tout, on finit par maîtriser de mieux en mieux le bras bionique de Spencer, tandis que les niveaux semblent un peu s'élargir, se diversifier... L'aventure monte carrément crescendo, les capacités qu'on acquiert au fur et à mesure apportent vraiment du fun et de la variété. À tel point qu'on finit par vraiment apprécier la formule, et les différentes situations ma foi fort trippantes qu'elle propose. On passe ainsi de zones de shoot intenses en phases d'exploration, en passant également de temps en temps par des combats de boss, ou encore des situations plus originales. Je me souviens par exemple de ce passage dans un gigantesque hall sur 3 ou 4 niveaux, blindé de snipers... Il faut sans cesse escalader, se balancer rapidement de plateforme en plateforme et aller déloger tous les tireurs un par un. Et avec classe si possible, sinon c'est pas drôle. De plus, si l'on passe en effet toute l'aventure en ville, elle est assez ravagée pour nous permettre de passer dans de véritables crevasses, des grottes, des bâtiments officiels, hangars, immeubles, puis finalement dans les décors naturels du gigantesque parc d'Ascension City. Tout cela de jour, de nuit, sous la pluie... Bref, le jeu - qui a par ailleurs le bon goût de proposer une durée de vie très correcte et un mode multi "sympatoche", qui a au moins le mérite d'être là - ne lasse pas un seul moment. Au contraire : il offre des sensations de plus en plus intéressantes au joueur, qui prendra inévitablement plaisir à gérer les situations avec style et originalité, en usant de toutes les possibilités qui lui sont offertes par le grappin, les armes et autres capacités spéciales du héros. D'autant que pour ne rien gâcher, c'est un petit régal pour les yeux (malgré cet effet de flou qui a tendance à "popper" de temps en temps).

Bref, je dois avouer m'être arraché au début quelques cheveux à cause du grappin, des niveaux assez limités dans la largeur, de l'IA très discutable des adversaires ou encore de ces satanés temps de chargement. Cela dit, non seulement on découvre toutes les qualités du jeu en devenant progressivement un expert du grappin, mais en plus l'aventure est de plus en plus variée et trippante. A tel point que durant chaque pause, tel un gamin, je crevais toujours d'envie d'y retourner. Mon profil de fan de l'opus NES y est-il pour quelque chose ? Pas si sûr... En tout cas on sent bien que les développeurs sont eux même de vrais dingues de l'original. Malgré le nouveau look surprenant de Nathan Spencer, l'ambiance et le scénario de cette suite ont été respectés et pris très au sérieux. Un excellent jeu d'action au final, maîtrisé, bien réalisé et surtout fun et original, grâce à un gameplay mixte et à un bras bionique carrément jouissif !